La condamnation de six travailleurs de Continental à des peines de prison avec sursis est une attaque inacceptable, non seulement contre les travailleurs directement concernés, mais contre la classe ouvrière dans son ensemble – et tout particulièrement la classe ouvrière qui lutte. Xavier Mathieu, de la CGT Continental, a très justement souligné ce point, à la sortie du tribunal.
Ici, nous avons affaire à une justice de classe. Lorsque la fermeture de l’usine a été confirmée, la sous-préfecture de Compiègne a été un peu secouée par des travailleurs en colère. Et alors ? Tout le monde sait que les dégâts causés, à cette occasion, ne sont rien à côté des conséquences sociales et économiques dévastatrices que provoquent les propriétaires de cette entreprise. Or ceux-ci, loin d’être sanctionnés, reçoivent des millions d’euros de la part de l’Etat, pour les remercier de leur action destructrice. Notons au passage que la peine a été infligée aux six travailleurs sans qu’aucun fait précis ait pu leur être personnellement imputé. Ils ont été condamnés « pour l’exemple ». L’objectif des capitalistes et de leurs complices, dans le gouvernement et les tribunaux, est d’intimider les travailleurs qui font face aux mêmes problèmes que ceux de Continental. Du point de vue de cette classe de possédants parasitaires, l’idéal serait de réduire les travailleurs à un tel niveau de désespoir que, tête baissée, pieds nus et poches retournées, ils se résignent passivement à leur sort.
C’est pourquoi le gouvernement, le MEDEF et toute la bourgeoisie bien pensante pensent tant de mal des travailleurs de Continental. Par la fermeté et la détermination dont ils ont fait preuve tout au long de leur lutte, ils étaient un exemple – un très bon exemple – de cet esprit de combat collectif nécessaire à la défense des intérêts de la classe ouvrière. Quel bonheur que d’entendre le langage clair et incisif de ces travailleurs – le langage de la lutte ! C’est ce langage dont nous avons besoin à tous les échelons du mouvement syndical !
La récession économique jette une lumière crue sur la réalité du capitalisme et son mode de fonctionnement. Pendant de longues années, les gouvernements successifs et le MEDEF nous ont doctement expliqué qu’il fallait faire des économies au détriment des services publics, de la Sécurité sociale, de la santé, de l’éducation, de l’emploi, des salaires, des retraites et des droits des chômeurs. Les caisses étaient vides. Et tout d’un coup, des dizaines de milliards d’euros sont miraculeusement disponibles, non pas pour satisfaire les besoins sociaux, mais pour renflouer les caisses des mêmes banques et des mêmes groupes industriels qui, par leur avarice, leur soif de profit, leurs activités spéculatives, ont mené l’économie au bord de la ruine. Par exemple, après avoir reçu 5 milliards d’euros, qui seront payés par les contribuables, BNP Paribas verse un milliard d’euros en bonus à ses « traders ». Les caisses de l’Etat sont effectivement vides. La dette publique s’élève à plus de 1300 milliards d’euros. Mais dans ce cas, d’où vient l’argent que Sarkozy verse aux capitalistes ? Il est tout simplement emprunté. Non seulement les contribuables devront payer toutes ces subventions gracieusement accordées – mais aussi les intérêts !
Même pendant la récession, la richesse s’accumule au sommet de la société. Les riches continuent de devenir plus riches. Pendant ce temps, à la base de la société, le chômage et la misère, avec leur cortège d’angoisses et d’humiliations, se répandent et s’aggravent. On peut se plaindre du capitalisme, le dénoncer, le haïr, mais il faut surtout s’en débarrasser. Qu’est-ce qui justifie que la richesse et le pouvoir soient concentrés entre les mains d’une infime minorité de la société ? Cette minorité ne veut tolérer aucune atteinte à la sacro-sainte propriété privée. Ce principe, chez eux, n’a rien d’étonnant. C’est la propriété de l’industrie, des banques et de l’économie en général qui permet à ces oisifs de s’enrichir sur notre dos. Le socialisme – ou le communisme – remplacera la propriété privée des moyens de production et d’échange par leur propriété collective. Ce n’est que par le triomphe de ce programme que nous pourrons vraiment imposer la justice sociale à laquelle nous aspirons.