Le PCF fait campagne, pour les élections européennes, dans le cadre d’un « Front de Gauche » qui comprend notamment le Parti de Gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon. Ce Front débouchera donc sur des listes communes du PCF et du PG, auxquels viendront s’ajouter d’autres militants de gauche, syndicaux ou associatifs.
Comme à chaque élection, La Riposte participera activement à la campagne électorale et appellera à voter pour les listes soutenues par le PCF. Face à la crise du capitalisme et aux attaques du gouvernement Sarkozy, il faut infliger une cinglante défaite électorale à la droite. Cela renforcera le moral et la combativité de tous ceux qui luttent contre le capitalisme et ses graves conséquences sociales.
Ceci dit, force est de constater que le Front de Gauche ne fait pas l’unanimité, à la base du parti. Nombre de camarades s’inquiètent de voir le PCF s’associer trop étroitement à Jean-Luc Mélenchon, qui est connu pour ses innombrables volte-face (voir ici). Les adhérents du parti n’ont pas été préalablement consultés, sur cette démarche. En effet, le texte que la direction a soumis au vote des sections, lors du Congrès du PCF, n’en disait rien. Un paragraphe mentionnant ce Front y a été rajouté après le vote des militants, ce qui montre que même ses initiateurs, aux sommets du parti, sentaient qu’il ne susciterait pas l’enthousiasme de tous les militants communistes.
« Unité »
La direction du PCF vante le caractère « unitaire » du Front de Gauche. La Riposte n’est pas hostile, en général, à des accords entre le PCF et d’autres formations de gauche. Mais quel est le poids relatif des forces qui composent le Front de Gauche ? La réponse est évidente : le PCF est, de très loin, la composante la plus importante de ce Front, en termes d’enracinement social et militant. Le Parti de Mélenchon et les différentes petites organisations qui pourraient s’agréger au Front de gauche ne pèsent pratiquement rien, face au PCF. C’est « l’unité » de deux forces très inégales.
Les communistes ont déjà connu cette situation, lors de la première phase de la campagne des présidentielles de 2007. Ils n’en gardent pas un excellent souvenir. La direction du parti avait alors décidé qu’au lieu de faire campagne sous son propre drapeau, le PCF devait animer des « collectifs anti-libéraux ». A l’époque, de nombreux militants espéraient que ces « collectifs » permettraient de renouer les liens entre le PCF et une partie de son électorat potentiel. Mais comme nous l’écrivions, en décembre 2006, l’expérience a montré « qu’à quelques exceptions près, la création des “collectifs” n’a pas mis le parti en contact avec une couche plus large de la population, mais seulement avec une flopée bigarrée d’ex-communistes, d’ex-socialistes, de gauchistes divers et autres “indépendants” plus ou moins petits-bourgeois, qui n’ont apporté au mouvement que démoralisation et confusion. »
Après l’échec de cette stratégie, aux présidentielles, nombre de militants communistes espéraient sans doute que la direction allait tourner la page et corriger le tir. Il n’en est rien. Le Front de Gauche relève de la même logique. Sous couvert « d’unité », le PCF se met à la remorque et au service de petites organisations réformistes – et des grandes ambitions de leurs dirigeants. Depuis qu’il a quitté le PS, Jean-Luc Mélenchon ne représente que lui-même et les quelques militants socialistes qui l’ont suivi. Aussi accueille-t-il à bras ouverts l’idée d’être soutenu par les ressources, la presse et l’appareil militant du PCF. En 2007, José Bové voulait lui aussi bénéficier des mêmes faveurs. Aujourd’hui, il a rallié Cohn-Bendit et d’autres fervents défenseurs du capitalisme.
Le programme
Un autre problème que pose ce Front de Gauche, c’est son programme. Par exemple, Mélenchon suggère de renforcer les barrières douanières aux frontières de l’Union Européenne, pour, explique-t-il, « protéger » nos industries et nos emplois. Cette politique protectionniste n’apporterait rien aux salariés. Son seul résultat serait d’aggraver la crise économique, comme ce fut le cas dans les années 30.
Par ailleurs, il ne suffit pas de dire que nous sommes contre le traité de Lisbonne. Le PCF devrait profiter des élections européennes pour expliquer à la jeunesse et aux travailleurs qu’une « Europe sociale » – comme une France « sociale », d’ailleurs – est impossible sur la base du capitalisme. Il faut en finir avec le système lui-même. Il faut arracher les grands leviers de l’économie des mains de la petite minorité de profiteurs qui les possèdent. Cette revendication devrait constituer l’axe central du programme du PCF.