La Fête de l’Humanité 2011 fut, comme toujours, un événement très réussi. Pour la 12e année consécutive, La Riposte y participait. Et pour nous aussi, ce fut un grand succès. Le moment le plus fort de l’activité de notre stand principal, avenue Marcel Cachin, était la réunion publique organisée avec notre invité, le militant communiste grec Stamatis Karagiannopoulos (photo), rédacteur-en-chef du journal Marxistiki Foni. Le thème de la réunion était la crise en Grèce et en Europe.
Au début de son exposé, Stamatis a expliqué que « la question de la Grèce est au cœur des discussions au sein du mouvement ouvrier européen. Ceci ne s’explique pas, bien sûr, par le poids économique de la Grèce au sein de l’UE. La Grèce ne représente que 2 % du PIB européen. Sa dette ne s’élève qu’à 3 % de la dette totale des pays de la zone euro. Mais la Grèce est le maillon faible du capitalisme européen. Et le capitalisme européen est lui-même au cœur de la crise du capitalisme international. La crise de la zone euro n’est qu’une des manifestations de l’impasse du système à l’échelle mondiale. Les deux causes fondamentales de cette impasse sont : 1) la propriété privée des moyens de production ; 2) la division du monde en Etats nationaux concurrents. Ces deux éléments sont en contradiction avec le caractère social et international de l’économie – et engendrent de la surproduction par rapport à la demande. » Près de 70 personnes se sont serrées dans le stand pour écouter Stamatis. Nous aurions aimé que tous les communistes l’entendent. Nous publierons prochainement l’essentiel de son discours.
Comme chaque année, notre stand fut un lieu de rencontres et de discussion entre militants et sympathisants du PCF. En plus de notre journal, on y trouvait toutes nos brochures, soit une trentaine de titres couvrant un large éventail de sujets d’actualité, d’histoire et de théorie. Depuis quelques années, La Riposte s’est également lancée dans l’édition. Après la publication de L’Etat et la révolution et La maladie infantile du communisme, de Lénine, nous avons profité de la Fête de l’Huma pour lancer notre nouvelle édition du livre de Léon Trotsky, La révolution trahie. Dans ce livre, publié pour la première fois en 1936, Trotsky explique les causes de la dictature bureaucratique qui s’est progressivement installée en URSS. Il y montre que ce développement n’était inscrit ni dans les idées du marxisme, ni dans la « nature humaine », mais découlait d’un ensemble de conditions objectives, à commencer par l’isolement de la révolution russe après la défaite des révolutions allemande (1919-23) et chinoise (1925-27).
Pour cette nouvelle édition, préfacée par GO, rédacteur à La Riposte et membre du PCF Paris 10e, nous avons revu et corrigé la traduction originale de Victor Serge. La publication de livres est une branche d’activité que nous voulons développer davantage au cours des mois et des années à venir. De nombreux classiques de la littérature marxiste sont devenus pratiquement introuvables. D’autres sont vendus à des prix exorbitants. Publier des livres marxistes à des prix abordables et promouvoir ainsi l’étude et la discussion des idées fondamentales du marxisme – notamment, mais pas exclusivement, parmi les communistes – fait partie intégrante de notre lutte pour en finir avec le capitalisme.
Les habitués de la préparation de la Fête de l’Huma savent bien que monter un stand, le faire tourner et, après la fête, le démonter, constitue un travail énorme nécessitant une équipe sérieuse. Cette année comme les précédentes, La Riposte avait la chance d’avoir des camarades solides, efficaces et enthousiastes qui ont fait un travail remarquable. Chaque année, nous nous efforçons de tout planifier à l’avance et de parer à toute éventualité. Mais on ne peut jamais tout prévoir. Par exemple, qui pouvait prévoir que la clé de notre camionnette allait se casser, nous empêchant d’accéder à toute notre « marchandise » politique ? Nous avons dû utiliser les « gros moyens » pour la libérer ! De même, qui aurait pu anticiper l’implosion de notre machine à hot-dog – si ce n’est, il est vrai, ceux qui avaient assisté à un incident similaire, l’an passé ? Marx remarquait que les grands événements de l’histoire se répètent la première fois comme une tragédie, la deuxième comme une farce. Pour éviter la farce, nous jetons l’éponge. L’année prochaine, nous ferons peut-être quelque chose dans le domaine alimentaire, mais qu’on se rassure, ce ne sera pas des hot-dogs !
Pendant les trois jours de la Fête, nous avons vendu 283 brochures, 257 exemplaires de notre journal, 37 exemplaires de La révolution trahie et 25 exemplaires des deux livres de Lénine. Cependant, la recette globale de notre stand – comme de la plupart des stands, semble-t-il – était en recul par rapport à l’année précédente. De l’avis de nombreux camarades, la fréquentation de la Fête était en baisse par rapport à 2010, surtout le vendredi. La crise économique y est sans doute pour quelque chose. La Fête de l’Huma est avant tout fréquentée par les milieux populaires, qui subissent la montée du chômage et la baisse du pouvoir d’achat. Le prix de la vignette, oscillant entre 20 à 27 euros selon le lieu d’achat, a sans doute joué. Toujours est-il que la Fête a attiré des centaines de milliers de personnes et, comme chaque année, a constitué l’événement politique majeur de la rentrée. Les militants communistes qui la préparent et l’animent peuvent en être fiers. Aucun autre parti, en France, ne pourrait organiser quelque chose de semblable, ce qui suffit à balayer tous les discours à la mode sur la « mort » du PCF.