10 ans, 10 lois. Le marché de l’électricité, en France, ne cesse de subir les assauts des politiciens de droite. Pour eux, une entreprise publique est un « abus de position dominante ». Leur credo : tout privatiser, tout livrer aux spéculateurs capitalistes.
Le Sénat a récemment adopté la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité). Concoctée par Sarkozy et sa clique, cette loi obligerait EDF à vendre aux opérateurs privés – POWEO, Direct Energie, GDF-Suez – 25% de sa production nucléaire, le tout à un tarif proche du coût de production. Cette vente forcée s’ajouterait aux 20 % de production d’électricité déjà mis à la disposition du privé sur Powernext, bourse d’échange de l’électricité. En outre, la loi NOME prévoit de mettre un terme aux « tarifs régulés » de l’électricité, c’est-à-dire aux prix fixés par l’Etat – et qui sont trop bas pour que « le marché » soit suffisamment juteux !
Le marché de l’électricité avait déjà été ouvert à la concurrence. Mais malgré les campagnes racoleuses des concurrents d’EDF, l’écrasante majorité des français n’ont pas quitté l’opérateur historique. Confrontés à ce phénomène – et au « problème » des tarifs régulés –, les concurrents d’EDF peinent à développer leurs parts de marché. Ils ne font pas assez de profits. Qu’à cela ne tienne ! La loi NOME va faire monter artificiellement les prix – et ouvrir de nouveaux espaces aux spéculateurs privés. La CGT Energie dénonce un hold-up pur et simple.
Selon Jean-Louis Mathias, directeur exécutif d’EDF, « cette loi sera la plus importante pour l’organisation du secteur électrique en France depuis 1946, date de création d’EDF ». Mais les conséquences en seront désastreuses tant pour les usagers (devenus des clients) que pour l’entreprise EDF et ses salariés. Les usagers payeront l’addition en termes de prix et de qualité du service. Quel que soit le prix auquel EDF vendra son électricité, tous les fournisseurs privés chercheront à faire une marge. Des chiffres circulent déjà (+20 %). Les fournisseurs de tous bords se frottent les mains.
Pour les entreprises, le chantage à la délocalisation va repartir de plus belle. Si le coût de l’énergie est trop important, on file ailleurs !
Enfin, les investissements dans la production électrique et la sécurité nucléaire ne peuvent que pâtir de cette loi. Puisqu’ils auront accès à une part importante de la manne nucléaire d’EDF (payée avec l’argent du contribuable), les fournisseurs privés n’auront pas besoin d’investir dans de nouvelles unités de production. Ils se contenteront d’encaisser les profits ! Quant à EDF, elle sera tentée de prolonger la vie de ses centrales nucléaires, pour pallier au manque d’investissements.
Les fournisseurs privés attendent cette loi avec impatience. « Sans la réforme nous devrons abandonner nos 400 000 clients de détail et les rendre à l’opérateur historique », s’alarme Wolfgang Anzengruber, président du directoire de Verbund, une entreprise autrichienne qui contrôle Poweo. « Tout retard dans la loi NOME constitue une charge supplémentaire pour les opérateurs alternatifs », prévient Fabien Chone, directeur général de Direct Energie. Et ainsi de suite. L’enthousiasme des capitalistes est général.
Nous pensons qu’il est temps de rappeler que la concurrence sur un produit qui ne se stocke pas et se transporte mal est une aberration. Nous revendiquons la création d’un pôle public de l’énergie autour d’EDF et GDF renationalisés. Au-delà de la question de l’énergie, il est temps que la gauche et le mouvement syndical se réapproprient une des mesures phares du programme du Conseil National de la Résistance : « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques ».
Pour signer la pétition contre la loi NOME, rendez-vous sur l’excellent site :http://www.poursavoir.fr
Sébastien Lascaux (PCF – CGT EDF)