Voilà que nous avons entamé « l’année du renouveau », selon l’appellation saugrenue de Sarkozy. Ce qui se renouvelle, surtout, c’est l’activité destructrice du gouvernement et du patronat. La taxe carbone – qui n’est qu’un prétexte « écologique » pour transférer le fardeau de la fiscalité sur les ménages, et compenser ainsi le cadeau fait aux capitalistes par la suppression de la taxe professionnelle – réapparaîtra sous une forme légèrement modifiée. Les suppressions de postes dans l’Education nationale et les hôpitaux se poursuivront, elles aussi, tout comme le harcèlement des chômeurs et la répression des travailleurs sans papiers. De même, les retraites sont de nouveau dans le collimateur. Effectivement, à bien des égards, 2010 ne sera qu’un « renouvellement » de ce que nous avons subi en 2009, en 2008, en 2007 et bien au-delà !

Sarkozy prétend que 2009 a été « une année difficile pour nous tous ». Tous ? Il est permis d’en douter. Le chef de l’Etat a joui pleinement – tout au long de l’année – de l’énorme augmentation de salaire qu’il s’est accordée, en début de mandat. Peu de travailleurs peuvent se payer des repas au Fouquet’s – qui, soit dit en passant, est loin d’être le restaurant le plus cher fréquenté par le président. Après ses vacances de luxe à la charge de ses amis, après ses déplacements en grande pompe qui remplissent trois ou quatre avions aux frais de la collectivité, on nous a annoncé le « renouvellement » de la totalité des huit avions de la flotte présidentielle. En outre, Sarkozy ne voyait pas pourquoi il n’aurait pas, à sa disposition exclusive, un avion aussi luxueux que l’Air Force One du président des Etats-Unis. D’où une dépense de 185 millions d’euros pour l’aménagement spécial d’un A330. Le coût de l’heure de vol, sur cet engin, sera de 20 000 euros, contre 12 000 euros pour un A319. Les extravagances de Nicolas Sarkozy, en ces « temps difficiles », ne s’arrêtent pas là. Nous pourrions également parler des dîners diplomatiques à 5000 euros par tête, lors du sommet de l’Union pour la Méditerranée.

Mais il n’y a pas que Sarkozy. Les banquiers – renfloués avec l’argent public – affichent des bilans dorés. Comme l’ensemble de la classe capitaliste, ils ne souffrent pas de la crise. Les capitalistes n’en sont pas les victimes, mais la cause. La crise ne tombe pas du ciel. Elle est la conséquence de l’action des capitalistes pour défendre leurs profits. Quand ils délocalisent une entreprise, provoquant la ruine de centaines de familles, ils le font pour en augmenter la rentabilité. Les profits grimpent en même temps que le nombre de chômeurs. Tout le système « fonctionne » au détriment de la majorité de la population. Des emplois disparaissent massivement. Les plus durement touchés sont les salariés en CDD et autres contrats précaires. Les salaires stagnent ou baissent, les primes, les intéressements et autres avantages sautent. Rares sont les salariés qui n’ont pas vu leurs revenus baisser d’une façon ou d’une autre. L’augmentation des prix de pratiquement tous les produits de consommation courante – quoi qu’en disent les statistiques officielles – est une évidence pour tout le monde. Année après année, mois après mois, le pouvoir d’achat de l’euro dégringole.

Quelles sont les perspectives sociales et politiques qui découlent de cette situation ? Il y a en ce moment, il est vrai, une certaine désorientation, un sentiment d’impuissance, chez nombre de travailleurs, y compris dans la couche politiquement et syndicalement la plus active de la classe ouvrière. Ce n’est pas difficile à expliquer. La crise les a pris de court. Aucune des directions des grandes organisations syndicales et politiques ne les avait prévenus de ce qui les attendait. En outre, malgré d’immenses manifestations, malgré des grèves, des occupations d’usines, rien ne semble pouvoir arrêter le rouleau compresseur de la régression sociale. Par expérience, ils doutent fort que les dirigeants actuels des partis de gauche soient une alternative crédible. Lorsqu’elle a été au pouvoir, depuis 1981, la gauche n’a été que le masque temporaire derrière lequel le système capitaliste continuait de tourner, comme toujours.

Les événements actuels en Iran et dans plusieurs pays latino-américains, où l’on assiste à une entrée massive de la population dans l’arène politique, peuvent sembler impensables en France ou dans d’autres pays européens. Mais ceci n’est qu’une impression superficielle. En Iran, au Venezuela ou en France, les mêmes lois historiques s’appliquent. Lorsque l’ordre existant fait la démonstration, sur une période plus ou moins longue, de son incapacité à répondre aux besoins essentiels de la masse de la population, et lorsque cette masse réalise qu’il ne s’agit pas d’une crise passagère, surmontable au moyen de quelques réformes, alors vient à l’ordre du jour une confrontation majeure entre les classes. Le mouvement communiste et syndical doit s’y préparer.

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