Les associations caritatives ont de plus en plus de mal à financer leurs activités. Cela s’explique d’abord par la diminution des aides publiques (Etat et communes), qui baissent de 0,2 % par an, en moyenne. A cela s’ajoutent les effets catastrophiques de la suppression de nombreux emplois aidés, sachant que 38 % de ces contrats sont signés par des associations.
Jusqu’à récemment, cette baisse du financement public était partiellement compensée par les dons. Or 2018 a marqué une chute record des dons : moins 10 % pour l’AFM [1] et moins 8 % pour les Restos du Cœur, par exemple. C’est pour partie une conséquence de la baisse du pouvoir d’achat de la majorité de la population, sous l’impact de la crise et des politiques d’austérité. Les donateurs les plus modestes donnent moins parce qu’ils ont eux-mêmes des difficultés financières croissantes.
Plus surprenant, au premier abord : les associations constatent une très nette diminution des sommes versées par les donateurs les plus riches, dont les revenus ne cessent pourtant d’augmenter [2]. Comment l’expliquer ? Tous les responsables d’associations caritatives le disent : c’est une affaire d’optimisation fiscale. Jusqu’à récemment, les riches donateurs assujettis à l’ISF bénéficiaient d’un abattement d’impôt de 75 %, en contrepartie de leurs dons. Cela représentait 273 millions d’euros de dons en 2017, soit 204 millions d’euros d’abattement fiscal. Bref, les plus riches donnaient à condition que... ça leur rapporte. Avec la suppression de l’ISF, leurs dons ne sont plus défiscalisés, ne sont plus compensés, ne rapportent plus rien. Résultat : leur « générosité » vacille...
[1] Association française contre les myopathies.
[2] D’après Oxfam, 1 % des Français les plus fortunés détenaient 22 % des richesses du pays, en 2017, contre 17 % en 2007.