En se prononçant pour des listes du Front de Gauche, au 1er tour des régionales, le Conseil National du PCF paraissait offrir un autre choix, à gauche, que celui porté par le PS ou Europe Ecologie. Un bémol à cela, quand même : la position du CN laissait la porte ouverte à des accords avec le PS dès le 1er tour, du fait de « situations locales » où un score insuffisant ne permettrait pas de fusionner, entre les deux tours. N’était ce pas ouvrir la boîte de Pandore ?
C’est ce qui s’est passé en Poitou-Charentes, où les 106 militants délégués par leurs fédérations étaient réunis le 7 novembre, à Niort, en Conférence Régionale. Le débat fut vif. Les délégués de la Charente, des Deux-Sèvres et de la Vienne se sont exprimés – pour la plupart – pour un Front de Gauche autonome par rapport au PS. Mais une majorité de délégués de Charente-Maritime se prononçait pour faire liste commune avec Ségolène Royal, dès le 1er tour. Triée sur le volet, la délégation de Charente-Maritime – la plus grande fédération de la région – s’est trouvée majoritaire, lors de cette Conférence Régionale. Le vote final a donc donné 54 voix pour une alliance avec le PS, dès le 1er tour, et 42 voix pour une liste indépendante du Front de Gauche.
Mais les débats sont devenus houleux au moment de rédiger le bulletin de vote qui serait soumis aux militants, lors de la consultation interne des 19, 20 et 21 novembre. Le président de séance, par ailleurs secrétaire fédéral de Charente-Maritime, considérait que seule la proposition majoritaire devait figurer, sur le bulletin – « pour ou contre ». Et encore cette rédaction du bulletin de vote ne laissait-elle même pas apparaître clairement qu’il s’agissait d’une alliance dès le 1er tour avec le PS et Ségolène Royal. Cette manœuvre a soulevé une telle fronde, dans la conférence, que Pierre Laurent – présent pour l’occasion – a dû intervenir pour justifier la présence du choix minoritaire, sur le bulletin de vote.
On regrette que l’Humanité du 9 novembre ait semé la confusion dans l’article Le PCF débat en régions. Alors que pour les Pays de la Loire, le journaliste a écrit : « les militants trancheront », il a écrit que dans le cas du Poitou-Charentes, « c’est le choix d’une liste avec le PS qui l’a emporté », formule reprise par la télévision régionale. Comme si les militants du Poitou-Charentes n’allaient pas, eux, « trancher » par leur vote.
Avant la consultation de l’ensemble des adhérents, un document régional du parti a été adressé à tous les adhérents, par courrier. Mais pour dire combien la situation a été confuse jusqu’au bout, la fédération de Charente-Maritime a adressé, dans le même temps, une lettre de trois pages à tous les adhérents de la région, pour expliquer « qu’il n’y a pas d’obstacle objectif à une liste de large rassemblement à gauche conduite par S. Royal ».
Cependant, les militants communistes ont rejeté, par leur vote, la position adoptée en Conférence Régionale. Les 1113 votants, sur 1567 inscrits, se sont prononcés à 58% pour le Front de Gauche. 42% des votants se sont prononcés pour une alliance avec le PS dès le 1er tour.
Les militants communistes qui ont fait ce choix sont conscients du fait qu’il se traduira sans doute par l’élection d’un moindre nombre d’élus communistes, au Conseil Régional de Poitou-Charentes. Mais ils ont privilégié des perspectives politiques plus claires, courageuses et combatives. Et pour aller jusqu’au bout de cette démarche, le PCF régional doit désormais exclure de fusionner, au deuxième tour, avec une liste PS-MoDem, ce que certains semblent malheureusement envisager.
Une véritable alternative à la droite et au capitalisme : tel doit être notre credo.