Depuis la fin du mois de novembre, les salariés de la Société Aveyronnaise de la Métallurgie (SAM) occupent leur usine de Viviez, à côté de Decazeville, dans l’Aveyron. Les salariés de cette fonderie – qui fabrique notamment des carters pour les moteurs de Renault – ont appris la fermeture de leur usine le 26 novembre.
La SAM avait été rachetée en 2017 par le groupe chinois Jingjiang, qui n’a pas investi dans l’appareil de production. En décembre 2019, elle était placée en redressement judiciaire, avant d’être placée en liquidation judiciaire en septembre dernier. Il y avait un projet de reprise par un industriel, mais Renault a refusé de le soutenir, condamnant les quelque 350 salariés de la SAM au chômage, dans un département déjà sinistré par la fermeture des mines, la disparition de la sidérurgie et, plus récemment, la fermeture de l’usine Bosch à Rodez.
Travaillant quasi exclusivement pour Renault, la SAM est totalement dépendante des commandes de ce dernier. Mais Renault préfère produire ses pièces à l’étranger, là où la main d’œuvre est moins chère.
Quant à l’Etat, actionnaire de Renault à hauteur de 15 %, il est complice de cette casse industrielle. Derrière les beaux discours sur la « réindustrialisation », le gouvernement a accompagné Renault dans ses projets, après lui avoir octroyé de généreuses subventions.
En décembre, le gouvernement quémandait à Renault un accompagnement financier plus important que le million d’euros que ce dernier se contentait d’abonder au plan de sauvegarde de l’emploi. Mais le ministère des Finances ne voulait rien « imposer », car « Renault est une entreprise privée ».
Pour consoler les travailleurs de la SAM, le gouvernement et la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, ont conjointement nommé un spécialiste du sauvetage industriel, qui est censé œuvrer à la « revalorisation de tout le bassin de Decazeville ». Et Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l’Industrie, annonce être en contact avec « deux entreprises françaises » pour recréer de l’emploi sur l’usine !
Dans l’immédiat, l’objectif de la lutte est d’obtenir des indemnisations et mesures d’accompagnement spécifiques. Mais les salariés veulent aussi empêcher que les machines ne soient vendues, car ils espèrent qu’une nouvelle fonderie verra le jour sur le même site.
Mais pour cela, ils ne pourront pas compter sur un gouvernement du type de celui de Macron, qui continuera de veiller aux intérêts des capitalistes.
La CGT soutient pleinement la mobilisation et l’occupation de l’usine. Son secrétaire général, Philippe Martinez – qui était délégué chez Renault – dénonce cette fermeture comme une délocalisation. Mais il envisage de convaincre le Premier ministre et le ministre des Finances, qu’il rencontrera début janvier, de maintenir l’activité de cette usine. C’est une erreur : la CGT doit surtout dénoncer la connivence du gouvernement, plutôt que de chercher à le « convaincre ».
Pour répondre à l’espoir des salariés (de la SAM comme d’autres sous-traitants), la direction de la CGT devrait défendre l’objectif de nationaliser la SAM, sous le contrôle démocratique des salariés, mais aussi Renault, auquel la SAM serait alors intégrée.