L’université Lyon 2 est en grève depuis maintenant trois mois. Dans certaines filières, aucun cours n’a eu lieu, ce semestre. L’université est divisée en deux campus : Berges du Rhône (en centre-ville) et Porte des Alpes (en périphérie). Chaque semaine, une assemblée générale a lieu sur chaque campus pour décider démocratiquement des modalités de la mobilisation. Ainsi, le site des Berges du Rhône est bloqué depuis sept semaines et celui de Porte des Alpes depuis quatre semaines.
A l’issue de l’Assemblée Générale du mardi 21 avril, qui a décidé la reconduite du blocage pour une semaine et a repoussé très majoritairement l’organisation d’un vote à bulletin secret sur cette question, un petit groupe d’étudiants opposés au blocage est sorti de l’AG pour aller faire pression sur le président de l’université, Olivier Christin. Celui-ci leur a assuré qu’en dépit de la décision de l’AG, un vote à bulletin secret serait organisé par l’équipe présidentielle, le lundi 27 avril. Informée, l’assemblée générale s’est prononcée pour le boycott et la perturbation du vote. En effet, il était évident pour tout le monde que l’équipe présidentielle – qui ne s’était jamais impliquée dans la mobilisation – était totalement illégitime pour organiser un vote sur les modalités d’action du mouvement.
Le lundi 27, aux environs de 14h30, les étudiants mobilisés ont décidé d’investir pacifiquement le bureau de vote du site berges du Rhône et de verser de la javel dans les urnes. À cette fin, deux étudiants sont entrés dans le bureau de vote sous prétexte d’aller voter, avec l’intention d’aider leurs camarades à y pénétrer. Aussitôt, les vigiles privés embauchés pour l’occasion par la présidence ont sorti des bombes lacrymogènes, ont aspergé les étudiants à la porte et ont agressé nos deux camarades restés à l’intérieur. Ceux-ci ont été gazés, projetés et maintenus au sol, alors qu’il y avait environ douze vigiles dans la salle. L’un des étudiants a même été menacé d’une matraque télescopique, alors qu’il était à terre.
Ayant assisté à cette agression à travers l’une des fenêtres, les étudiants mobilisés – pris d’une légitime fureur – ont tenté de porter secours à leurs camarades en attaquant la porte à l’aide d’un bélier improvisé (en l’occurrence, une barrière mobile). Craignant de voir la porte céder, les vigiles à l’intérieur ont entassé chaises et tables en une barricade de fortune. L’assaut a cessé dès que les vigiles ont relâché les deux camarades. Quelques secondes après la libération des deux prisonniers, la police encerclait l’université, bloquant toutes les issues.
Après plus d’une heure de statu quo fragile, la décision fut prise – par les étudiants et enseignants mobilisés – de former un cordon de sécurité autour de certains de nos camarades, qui avaient été dénoncés par l’administration, afin de les accompagner jusqu’à la bouche de métro la plus proche. Les policiers refusèrent de nous laisser sortir et exigèrent que nous leur livrions cinq des nôtres. Refusant de céder à ce chantage abject, nous avons décidé de tenter malgré tout de sortir en formant un bloc compact au centre duquel nos camarades menacés avaient pris place. Les enseignants prirent la tête du cortège, espérant minimiser ainsi la violence policière.
Le cortège, encadré par de nombreux agents de la police nationale et de la Brigade Anti-Criminalité, fut arrêté net à mi-parcours entre deux blocs d’immeubles, sans aucune possibilité d’évasion. Les policiers chargèrent alors avec une rare violence, aidés de six chiens policiers et en usant notamment d’un pistolet Taser sur une étudiante à terre. Malgré une résistance acharnée, les policiers réussirent à arrêter cinq de nos camarades, qui furent immédiatement emmenés au commissariat le plus proche, pendant que les manifestants subissaient un second assaut, tout aussi sauvage.
A l’heure ou ces lignes sont écrites, nos cinq camarades ont été relâchés après 48h de garde à vue. Mais ils sont toujours sous le coup d’une inculpation pour outrage, rébellion, violence aggravée en réunion, destruction de biens publics, menace de mort et incitation à l’émeute. Dès l’arrestation, les étudiants et professeurs se sont mobilisés en exigeant la libération de nos camarades et l’abandon des poursuites à leur encontre. La cellule PCF de Lyon 2 a aussitôt soutenu et relayé ces mots d’ordre.
La fédération du PCF du Rhône a également pris position en ce sens et a co-écrit, avec la cellule PCF de Lyon 2, le communiqué suivant :
« Depuis plusieurs mois la communauté universitaire lyonnaise – comme l’ensemble des universités françaises – est mobilisée pour la défense d’un service public d’enseignement et de recherche de qualité. Plutôt que d’apporter des réponses qu’attendent enseignants-chercheurs et étudiants, la présidence de Lyon2 fait des choix entraînant la violence.
En employant dans l’enceinte de l’université des vigiles privés, équipés de bombes lacrymogènes (arme de catégorie 6), le président Olivier Christin porte la responsabilité des violences qui ont émaillé la consultation du lundi 27 avril 2009. Il se fait ainsi le relais de l’attitude méprisante de la ministre Pécresse et de Nicolas Sarkozy qui refusent depuis trois mois d’entendre les revendications légitimes de la communauté universitaire.
Les interpellations qui ont suivi les échauffourées ont été particulièrement violentes et ont ciblés des étudiants engagés dans la mobilisation – dont deux syndicalistes. La présidence de Lyon 2 et le pouvoir sarkoziste font ainsi le choix d’un procès politique.
En conséquence, nous demandons l’abandon des charges abusivement retenues contre les cinq étudiants inculpés et le retrait de la plainte déposée par le président Christin. Cela contribuerait à ramener une sérénité plus propice à la vie universitaire et aux débats qui la traversent.
Danielle LEBAIL, secrétaire fédérale du Rhône
Martin CROUZET, secrétaire de la cellule PCF de Lyon 2 »
Précisons que moins d’une demi-heure après l’envoi de ce communiqué à la presse, le service de communication de Lyon 2 a contacté la fédération du PCF pour proférer des menaces à l’encontre du Parti, en déclarant que nous aurions « des problèmes » car « tous les autres partis [les] soutiendraient ».
Les militants de La Riposte, qui on créé la cellule du PCF de Lyon 2, participent au mouvement depuis son commencement. Nous avons participé à l’action du lundi 27, pendant laquelle nous nous sommes opposés à tout acte de vandalisme, tout en prenant part à l’assaut pour libérer nos camarades prisonniers dans le bureau de vote.
Sans nous laisser intimider par les menaces ou les agressions de la présidence de Lyon 2 ni par la répression sauvage exercée par la police, nous continuerons à défendre les intérêts des travailleurs et de la jeunesse contre les capitalistes et leurs serviteurs à l’intérieur et en dehors de l’université.