Il faut étendre et prolonger le mouvement de grève !
La mobilisation du 7 septembre était d’une puissance inégalée depuis la lutte contre le CPE, en 2006. Elle était soutenue par une très large majorité des salariés du pays. Mais le gouvernement s’y était préparé. Des « concessions » mineures, envisagées de longue date, ont été immédiatement annoncées par Sarkozy. Elles ne touchent pas au cœur de la contre-réforme des retraites. Leur unique fonction est de maintenir l’illusion d’une « négociation » avec les syndicats.
Même si la mobilisation du 23 dépasse celle du 7 septembre, l’UMP y répondra exactement de la même manière. Au mieux, les sénateurs de droite proposeront de nouvelles « concessions » secondaires. Le gouvernement espère s’en sortir avec, comme réponse syndicale, une nouvelle journée d’action. En 2009, la participation aux mobilisations de 24 heures avait fini par refluer. Le gouvernement table sur une répétition de ce scénario. Or c’est un risque réel.
Quelle stratégie syndicale ?
La destruction de nos retraites, comme la casse programmée de toutes nos conquêtes sociales, est une nécessité vitale pour la classe dirigeante, qui est confrontée à une crise économique majeure et à des déficits publics colossaux. Dès lors, sans un mouvement de grève illimité semblable à celui de décembre 1995, il est très probable que le gouvernement passera en force. On ne prétend pas qu’un tel mouvement soit facile à organiser ou que son succès soit garanti. Mais sans cela, la victoire sera très difficile.
Le 11 septembre, Bernard Thibault affirmait que « le blocage des transports, c’est pas compliqué du tout, on sait faire. Mais ce n’est pas notre stratégie syndicale. Notre stratégie syndicale repose sur la masse des travailleurs engagés dans une lutte ». Ce type de déclaration, qui flatte à peu de frais les salariés des transports, ne peut que semer la confusion. En réalité, le blocage des transports et les mobilisations de masse ne s’excluent pas : ils se complètent. Une grève illimitée des transports – comme en 95 – donnerait une puissante impulsion à l’ensemble du mouvement. Elle faciliterait l’implication d’autres catégories de travailleurs dans la grève. Par exemple, une grève illimitée des salariés des raffineries de pétrole mettrait rapidement le gouvernement à genoux.
La droite dehors ! Pour des élections anticipées !
Le gouvernement atteint des sommets d’impopularité. L’interminable chronique des « affaires » accélère sa décomposition. Dans ce contexte, la lutte contre la réforme des retraites ne peut être dissociée d’une lutte contre l’ensemble de la politique réactionnaire du gouvernement. De très larges couches de la jeunesse et du salariat brûlent d’indignation contre Sarkozy et sa clique. C’est un avantage qu’il nous faut exploiter en élargissant le front revendicatif à la question des salaires, de l’emploi, de la santé, de l’éducation, etc. Par exemple, tous les syndicats – et non seulement l’Unef – doivent appeler les étudiants à la mobilisation contre la politique de l’UMP. Il ne fait aucun doute que les étudiants répondraient massivement à cet appel. Fin août, Sarkozy a tenté de désamorcer la mobilisation étudiante en reculant sur la question des aides au logement. Mais cela n’efface pas les mauvais coups que le gouvernement a infligés aux étudiants, ces dernières années – ni ceux qu’il prépare.
Une lutte générale contre le gouvernement Sarkozy pose la question de l’alternative immédiate à la droite au pouvoir, sans attendre 2012. Toutes les conditions sont réunies pour qu’un appel à des élections anticipées – présidentielles et législatives – rencontre un puissant écho, dans la population, et renforce la mobilisation. Sarkozy, Woerth et toute la droite, dehors ! Dans le même temps, les partis de gauche doivent présenter un programme qui s’attaque sérieusement au pouvoir de la classe dirigeante. Les banques et les grands leviers de l’économie doivent être arrachés des mains des capitalistes et placés sous le contrôle démocratique des salariés. Ce programme socialiste est la seule alternative sérieuse au capitalisme en crise.