Le marché des jeux vidéo a généré près de 38 milliards d’euros de chiffres d’affaires, en 2010. Les analystes tablent sur 54 milliards d’euros en 2014. Bien entendu, les principaux clients de cette industrie très lucrative sont les jeunes.
La presse s’interroge souvent sur l’impact psychologique de la violence de certains jeux. Mais ce qui est généralement passé sous silence, c’est l’énorme potentiel de ce secteur en matière de propagande pro-capitaliste et pro-impérialiste. Cela n’a pas échappé aux fabricants. Prenons l’exemple du jeu Call Of Duty Modern Warfare 2. En seulement trois semaines, il s’est vendu à 55 millions d’exemplaires, pour un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars. On y incarne un soldat en guerre contre les « méchants Russes », qui sont alliés à de tout aussi méchants pays arabes. Cette maléfique coalition veut lancer une bombe nucléaire sur les Etats-Unis. Votre mission est donc de les en empêcher – en tuant, cela va de soi, un maximum de soldats russes et arabes.
Après le triomphe de ce Call of Duty (« L’Appel du Devoir »), les développeurs ont sorti un nouvel opus : Call of Duty Black Ops. Il a pulvérisé tous les records de vente : 5,6 millions d’exemplaires en une semaine. La première mission se déroule à Cuba. Votre « devoir » est de tuer Fidel Castro, rien de moins. En satané communiste qu’il est, il veut lui aussi raser les Etats-Unis à coups de bombes atomiques. Mais Castro est un malin. Au moment où le joueur croit avoir accompli sa noble mission, il découvre qu’il a « malheureusement » tué un sosie de Fidel. Il est ensuite expédié dans un goulag soviétique. Il réussit à s’en échapper et retourne aux Etats-Unis, où le Président Kennedy en personne lui confie la tâche d’empêcher les « terroristes » communistes d’attaquer les Etats-Unis et de détruire le monde. Il repart donc, la fleur au fusil, tuer des Viet-cong au Vietnam, des communistes au Laos, et ainsi de suite.
La propagande anti-communiste atteignait déjà des sommets avec les films de James Bond, etc. Mais dans le cas de ces jeux, on n’est pas passifs. Avec Call of Duty Black Ops, des millions de jeunes pressent un bouton, comme on presse la détente d’un pistolet, pour tuer de sang-froid Fidel Castro. On brûle au lance-flammes des dizaines de milliers de Vietnamiens. Ce sont ces actes meurtriers qui vous font progresser dans le jeu. On vous récompense par de nouvelles armes qui vous permettent de mieux accomplir vos crimes. La guerre du Vietnam, qui dans la vraie vie s’est soldée par des millions de morts, n’est qu’un divertissement chez d’innombrables jeunes qui s’amusent à virtuellement massacrer des hommes pour défendre l’impérialisme américain.
Il est évident que les amateurs de ces jeux ne tombent pas tous dans le panneau, loin s’en faut. Mais il n’empêche que l’intention est claire. Le premier objectif des capitalistes de ce secteur est de faire un maximum de profit. Le deuxième – autant « joindre l’utile à l’agréable » – est de véhiculer l’idée que les impérialistes font la guerre pour de nobles causes, pour protéger le monde des méchants terroristes, et non pour conquérir des marchés et des sphères d’influence. Ici, la fiction rejoint la réalité : les scénarios de ces jeux se basent sur les mensonges réels des impérialistes.