Le 5 mai dernier, à Saint-Pourçain-sur-Sioule, s’est tenu un Comité Général de la CGT Allier (03). 170 militants CGT sont venus faire le point sur les avancées de l’Union Départementale et débattre de la situation sociale actuelle. Maryse Dumas, du bureau confédéral de la CGT, est venue, en fin de journée, clore ce Comité Général.
Après un bref bilan de l’année écoulée, où l’UD a vu la création de 7 nouveaux syndicats et l’adhésion de 105 nouveaux camarades (soit 4691, au total), le débat s’est engagé sur la syndicalisation et la création de nouveaux syndicats.
La présence de la CGT est forte dans des entreprises importantes comme Dunlop, Potain, JPM, ou encore dans les administrations. Mais elle est quasiment inexistante dans les structures plus petites, de moins de 50 salariés. La nouvelle structuration des entreprises augmente le nombre de sous-traitants et de petites unités de production. L’accent doit donc porter sur ces entreprises, car le nombre de syndicats et de militants a tendance à y stagner. Les créations de syndicats et les nouvelles adhésions ne permettent que de compenser les départs.
Pour faire de nouvelles adhésions, il faut donc que les syndicats puissants des grandes boites sortent de leurs usines et aillent à la rencontre des salariés des sous-traitants, ou encore des salariés présents à proximité. La création de syndicats de site est proposée pour inclure des salariés, même isolés, dans des structures à échelle locale ou sectorielle. L’objectif est de regrouper les revendications et de faire jouer un maximum la solidarité entre salariés du même site.
Après l’état des lieux de l’UD et les propositions pour la renforcer, le débat a vite tourné sur la situation sociale et les mobilisations. Ce qui ressort clairement des interventions des camarades, c’est que les journées d’action « saute-mouton » ne sont pas une solution. La majorité des jeunes présents réclamaient la préparation d’une véritable grève générale illimitée, comme seul moyen de faire céder le gouvernement.
Plusieurs intervenants ont également demandé que la CGT affirme et explique clairement son projet de société. Nous étions plusieurs à penser que la CGT fait des propositions pour « changer » la société, mais qu’elle ne dit jamais clairement quel type de société elle veut. La CGT veut-elle le socialisme – pour en finir avec l’exploitation capitaliste, comme le disent nos statuts ? Ou veut-elle réformer le système capitaliste, comme le suggère le discours de la direction ?
Ce sujet est éludé par la direction de la CGT. Elle sait que la plupart des militants rejettent le système capitaliste. Mais elle sait, aussi, que peu de militants ont une idée très claire de ce qu’on doit mettre à la place. La dépolitisation de la CGT m’a semblé flagrante. Il faut y remédier !
J’entends par « dépolitisation » le fait que, sorti des revendications sectorielles, beaucoup de militants – mais pas tous, heureusement – n’ont pas d’avis tranché sur l’objectif général de la CGT et les moyens d’y parvenir.
L’arrivée de Maryse Dumas était le point d’orgue de cette journée. Un débat très intéressant s’est alors engagé. Les camarades ont répété que les journées « saute-mouton » risquaient, à force, d’épuiser les militants, sans mener à grand-chose. Maryse Dumas, pour sa part, s’est félicitée du nombre croissant de manifestants (c’était avant le 26 mai… ). En réponse aux critiques, elle a expliqué – et combien de fois a-t-on entendu ça, à la CGT comme au PCF ? – qu’une grève générale « ne se décrète pas ». Elle a justifié les journées d’action éloignées les unes des autres par la nécessité de maintenir l’unité syndicale. Elle a expliqué qu’il fallait trouver un consensus entre toutes les centrales : FSU, FO, la CFDT, etc.
S’il est clair qu’il n’est pas simple de trouver un terrain d’entente entre toutes les centrales, et que l’union est toujours un avantage, il est aussi tout à fait clair que la CGT est le moteur de ce mouvement. Le fait est que ce sont les militants CGT qui font le plus gros du travail de mobilisation – par exemple lorsqu’il s’agit de distribuer les tracts ! L’union ne doit pas être un alibi pour noyer le mouvement et étouffer les aspirations des militants.
Maryse Dumas a éludé ces questions, tout comme elle a éludé celles concernant le changement de société que devrait prôner la CGT. Il m’a semblé évident que le discours de la direction est trop vague, pas assez ferme vis-à-vis du gouvernement. Maryse Dumas pense que les manifs doivent déboucher sur l’ouverture de négociations. Mais pour « négocier » quoi avec ce gouvernement, qui nous attaque sur tous les fronts, en permanence ? Va-t-on discuter de l’alternative : pendaison ou décapitation ?
La CGT doit réclamer le rejet de la RGPP, une augmentation immédiate des salaires et des minima sociaux, la nationalisation sous le contrôle des salariés du secteur bancaire, de l’énergie, des transports, des moyens de communication, etc. Avec un discours clair, les salariés se sentiront soutenus, sentiront que la CGT est prête à aller jusqu’au bout, et là ils se jetteront, peut-être, dans la bataille – sans qu’en effet on « décrète » la grève générale.
La CGT demeure pour les salariés un repère, dans la lutte des classes. Tous les salariés – qu’ils soient ou non syndiqués à la CGT – sont attentifs à son discours : elle reste le moteur des luttes syndicales. C’est pourquoi il faudrait qu’elle mette plus en avant certains points de ses statuts, comme : « La CGT agit pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste... ». Mais pour cela, il n’y a que le socialisme. Alors il faut le dire !