Depuis des semaines, les salariés de la sous-traitance, à Roissy, sont passés à l’offensive. La multiplication des manœuvres patronales visant à casser les acquis et menacer les emplois a mis le feu aux poudres. Là où des droits existent, ils sont violés, comme chez AIRELLE, NET ECLAIR, VIGIMARK, où les accords conventionnels de transfert des salariés n’ont pas été respectés, ce qui a pour conséquence de jeter à la rue plus de 200 salariés. Là où de tels droits n’existent pas, le patronat procède de la même façon, mais cette fois dans la « légalité » en changeant de prestataire pour liquider les acquis obtenus par les salariés, comme chez TRAC-PISTE, TRAFFIC AIR SERVICES, PARTNER, COLITEL. Des intérimaires d’AIR FRANCE s’organisent également contre le recours abusif à ces contrats précaires. Les donneurs d’ordre, c’est-à-dire ADP (Aéroports de Paris) et les compagnies aériennes, sont à la tête d’un vaste réseau de filiales et de sous-traitants dont ils tirent les ficelles selon les intérêts de leurs actionnaires.
Pour mettre définitivement un terme à cette lutte sans fin qui se reproduit à chaque passation de marché de la sous-traitance, la CGT de Roissy exige l’ouverture immédiate d’une négociation devant aboutir à la conclusion d’un accord interprofessionnel rendant obligatoire le transfert de 100% des contrats de travail avec l’ensemble des acquis. Pour obtenir un tel droit, qui serait une réelle avancée pour la condition des travailleurs de la sous-traitance, une centaine de salariés en lutte de Roissy ont envahi aujourd’hui le siège national du MEDEF, à Paris.
Dans l’aérien, le système des filiales et des sous-traitants mis en place par le patronat signifie la précarité pour tous, même en CDI. Les contrats de prestation sont en effet réexaminés tous les 18 mois, ou tous les 2 ans. A chaque fois, les coûts sont systématiquement revus à la baisse et le « moins-disant » emporte le marché. Or, accomplir la même prestation chaque fois avec moins d’argent versé par le donneur d’ordre suppose de réaliser des économies quelque part. La masse salariale est revue à la baisse (casse des acquis précédemment obtenus par exemple), les conditions de travail sont dégradées (plannings toujours plus lourds et « flexibles » pour accroître le rendement des salariés, etc.), les syndicats et les instances représentatives du personnel sont détruits (car les salariés sont transférés chez un nouvel employeur, souvent en les scindant en de plus petites entités).
Ce processus de précarisation des salariés s’est accéléré depuis ces quinze dernières années. Mais jusqu’à récemment, les emplois et les acquis étaient assez largement préservés. Ce n’est plus le cas. La sous-traitance est longtemps apparue comme la solution miracle pour le patronat afin d’exploiter toujours davantage les salariés tout en neutralisant leurs moyens de défense. Il est vrai qu’organiser la riposte des travailleurs dans de telles conditions est beaucoup plus difficile. Cependant, en tirant sur la corde de la sous-traitance comme le patronat le fait actuellement, il est en train de provoquer une révolte des salariés qui, même dans ces conditions, surmontent les problèmes organisationnels rencontrés. Le rôle de l’Union Locale est déterminant dans la conduite de la lutte et le syndicalisme interprofessionnel prôné par la CGT est la seule issue possible pour les salariés contre leur division organisée par le patronat.
Cette révolte de la sous-traitance à Roissy intervient alors qu’AIR FRANCE multiplie les annonces de mesures d’austérité qui conduiront à terme à une explosion sociale des salariés de la compagnie. Dans l’aérien comme dans tous les secteurs de l’économie, la situation ne peut pas continuer éternellement sur cette pente descendante, sans conduire inéluctablement à une réaction massive de la classe ouvrière.