Nous avons déjà publié deux articles sur les pratiques illégales et polluantes de l’entreprise Béton Lyonnais. [1] Installée depuis 2003 à Décines (en banlieue de Lyon), cette entreprise fabrique du béton pour les chantiers.
En 2010, une inspection administrative avait constaté que l’entreprise avait pratiqué un forage clandestin pour détourner de l’eau potable des réseaux d’approvisionnement municipaux. Béton Lyonnais a aussi enclenché une bataille juridique avec les riverains, ceux-ci s’inquiétant de la poussière de béton que ses activités projettent dans tout le quartier. Enfin, en mars 2021, un des salariés de l’entreprise trouvait la mort alors qu’il fabriquait un entonnoir à gravier non déclaré, sans aucun matériel de sécurité et en présence du patron de l’entreprise.
Après une telle accumulation d’infractions au Code de l’Environnement et au Code du Travail, après plusieurs condamnations en justice et la mort d’un salarié, la logique la plus élémentaire voudrait que l’entreprise soit fermée administrativement. Mais non : seules des « mises en demeure » lui ont été envoyées par les différentes administrations concernées.
Et ce n’est pas tout. Début décembre, la préfecture du Rhône a autorisé Béton Lyonnais à pratiquer un deuxième forage pour extraire de l’eau de la nappe phréatique. Pourtant, son premier forage illégal n’a toujours pas été comblé, comme le réclamait pourtant un jugement de juillet 2021. A ce niveau-là, on se demande ce que doit faire le patron de Béton Lyonnais pour que la préfecture se décide à sévir. Déverser sa poussière de béton directement dans la cour de la préfecture elle-même ?
Toute cette affaire est une parfaite illustration du caractère de classe de la justice bourgeoise, qui sacrifie l’environnement et la santé publique sur l’autel de la sacro-sainte « liberté d’entreprendre ».
[1] Béton lyonnais : pollution et accident mortel (7 mai 2021).
Quand l'Etat protège les pollueurs : l'exemple de Béton lyonnais (14 décembre 2020).