Les grèves générales qui paralysent la Guadeloupe et la Martinique suscitent l’enthousiasme et la solidarité de millions de travailleurs de métropole. Les grévistes d’outre-mer sont en train de donner à tous les salariés de France un magnifique exemple de combativité. Du fait de l’exaspération sociale qui monte inexorablement, dans le pays, la principale leçon de ces luttes pénètre rapidement la conscience de millions de personnes : dans le contexte actuel, le droit de vivre décemment, ce qui commence par un salaire décent, ne peut être arraché que par un mouvement de grève puissant et illimité.
Certes, les grèves générales, en Guadeloupe et en Martinique, ne sont toujours pas victorieuses. Mais ce fait démontre justement que la classe dirigeante et le gouvernement de droite ne lâcheront rien sur la base de « journées d’action » de 24 heures, même massives, comme le fut celle du 29 janvier. D’ailleurs, c’est précisément pour tenter de prévenir une « contagion » en métropole que la droite et les capitalistes refusent obstinément de céder aux revendications légitimes des grévistes. Sarkozy veut leur infliger une défaite, de façon à décourager tous les autres travailleurs de suivre leur exemple : « ne vous lancez pas dans un mouvement pareil, car vous seriez battus. Prenez plutôt la voie tranquille de la concertation. »
Telle a été, jusqu’alors, la stratégie de Sarkozy et des multi-millionnaires qui contrôlent l’économie du pays – en France métropolitaine comme outre-mer. Cependant, du point de vue des capitalistes, c’est un pari dangereux. La grève, loin de faiblir, se renforce. Après la Martinique et la Guadeloupe, la Guyane se prépare à entrer dans le mouvement. De même, les organisations syndicales de la Réunion annoncent une grève générale à partir du 5 mars, date à laquelle les travailleurs des hôpitaux de tout le pays seront également en grève. Les étudiants et les enseignants-chercheurs sont massivement mobilisés. Ainsi, la « contagion » et la radicalisation ne faiblissent pas, bien au contraire. Et chaque jour qui passe élève un peu plus les grévistes d’outre-mer au rang de porte-parole et de champions de tous les travailleurs du pays, qui subissent les mêmes souffrances et la même exploitation.
Derrière l’assurance de façade et les appels au dialogue, une nervosité croissante gagne le gouvernement et les sommets de la société. Dans ce contexte, nul doute que des proches de Sarkozy lui suggèrent de « régler le problème » par la répression, quitte à faire couler le sang, comme ce fut le cas par le passé. Ainsi, lors de la révolte de 1967, en Guadeloupe, la répression a fait officiellement 87 morts – mais beaucoup plus, en réalité. La classe dirigeante française a une longue tradition, en matière de répression brutale, et elle n’hésitera pas à choisir cette option si elle juge, le moment venu, que c’est le meilleur moyen de sauvegarder ses intérêts.
Depuis le début de la grève en Guadeloupe, les dispositifs policier et militaire ont été nettement renforcés. En Martinique, également, les forces de l’ordre prennent position. Leur première fonction est d’intimider et de harceler les grévistes. D’ores et déjà, plusieurs interventions policières très violentes ont eu lieu, sur des barrages. Encore une fois, il n’est pas exclu que le gouvernement soit tenté de briser ces grèves générales par la violence, en frappant un grand coup. Nous ne devons pas prendre cette menace à la légère. Dans ce contexte, les organisations syndicales et les partis de gauche doivent mettre tout leur poids dans la balance pour soutenir les grévistes et prévenir la répression. Ils pourraient par exemple annoncer publiquement et fermement qu’en cas de répression des travailleurs de Guadeloupe ou de Martinique, une grève générale de 24 heures serait immédiatement organisée, en métropole. Un tel avertissement encouragerait les grévistes et, dans le même temps, donnerait à réfléchir aux partisans du « coup de force », dans l’entourage de Sarkozy. N’oublions pas que la révolution de Mai 68 a commencé, le 13 mai, par une grève générale de 24 heures pour protester contre la répression brutale des étudiants, le 10 mai 1968.
De manière générale, le mouvement ouvrier de métropole doit multiplier les manifestations de solidarité avec les travailleurs d’outre-mer. En dernier ressort, la pression et la solidarité du mouvement syndical, à l’échelle nationale, est la meilleure garantie de victoire, pour nos camarades d’outre-mer. Nous devons également nous préparer à suivre leur exemple. Car ce faisant, nous assurerons leur victoire et celle de tous ceux que le capitalisme opprime, des deux côtés de l’Atlantique !
Aujourd’hui, l’Assemblée Générale des étudiants de Nanterre (Paris X) a adopté la motion suivante, à l’inititative d’une militante de La Riposte :
« Motion de solidarité avec les travailleurs des DOM-TOM
Etudiants de Paris X réunis en Assemblée Générale, nous nous déclarons solidaires de la lutte des jeunes et des travailleurs des DOM-TOM pour des conditions d’existence dignes. Les grèves générales en Guadeloupe et en Martinique sont une magnifique inspiration pour la jeunesse et les salariés de métropole.
Nous demandons que toutes les revendications des grévistes soient satisfaites, à commencer par les augmentations de salaires, qui répondent à une chute brutale du pouvoir d’achat, ces dernières années.
Nous condamnons fermement l’intimidation et le harcèlement policiers dont les grévistes sont victimes. Nous sommes conscients que le gouvernement de Sarkozy pourrait être tenté de recourir à la violence pour mettre fin au mouvement, comme d’autres gouvernements l’ont fait par le passé. Si le gouvernement adopte une stratégie de répression, les organisations syndicales de métropole devraient immédiatement organiser une grève générale de protestation de 24 heures.
Enfin, nous appelons les étudiants, enseignants et personnels BIATOSS en lutte, dans tout le pays, à manifester, eux aussi, leur solidarité avec les grévistes de Guadeloupe et de Martinique. Leur lutte est notre lutte ! Leur victoire sera notre victoire ! »
Nous invitons tous les étudiants à présenter des motions semblables, dans leurs AG respectives, et à nous en tenir informés (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).