Nous publions ci-dessous trois résolutions destinées à amender le texte d’orientation du 49ème Congrès de la CGT. Nous les soumettons à l’attention des militants CGT, qui peuvent s’en inspirer dans le travail de discussion et d’amendement préalable au congrès.
Résolution n°1 – Remplace les paragraphes I-131 à I-157
Le capitalisme traverse sa plus grave crise internationale depuis la récession mondiale du début des années 30. C’est une crise classique de surproduction, qui a été précédée d’une spéculation financière massive. Les mesures de « relance » désespérées des gouvernements ne peuvent provoquer, au mieux, qu’un répit temporaire. Les capitalistes sont dans l’impasse, et ils s’acharnent surtout à faire payer la crise aux salariés, aux jeunes, aux chômeurs et aux retraités.
La reprise économique se fera au prix de la destruction d’une grande partie de l’appareil de production – accompagnée d’une explosion du chômage de masse – et de la casse des acquis sociaux. L’éclatement du code du travail, l’extension des contrats précaires, la baisse des revenus, la remise en cause des droits syndicaux et la dégradation des conditions de travail sont à l’ordre du jour.
Pour la CGT, cette perspective est inacceptable. Elle entend développer des luttes visant à la défense des intérêts des travailleurs, dans la perspective d’une rupture avec le capitalisme.
1) Les salariés ne peuvent tolérer le développement du chômage de masse. Il signifie l’extension de la grande misère et la dégradation constante des conditions de salaire et de travail de ceux qui conservent un emploi. Le droit au travail est un droit fondamental. Le congrès de la CGT s’oppose aux fermetures d’entreprises. Notre mot d’ordre : l’occupation et la nationalisation, sous le contrôle des salariés, des entreprises menacées de fermeture.
2) La CGT milite également pour un vaste programme de travaux publics, de façon à répondre aux besoins de la population en matière d’hôpitaux, d’écoles, de routes, etc., et à embaucher des chômeurs pour les construire. Dans le même temps, par une réduction de la semaine de travail, sans perte de salaire, il faut partager le travail disponible entre tous les travailleurs.
3) Il faut en finir avec le secret bancaire, ouvrir les comptes des entreprises. Les travailleurs doivent tout savoir de la spéculation, des escroqueries comptables, des transactions crapuleuses, des profits et des bonus faramineux.
4) Face à la crise et à ses conséquences désastreuses, il faut que les salariés prennent le contrôle de l’économie. En premier lieu, l’ensemble du système bancaire et financier doit être arraché des mains des spéculateurs. Il faut mettre un coup d’arrêt aux plans de sauvetage pour les riches. Il faut nationaliser les banques et les institutions financières, sous le contrôle et la gestion démocratique des salariés.
5) Le congrès de la CGT revendique également des salaires et des pensions décents pour tous. Ces revenus doivent être indexés sur le coût de la vie, à partir d’indices des prix élaborés par les syndicats.
Résolution n°2 - Remplace les paragraphes II-111 à II-120
Au cours de la dernière période, la CGT a appelé à cinq journées de mobilisation interprofessionnelle, en cinq mois, dans le cadre d’une intersyndicale regroupant les huit principales confédérations syndicales du pays. Des millions de travailleurs se sont mobilisés, à ces occasions. Cependant, ces journées d’action n’ont pas fait reculer le gouvernement et le patronat. La remise en cause des droits et des conditions de travail des salariés, le démantèlement des services publics et la destruction massive d’emplois se sont poursuivis.
Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner de la diminution sensible du nombre de participants aux mobilisations interprofessionnelles. Les deux dernières journées de mobilisation – les 13 juin et 7 octobre – ont été des échecs prévisibles. Beaucoup de salariés refusent de perdre une journée de salaire « pour rien ».
1) Le congrès prend acte de cet échec et propose un changement de stratégie. Les capitalistes et le gouvernement sont engagés dans une lutte implacable contre les conquêtes sociales précédemment gagnées par la classe ouvrière. Il ne peut y avoir de « partenariat social », sur cette base. Quant aux « journées d’actions », elles ont épuisé leur potentiel. Le congrès décide donc d’orienter l’ensemble des organisations CGT vers la préparation d’une grève générale reconductible, comme seul moyen de faire plier le gouvernement.
2) Les organisations CGT doivent toujours rechercher l’unité syndicale. Mais l’objectif de l’unité syndicale ne doit pas être un frein à la mise en œuvre d’une stratégie propre à la CGT, sur la base de ses propres revendications. Si l’unité syndicale signifie la limitation de l’action syndicale au dénominateur commun le plus bas, elle devient contre-productive. Sans jamais fermer la porte à des actions communes avec les autres confédérations syndicales, la CGT doit systématiquement préparer les salariés à la nécessité d’un mouvement de grève reconductible. Il faut dire la vérité aux salariés sur les limites de la stratégie des « journées d’action » – et en tirer toutes les conséquences stratégiques qui s’imposent.
3) Les négociations avec le patronat et le gouvernement n’ont de sens que sur la base d’un rapport de forces susceptible de les contraindre à reculer. Sans cela, les négociations et autres « consultations » servent le pouvoir en semant des illusions, chez les salariés, sur la possibilité de satisfaire nos revendications au moyen de simples discussions. Le congrès décide que la participation de la CGT à des consultations et des négociations avec le gouvernement sera conditionnée à la construction d’un rapport de forces susceptible de lui arracher des concessions. Et encore une fois, ce rapport de forces ne peut être établi que par un mouvement de grève reconductible.
Résolution n°3 – Remplace les paragraphes II-121 à II-138, III-64 à III-89, III-105 à III-122, III-139 à III-169 et III-179 à III-185.
Dans la période actuelle, les travailleurs ont plus que jamais besoin d’une CGT puissante, engagée avec détermination dans la lutte pour la défense de leurs salaires, de leurs droits et de leurs conditions de travail. Les capitalistes et leur gouvernement cherchent à affaiblir le mouvement syndical en l’intégrant à l’appareil d’Etat. Pour faire face à ces attaques et à ces pressions, il faut renforcer et démocratiser davantage notre organisation, à tous les niveaux.
1) Les adhérents CGT doivent contrôler leurs dirigeants et leurs représentants, qui doivent être élus et révocables. Les délégués et représentants syndicaux doivent être systématiquement élus par les adhérents de leur section syndicale. Des assemblées générales de syndiqués doivent être régulièrement tenues afin de nourrir les débats sur les revendications et la stratégie de la CGT. Il faut garantir un contrôle démocratique des élus et mandatés. Les délégués aux congrès – à quelque niveau que ce soit – doivent être formellement élus par leur base syndicale, au terme d’un débat démocratique dûment organisé.
2) Les adhérents CGT doivent pouvoir bénéficier d’une meilleure formation militante. C’est la condition d’un militantisme syndical de lutte et du contrôle démocratique de l’organisation par ses adhérents. La CGT doit être une école d’éducation populaire capable d’organiser de larges couches du salariat pour mener des luttes et les préparer au contrôle démocratique des entreprises et de l’économie. Dans cette perspective, il faut renforcer les structures interprofessionnelles que sont les Unions Locales des syndicats CGT.
3) La direction de chaque organisation CGT doit défendre un programme militant capable de mobiliser les travailleurs pour la défense de leurs emplois et de leurs conditions de vie. Tout en étant placés sous le contrôle démocratique des bases syndicales, les exécutifs doivent être en mesure de proposer un plan d’action. Ils ont aussi la responsabilité de garantir une coordination de ces plans d’action avec les différentes structures CGT, dans le souci de bâtir un rapport de forces victorieux.
4) Les nouvelles règles de représentativité syndicale renforcent le contrôle de l’Etat sur le mouvement syndical, dans les entreprises, et portent atteinte au libre choix des adhérents dans l’élection de leurs représentants. Le congrès rappelle que les représentants du syndicat dans l’entreprise doivent être placés sous le contrôle des adhérents de la CGT – et non de l’Etat. La CGT gagnera en audience auprès des salariés par la justesse de ses idées et par sa capacité à créer des conditions de luttes victorieuses, et non par la conclusion d’accords avec le patronat, sous l’égide de l’Etat. Le congrès décide de retirer la signature de la CGT de la « Position commune » du 9 avril 2008, qui est contraire aux principes d’un syndicalisme de lutte indépendant de l’appareil d’Etat.
5) La CGT demande l’abolition de toute la législation anti-syndicale en vigueur dans les entreprises de moins de cinquante salariés, et revendique le droit de constituer des sections syndicales et de désigner des délégués syndicaux dans tous les lieux de travail. La CGT revendique enfin l’abolition de toute limitation du droit de grève – notamment s’agissant des transports et de la fonction publique.