La situation dans les hôpitaux est critique. Progressivement tous arrivent à saturation, ce qui perturbe leur fonctionnement aux dépens de certains services tels que ceux réalisant des IVG. Selon le collectif Avortement en Europe les femmes décident, « certains établissements hospitaliers et certains centres de planification n’assurent plus leurs missions dans ce domaine, soit pour prioriser les soins aux personnes atteintes gravement par le coronavirus – avec la fermeture des créneaux de blocs opératoires pour les IVG instrumentales –, soit par manque de matériel de protection pour le personnel d’accueil et soignant. ». Le pic de l’épidémie n’étant pas encore atteint, il est impératif de prendre des mesures d’urgence.
Des structures déjà insuffisantes avant la crise sanitaire
Avant l’épidémie, le nombre de structures pratiquant des IVG était déjà insuffisant. En temps normal, le délai d’attente moyen – entre la prise de rendez-vous pour réaliser un avortement et sa réalisation – est d’une semaine. Mais cela n’est qu’une moyenne : dans la pratique, de nombreuses femmes sont confrontées à des délais beaucoup plus longs, et rencontrent toutes sortes d’obstacles.
Avec la crise sanitaire, les délais d’attente vont s’allonger – notamment dans les régions les plus touchées – et des femmes risquent de se retrouver hors du délai légal pour avorter. Dans une note à destination des personnels de santé, le collège national des gynécologues et des obstétriciens préconise le recours aux IVG médicamenteuses (IVGM) à domicile. Mais les plannings familiaux, qui peuvent effectuer des IVGM, sont confrontés à une absence de masques et de matériel de protection.
Pour des mesures d’urgence
Devant la gravité de la situation, plusieurs associations, dont le Planning familial, réclament des mesures exceptionnelles. En premier, elles demandent un allongement du délai légal pour pratiquer une IVG. Autre mesure préconisée par le collectif Avortement en Europe les femmes décident : la suppression du deuxième rendez-vous obligatoire pour les mineures. Il s’agit de mesures de bon sens. Mais pas pour le gouvernement, qui a refusé un amendement proposant d’allonger le délai d’accès à l’avortement de 12 à 14 semaines, pendant l’épidémie.
Pour le gouvernement, la priorité est au « soutien à l’économie », c’est-à-dire à la préservation des profits des grandes entreprises. Dans les 25 ordonnances du gouvernement, rien n’est prévu pour répondre aux inquiétudes légitimes des associations concernant le droit à l’IVG.
Une grossesse non désirée est une source d’angoisse pour de très nombreuses femmes. Dans le contexte actuel, cette angoisse est démultipliée par le confinement.
Le gouvernement devrait prendre des mesures pour garantir et étendre le droit à l’avortement. Dans l’immédiat les cliniques privées doivent être réquisitionnées pour suppléer aux hôpitaux publics et du matériel adéquat doit être distribué à l’ensemble du personnel de santé et aux bénévoles des plannings familiaux. Le délai légal pour pratiquer une IVG doit être allongé à 24 semaines – et les procédures d’accès facilitées.