L’entreprise Renault semblait avoir été épargnée par la grande vague de restructurations qui a balayé le secteur automobile dans la foulée de la crise de 2008. A travers son partenariat avec Nissan et Mitsubishi, le groupe français est devenu le premier producteur mondial de voitures légères en 2017. Mais en 2018, des dissensions entre les trois partenaires et les accusations de fraude fiscale visant Carlos Ghosn, le PDG de Nissan-Renault, ont radicalement changé l’ambiance.
En février 2020, pour redorer le blason du groupe auprès des actionnaires, la direction annonçait un plan de réduction des coûts de 2 milliards d’euros par an. Notons que l’annonce de ce plan intervenait avant la crise économique déclenchée par la pandémie mondiale.
Au total, la direction de Renault compte supprimer 4600 postes en France. L’usine historique de Choisy est déjà condamnée. Mais d’autres sites sont aussi menacés à plus ou moins long terme. C’est le cas du technocentre de Lardy.
Ce centre d’ingénierie est implanté dans cette commune de Lardy depuis plus de 60 ans. Début 2020, il employait 2300 personnes, dont 1100 salariés Renault et 1200 salariés sous-traitants.
Le plan de réduction des effectifs prévoit d’y réduire le nombre de postes à 1500. Pas moins de 200 emplois Renault seraient supprimés à la fin de l’année 2021 ; les autres salariés sacrifiés seraient des sous-traitants. Ces derniers sont déjà 350 à avoir été écartés du site, sans savoir s’ils pourront y retravailler.
Le sort des sous-traitants est d’autant plus terrible que leur réaffectation ou leur licenciement se fait officieusement, sous couvert de télétravail. Avec le premier confinement, une très grande partie de l’effectif du site a été placée en télétravail. Au passage, les contrats des sous-traitants n’ont pas été renouvelés.
Subventions massives
Les syndicats du technocentre, SUD et CGT en tête, mènent la lutte contre des licenciements facilités par l’isolement des télétravailleurs – et contre le recours abusif à la sous-traitance. Ils s’opposent aussi à la réduction de l’investissement dans l’outil de production.
Ces licenciements sont d’autant plus inacceptables que Macron a annoncé, en mai dernier, un plan de soutien de 8 milliards d’euros pour le secteur automobile, le tout afin « d’investir et d’innover pour le véhicule de demain ».
Le site de Lardy étant impliqué dans le développement de nouveaux moteurs, il semblait logique qu’il participe au développement du « véhicule de demain ». Mais non : 25 bancs d’essai vont être fermés. Dans le même temps, les syndicats dénoncent l’absence de projet à moyen terme, sur le site. Ils craignent une fermeture progressive du technocentre.
La situation du site de Lardy est emblématique de la situation de nombreux sites industriels, en France. La bourgeoisie française est incapable de développer l’outil de production, même dans les secteurs économiques rentables et massivement soutenus par l’Etat. Comme à Sanofi, les licenciements et la réduction de l’investissement sont les seuls leviers actionnés par les capitalistes français – non pour produire ou innover, mais pour choyer les actionnaires.