Sarkozy, ses ministres et son parti sombrent dans le marasme. Dans les palais luxueux et les hôtels particuliers où ils se régalent aux frais des contribuables, une pesante ambiance de fin de règne s’installe.
Les choses ont bien changé depuis l’époque du président bling-bling, grisé, confiant et frimeur, des « amis du Fouquet’s » et des ministres posant en couverture de magazines people. A l’époque, même la presse de droite essayait de mettre Sarkozy en garde, de l’inciter à plus de discrétion, à moins d’arrogance. Mais il ne voulait rien savoir. « Je serai jugé sur mes résultats », disait-il. Parlons-en, justement. Il a promis la croissance économique. La production et le commerce s’effondrent. Il a promis de créer des emplois et d’augmenter le pouvoir d’achat. Le chômage monte en flèche, pendant que la « grande misère » se généralise et s’aggrave. Et ainsi de suite.
Nous ne sommes évidemment pas au terme des rebondissements de « l’affaire Bettencourt ». Mais certaines choses sont d’ores et déjà clairement établies. On sait que les Woerth entretenaient d’étroites relations avec Liliane Bettencourt. Mme Woerth travaillait pour elle depuis 2007. On sait aussi que Mme Bettencourt a bénéficié de largesses fiscales que le Ministre Woerth pouvait difficilement ignorer. On sait enfin que Liliane Bettencourt, acquise à toutes les causes réactionnaires, a généreusement financé l’UMP. Et désormais, c’est Sarkozy lui-même qui est visé par de nouvelles accusations, selon lesquelles il aurait été directement impliqué dans les pratiques corrompues de ce milieu capitaliste pourri, auquel il appartient.
Les preuves formelles des accusations visant Woerth et Sarkozy n’existent pas encore – ou, si elles existent, elles ne sont pas encore connues du grand public. Mais franchement, qui s’en étonnerait ? Après tout, l’affaire Bettencourt n’est qu’une illustration parmi d’autres des liens étroits qui existent entre ce gouvernement et les grands capitalistes. Sarkozy travaille au service exclusif de cette classe parasitaire de millionnaires – et de milliardaires – qui ont ruiné le pays. Quand les banques engrangeaient des profits colossaux, elles les gardaient. Mais quand elles ont fait des pertes, le gouvernement leur a versé des dizaines de milliards d’euros, faisant au passage grimper la dette publique à des niveaux inédits. Les caisses sont vides quand il s’agit de financer les retraites, la sécurité sociale, le logement, l’éducation ou la santé. Mais les fonds ne manquent pas lorsqu’il s’agit de renflouer les caisses de banques et des multinationales.
Woerth devrait démissionner. Sarkozy – avec ses 26 % d’opinion favorable – devrait également démissionner. Le gouvernement dans son ensemble est complètement discrédité. Affaire Bettencourt ou pas, ce gouvernement n’offre aucune autre perspective que la destruction systématique de toutes les conquêtes sociales du passé. De quel droit Sarkozy peut-il geler les salaires des fonctionnaires, lorsqu’il a doublé ou triplé le sien ? Les ministres et députés de droite prétendent expliquer aux travailleurs la « réalité » de la situation, concernant les retraites. Mais quelle est la « réalité » de leurs retraites, à eux ? Et vivent-ils comme nous – ou sont-ils, eux, à l’abri de tout ce qu’ils nous infligent ?
La politique de Sarkozy ne tombe pas du ciel. Elle répond aux intérêts de la classe capitaliste. Face à la décomposition avancée de ce gouvernement réactionnaire, un remaniement ne changera rien. Le PCF et le PS devraient exiger des élections présidentielles et législatives anticipées, et profiter de cette occasion pour présenter une alternative sérieuse au capitalisme. Notre parti doit mobiliser la population pour chasser le gouvernement de droite le plus vite possible. Ceci dit, il ne suffira pas de mettre à sa place un gouvernement de gauche « modéré », qui n’oserait pas prendre les mesures qui s’imposent pour briser le pouvoir économique des capitalistes. Disons la vérité aux travailleurs, à la jeunesse, aux retraités : il ne sera pas possible de défendre l’emploi et d’en finir avec la régression sociale tant que nous tolèrerons une situation où les banques, l’industrie, le commerce et l’économie en général sont concentrés entre les mains d’une minorité capitaliste.
Tout en présentant un programme de mesures « immédiates » autour desquelles les travailleurs peuvent se mobiliser, il importe que le parti explique aussi clairement que possible la nécessité d’exproprier les capitalistes et de placer tous les leviers de la finance, de la production et de la distribution entre les mains des salariés eux-mêmes. Ces idées auraient un impact majeur, dans le contexte actuel. Le capitalisme a fait son temps. Nous avons besoin d’une société nouvelle, d’une société socialiste, sans le pouvoir arbitraire des capitalistes, sans la Bourse. Sur la base du socialisme, les gigantesques ressources de l’économie permettraient de financer correctement les retraites, la santé, le système éducatif – et d’éradiquer la pauvreté et la précarité qui frappent ou guettent les travailleurs, aujourd’hui.
De même, face aux privilèges, à la corruption et aux abus de pouvoir qui gangrènent les sommets de l’Etat, nous devons mener campagne pour populariser les idées fondamentales du communisme. A l’instar des Communards de 1871, le PCF doit proclamer haut et fort la nécessité d’épurer l’administration publique des politiciens véreux et intéressés. Les Communards insistaient pour qu’aucun représentant du peuple travailleur ne puisse mener un train de vie supérieur à celui d’un ouvrier qualifié. Et ils avaient fixé la règle suivante : tous les représentants du peuples doivent être élus et révocables à tout moment. Ce sont là de « vieilles idées », diront certains. Peut-être. Mais elles sont toujours d’une brûlante actualité. Si le PCF ne les explique pas aux travailleurs, personne ne le fera à sa place.