Après dix années de gouvernements de droite et d’attaques systématiques contre les conditions de vie de l’écrasante majorité de la population, la gauche a enfin remporté les élections législatives. Naturellement, ce résultat réjouit des millions de jeunes et de travailleurs qui ont subi les coups portés par la droite et les conséquences de la crise du capitalisme.
Révolution se félicite de la cuisante défaite de l’UMP et de ses alliés. Cependant, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault sera très rapidement confronté à l’extrême gravité de la situation économique. Contrairement à ce que prétendent Hollande et ses ministres, ils ne pourront pas à la fois satisfaire les « marchés » et les énormes besoins de tous ceux qui ont voté pour le PS. S’il ne s’en prend pas directement aux intérêts de la classe dirigeante – que personne n’a élue, mais qui contrôle les principaux leviers de l’économie –, le gouvernement n’aura pas d’autre alternative que de capituler et de mener une politique d’austérité sévère. Il n’y a pas de troisième voie.
Malgré une campagne militante exemplaire, le Front de Gauche perd plusieurs députés. Mais en réalité, ce recul en nombre d’élus cache une progression en nombre de voix : près de 700 000 de plus qu’en 2007, au premier tour. Dans telle ou telle circonscription (comme dans la Somme et à Vénissieux), des particularités locales ont pesé sur la défaite du candidat du Front de Gauche (ou, en l’occurrence, du PCF). Mais plus globalement, le fait est que le Parti Socialiste a davantage progressé que le Front de Gauche par rapport à 2007. Compte tenu du mode de scrutin, cela a nécessairement favorisé l’élection de candidats du Parti Socialiste et de ses alliés – au détriment de ceux du Front de Gauche.
Le résultat des législatives ne devrait en aucun cas décourager les militants du PCF et du Front de Gauche. Des centaines de milliers de jeunes, de travailleurs et de militants syndicaux se sont passionnés pour la campagne de Jean-Luc Mélenchon. C’est un acquis considérable. Les quatre millions de personnes qui ont voté pour le candidat du Front de Gauche à la présidentielle forment la colonne vertébrale d’une puissante opposition de gauche à la politique du gouvernement socialiste. Cette opposition gagnera en force au cours des mois et des années à venir. Le nombre d’élus du Front de Gauche à l’Assemblée nationale ne reflète ni sa base sociale actuelle, ni, surtout, sa base sociale potentielle.
Nous assistons à une polarisation croissante de la société – vers la gauche et vers la droite. C’est ce que montrent la progression du Front National et le recul du prétendu « centre ».
A ce stade, c’est le Parti Socialiste qui a le plus bénéficié du rejet de la droite. Cela s’explique, dans une large mesure, par les illusions de millions de travailleurs, jeunes, chômeurs et retraités qui espèrent que le gouvernement socialiste pourra « aménager » le système capitaliste à leur profit. Mais il est très probable que ces espoirs seront rapidement et cruellement déçus. Si le PS capitule aux pressions des marchés, il connaîtra les mêmes déboires que le PASOK grec.
Ce matin, le Conseil National du PCF a adopté une courte résolution qui est soumise au vote de tous les militants communistes. Ce texte se prononce contre la participation du PCF au gouvernement de Jean-Marc Ayrault. C’est conforme à ce que La Riposte et l’écrasante majorité des militants communistes souhaitent. Certaines formulations de la résolution nous semblent trop vagues. Par ailleurs, la résolution aborde deux questions – la participation gouvernementale et l’avenir du Front de Gauche – qui ne sont pas directement liées. Il eut été plus démocratique de les traiter séparément. Ceci étant dit, l’idée centrale de la résolution reste le refus de participer au gouvernement Ayrault. A ce titre, nous l’approuvons.