Malgré la crise, Airbus a enregistré 300 commandes d’avions au 30 septembre, portant le carnet de commandes à près de 7500 avions, soit 8 à 9 ans de travail. Fin octobre, le constructeur européen prévoyait de maintenir la production de 40 A320 par mois – et demandait aux sous-traitants de « protéger la capacité de produire » 47 avions par mois. « Tenez-vous prêts à tenir la cadence dans 10 mois », disait la direction d’Airbus, qui demandait à ses sous-traitants « de se préparer à une potentielle hausse de la production ».
Mais en coulisse, les choses se passent différemment, et les grosses entreprises sont toujours à la manœuvre pour faire le ménage chez leurs sous-traitants. Si Airbus n’envisage pas de licenciements secs en interne, ces « bonnes nouvelles » n’empêchent pas le patronat de la filière aéronautique de procéder à une casse sociale systématique à travers des plans sociaux déguisés (APC, etc.), et ce malgré les milliards de l’Etat en soutien aux grandes entreprises.
Alten SO, par exemple, a enregistré 205 départs. Akka Technologies envisage de supprimer 1150 postes. Ces suppressions s’ajoutent aux 500 suppressions chez AAA, 475 chez Latécoère, 306 chez Mecachrome, 180 chez Derichebourg, 245 chez Sogeclair, 679 chez Daher, 320 chez Figeac Aéro, etc. Et on ne compte pas les milliers d’intérimaires et de consultants non renouvelés. D’après Trendeo, en septembre, 13 354 emplois ont été supprimés chez les constructeurs et leurs sous-traitants depuis le début de la crise.
Malgré les carnets de commandes pleins, la crise aggrave la concurrence et le secteur est en train de se restructurer pour rester compétitif. Quant à l’Etat, il est totalement complice de cette restructuration : avec Airbus, Thalès, Dassault et Safran, il finance via la BPI un fonds aéronautique pour aider la filière « à investir et à se concentrer ». En clair, il aide les gros capitalistes à faire de la casse sociale.