Pour la quatrième fois depuis 1993, le gouvernement s’attaque aux retraites. Cette « réforme » n’est pas la première et ne sera certainement pas la dernière. Car le véritable programme de la droite et des capitalistes, c’est de parvenir, de réforme en réforme, à la destruction totale des retraites. Il s’agit de briser un acquis primordial des luttes de l’après-guerre. Ils veulent livrer la provision des retraites aux assurances privées. Cela représente un marché potentiel colossal que les capitalistes convoitent avidement. Pour eux, l’idéal serait un système privé de « capitalisation » individuelle. Et tant pis si beaucoup de travailleurs ne pourraient pas se le payer. Pour la classe dirigeante, rien ne doit échapper à la loi du profit.
Si les caisses de retraite sont formellement en déficit, c’est bien parce que les capitalistes – les mêmes qui insistent sur la nécessité de la réforme – jettent des dizaines de milliers de salariés dans la rue, chaque mois. Pour sauvegarder leur sacro-sainte « rentabilité », ils sont en train de saccager l’économie. La destruction de l’emploi dans l’intérêt des capitalistes est devenue un prétexte à la destruction des retraites – toujours dans l’intérêt des capitalistes.
Depuis longtemps, les conditions de retraite des travailleurs se dégradent. En 15 ans, le niveau moyen des pensions a baissé de 20 %. Ceux qui n’ont pas assez cotisé – pour cause de salaires de misère ou de longues périodes de chômage – doivent se contenter du minimum vieillesse : 672 euros par mois. Pendant ce temps, les seigneurs du CAC 40 continuent de se goinfrer avec des retraites en or. Par exemple, Zaccharias Antoine, ex-patron de Vinci, parti à la retraite en 2006, toucherait une pension annuelle de 2,2 millions d’euros, soit 272 fois le minimum vieillesse !
On vivrait trop longtemps !
Le gouvernement s’est offert une pleine page, dans toute la presse quotidienne, pour nous expliquer que l’espérance de vie est passée de 66 ans, en 1950, à 81 ans en 2010. Nous serions donc menacés par un véritable « choc démographique ». Conclusion : « il va falloir travailler plus longtemps » – ce qui, dans les faits, se traduira soit par un report de l’âge de départ à la retraite, soit par une baisse des pensions. Ce message du gouvernement et du Medef est martelé sur tous les tons, du matin au soir, dans le but d’affaiblir la mobilisation syndicale.
L’argument de la droite sur l’allongement de l’espérance de vie est une vaste supercherie. D’une part, ces chiffres cachent de grandes inégalités. L’espérance de vie d’un salarié de l’industrie est de 10 ans inférieure à celle des patrons qui engrangent les profits. Les parasites capitalistes vivent bien plus longtemps que ceux qui créent les richesses. A ce propos, il serait intéressant de connaître le montant des pensions de tous ces ministres, sénateurs et députés qui estiment que les retraites des travailleurs sont trop importantes !
N’oublions pas, surtout, que l’augmentation de l’espérance de vie s’est accompagnée d’une augmentation considérable de la productivité du travail. En 2010, un travailleur produit en moyenne 4 fois plus de richesses qu’en 1950 ! D’où la revendication historique du mouvement ouvrier pour baisser le temps de travail, qu’il s’agisse du temps de travail hebdomadaire, des congés payés ou du droit à la retraite à 60 ans.
Depuis 1990, on assiste à un assèchement volontaire et planifié des cotisations de retraites. Les patrons en sont exonérés lorsqu’ils payent un salarié moins d’1,6 fois le SMIC. Cela représente près de la moitié des salaires. Par ailleurs, l’indexation des retraites sur les prix, et non plus sur l’augmentation des salaires, a marqué un recul. Autre recul imposé par l’une des dernières « réformes » : dans le secteur privé, le calcul des retraites se fait sur les 25 meilleures années, et non plus les dix meilleures. Et à présent, le gouvernement voudrait modifier le mode de calcul des pensions dans la Fonction publique, où elles sont encore calculées sur le salaire de fin de carrière.
En finir avec le capitalisme
Le fond du problème, c’est que le capitalisme ne peut plus tolérer les conquêtes sociales du passé, dans le domaine des retraites comme dans tous les autres domaines. La classe dirigeante veut nous faire payer la crise dont elle est responsable en s’attaquant à l’éducation, à la santé, au logement, aux retraites, à l’assurance chômage, aux droits des salariés, etc. Les communistes et le mouvement syndical doivent préparer une riposte à la hauteur de cette offensive. Il est hors de question d’accepter le moindre recul supplémentaire. Si on laisse passer cette réforme, il y en aura une autre dans quelques années, puis une autre – jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.
La remise en cause de nos retraites est une nouvelle preuve du caractère réactionnaire du système capitaliste. Ce système est devenu complètement incompatible avec les intérêts fondamentaux de la vaste majorité de la population. C’est pourquoi, comme communistes, nous devons lier la lutte contre cette réforme à la nécessité d’en finir avec le capitalisme. Il faut en finir avec la dictature économique d’une minorité de profiteurs. Le programme du socialisme est plus que jamais d’actualité. Les énormes richesses de ce pays, les banques, la grande industrie, la grande distribution, doivent être nationalisées et placées sous le contrôle démocratique des salariés, dans le cadre d’un plan de production au service de tous.