En passant devant la gare Matabiau, à Toulouse, il est difficile de savoir que des salariés y occupent leur lieu de travail. Pas une affiche, pas une banderole : juste un tract syndical collé sur la porte. Pourtant, les 14 travailleurs ex-SAMSIC (multinationale de multiservices, sous-traitant de la SNCF, 6500 salariés au niveau national) sont mobilisés et occupent les locaux depuis le 1er janvier. Comme ils nous l’expliqueront plus tard, la direction de la SNCF, systématiquement, enlève toutes les affiches et les tracts.
Nous rentrons : accueil chaleureux. Tous veulent nous expliquer ce qui se passe et pourquoi ils sont là. Leur travail consiste à accompagner les personnes à mobilité réduite et à transborder les bagages de groupes d’un train à un autre. Ils s’occupent aussi du service « auto-train », le transport ferroviaire des véhicules de tourisme ou de petits utilitaires. C’est de la manutention ferroviaire et non pas de la prestation de service, comme le précise leur convention collective. D’ailleurs, autrefois, ce travail était réalisé par les cheminots eux-mêmes. Mais dans son processus de privatisation larvée, la SNCF filialise, externalise et sous-traite – comme n’importe quelle autre entreprise privée.
Cela fait deux mois que ces 14 travailleurs, dont 4 syndiqués, luttent pour défendre leurs acquis. D’ailleurs, c’est tous les 3 ans la même chose. La SNCF lance un appel d’offre et la société qui gagne le marché veut imposer ses conditions et revoir tout à la baisse : salaires, ancienneté, convention collective, etc. Cette fois, c’est EFFIA, une filiale 100% SNCF, qui a remporté le marché et qui veut leur imposer un nouveau contrat, sur la base d’une nouvelle convention collective. Mais les salariés ne se laissent pas faire.
Les salariés et les syndicats dénoncent auprès des directions de la SNCF et d’ EFFIA les pressions qu’ils subissent pour leur faire signer le nouveau contrat. Ils veulent faire valoir leur droit au travail, le changement d’employeur devant légalement être neutre : le repreneur n’a pas le droit de toucher au contrat de travail.
Dans nos pays capitalistes dits « démocratiques », il y a des lois (imposées de haute lutte aux exploiteurs) censées protéger les salariés. « La continuité du contrat de travail est de droit », dit la loi. Mais pour faire appliquer cette loi, les travailleurs le savent bien, il faut souvent lutter. C’est pour cela que ces travailleurs occupent leurs locaux et ont entamé une procédure au tribunal des prud’hommes. Dans cette lutte, les salariés « ancien-SAMSIC-pas-encore-EFFIA » ont toute la solidarité des cheminots, qui savent que le même sort les attend.
Crée en 1998, EFFIA n’en est pas à son premier conflit. Si elle arrive à faire signer un contrat de prestation de services aux salariés – au lieu d’un contrat de manutention ferroviaire –, elle pourra compter sur 25% de bénéfices en plus. 25% de plus gagnés sur le dos des travailleurs qui subissent encore et toujours plus l’exploitation. Partout, les conditions de vie et de travail se dégradent. Mais les travailleurs n’admettront pas indéfiniment la crise, la régression et le chômage, pendant que des milliards d’euros sont donnés aux riches et aux banquiers. Pour ces derniers, il n’y a pas de remise en question de leurs contrats ! Ces messieurs vont simplement renoncer à leur petit bonus de quelques millions d’euros (mais qui le vérifiera ?). Et juste pour cette année, bien sûr. Au pire, ils pourront se rattraper en doublant la dose l’année prochaine.
Pas de problème, donc, lorsqu’il s’agit de financer les banques en difficulté. Par contre, les entreprises publiques coûtent trop cher, les travailleurs coûtent trop cher, les écoles, les hôpitaux et les transports coûtent trop cher. Pourquoi garder un système qui ne satisfait qu’une poignée de riches, un système incapable d’améliorer les conditions de vie du plus grand nombre ?
Le 30 janvier, le jugement aux prud’hommes n’a rien tranché. Le jugement est reporté au 2 mars. En attendant, la lutte continue, le local ne désemplit pas et les salariés appellent toute la population à se mobiliser. Nous réitérons notre soutien et notre solidarité avec ces travailleurs. Jeudi 26 février, ils participeront au rassemblement aux côtés des cheminots lors de la venue du président du groupe SNCF, Guillaume PEPY, à 9h00, devant le Conseil Régional.
Les salariés ne reçoivent actuellement aucun salaire. Une collecte de soutien est ouverte au :
Syndicat CGT des Cheminots de Toulouse,
12 rue saint Laurent 31500 Toulouse
Téléphone 05 61 48 88 62z