L’entreprise Marotte, implantée depuis plus de 50 ans à Saint-Ouen (93), fabrique des panneaux de décoration en marqueterie de très haute qualité. Les 43 salariés, qui ont pour la plupart plusieurs dizaines d’années de métier sur le site de production de Saint-Ouen, se sont vus expliquer qu’ils doivent partir.
Le groupe Ober, qui possède Marotte, est dirigé depuis 5 ans par le financier Etienne de la Thébeaudière. Depuis lors, et surtout depuis 2010, les investissements dans l’entreprise et les commandes des clients diminuent. Le rapport de l’expert comptable désigné par les élus CGT au Comité d’entreprise signale que la direction de l’entreprise a délibérément décidé de ne plus investir sur le site de Saint-Ouen et qu’elle détourne les commandes vers d’autres sites du groupe (Oberflex, dans la Meuse et le Maine-et-Loire). Elle expédie des machines vers ces autres sites, empêchant les ouvriers de travailler. Les ouvriers de Marotte se retrouvent peu à peu sans travail.
Pourtant, en 2010, le groupe Ober a vu son chiffre d’affaires augmenter de 67 %. Ces trois dernières années, il a reversé 1,2 million d’euros de dividendes à ses actionnaires. Ces résultats sont dus à l’investissement massif de la direction sur le site tunisien de Stramiflex, où les travailleurs coûtent encore moins cher et ne sont pas organisés pour faire respecter leurs droits.
La délocalisation voulue par les dirigeants de Marotte vers la Meuse (et, s’ils le pouvaient, vers la Tunisie) est en marche. Plusieurs salariés ont déjà dû quitter l’entreprise. Leurs collègues soupçonnent qu’on les a poussés vers la sortie.
En avril 2011, le Comité d’entreprise s’est vu proposer un projet de déménagement d’une partie de l’entreprise qui aurait mis la moitié des ouvriers devant l’obligation de déménager, faute de quoi ils risquaient de perdre leur emploi. Sous la pression des travailleurs organisés, le projet a finalement été abandonné. En novembre, la direction, accusant les travailleurs de n’être plus assez motivés, est revenue à la charge avec un Plan de Sauvegarde de l’Emploi « pour sauvegarder la compétitivité de la société », sans consulter au préalable les organisations des salariés. Le PSE propose le même déménagement de la moitié des ouvriers, sans garantie de pérennité de leur futur emploi. La totalité des salariés, qui ont construit leur vie en Ile-de-France, refusent la délocalisation et encourent donc la peine du licenciement avec des indemnités dérisoires.
Pour défendre leur emploi, les salariés de Marotte, soutenus et organisés par l’Union locale CGT de Saint-Ouen, ont participé à un premier débrayage le 23 novembre, ce qui leur a permis de s’exprimer face à une direction qui se soucie peu d’eux. Ils reprennent confiance et motivation pour la lutte. Un autre débrayage est prévu le samedi 10 décembre à 10h00. La CGT prévoit également une visite à Bar-le-Duc, sur le site d’Oberflex, pour informer les salariés de l’entreprise de la manière dont la direction veut liquider Marotte et leur dire : « dans 6 mois, ce sera votre tour ! ».
Exigeons le maintien de Marotte à Saint-Ouen. La solidarité de tous les salariés du groupe peut mettre la direction en échec. Ne pas se battre avec les collègues menacés aujourd’hui, c’est se résigner à ce que d’autres subissent le même sort demain.