La crise économique ne frappe pas tous les secteurs. Il en est un qui se porte mieux que jamais : celui de la propagande raciste. L’organisation d’une « conférence européenne sur l’immigration », à Vichy, était une provocation froidement calculée par Sarkozy et Hortefeux.
Dans un registre plus hypocrite, la droite a pris l’habitude de stigmatiser la population d’origine maghrébine au nom de la « république » et de la « laïcité ». En 2003, au lendemain d’une puissante mobilisation contre la casse des retraites, le gouvernement Raffarin a fait voter une loi interdisant le port de signes religieux à l’école. C’est en réalité le port du voile islamique qui était visé – et, derrière lui, la population musulmane. Pendant près de deux mois, les médias capitalistes et les politiciens ont saturé le pays de ce « débat ».
A l’époque, La Riposte faisait partie des rares organisations à s’opposer à cette loi et à cette tentative cynique de diviser les travailleurs suivant des lignes religieuses et nationales. Depuis, la droite ne rate pas une occasion de répéter la manoeuvre. Au moindre événement qui s’y prête, l’UMP convoque une conférence de presse et vole solennellement au secours de la république. Un jour, les médias alimentent la rumeur que les sous-sols d’une grande entreprise abritent de « véritables mosquées » – et, qui sait, peut-être pire. Un autre jour, une polémique éclate sur un mariage annulé pour cause de non-virginité. Des dizaines d’articles et d’émissions ont été consacrés à la question de savoir si cette annulation était compatible avec les « valeurs de la république française ». Plus récemment, lorsque la Marseillaise a été sifflée, sur un terrain de football, tous les ministres se sont déclarés « scandalisés », etc.
Les partis de gauche et les syndicats ne doivent pas prendre à la légère ces opérations de propagande soigneusement orchestrées. Dans un contexte de crise économique et d’aggravation de la pauvreté et des inégalités sociales, la classe capitaliste va chercher à multiplier les leurres, à faire feu de tout bois pour alimenter la haine raciale. Les organisations du mouvement ouvrier ont le devoir de lutter contre toute tentative de diviser les rangs du salariat. Mais malheureusement, le républicanisme bourgeois a contaminé les sommets de ces mêmes organisations, ce qui facilite le travail des propagandistes de l’UMP : à chacune de leurs opérations médiatiques, ils ne se heurtent à aucune opposition sérieuse.
La république actuelle est capitaliste. Elle est réactionnaire et corrompue de fond en comble. Elle a fait de sa devise une pure hypocrisie. La « liberté » est surtout celle des capitalistes, qui sont libres de licencier, de fermer des entreprises, de les délocaliser, libres de ruiner l’économie, de détruire les services publics, de persécuter les syndicalistes. « L’égalité » est un vain mot. Elle n’existe pas et n’existera jamais sous le capitalisme. Comment peut-il y avoir égalité entre exploiteurs et exploités ? Quant à la « fraternité », elle se réduit à la soumission de l’immense majorité de la population à la volonté et l’avarice d’une poignée de capitalistes et de banquiers.
La seule république qui mérite d’être défendue, c’est une république socialiste, dans laquelle il n’y aura ni Bourse, ni capitalistes, ni banquiers, où l’économie ne sera plus soumise aux forces aveugles et destructrices du marché, mais sera organisée consciemment et démocratiquement par la collectivité, et où toutes les manifestations de l’oppression des travailleurs et de la jeunesse seront éradiquées, parce que ceux-ci seront devenus les maîtres de la société.