En 2020, pour la première fois, le budget du ministère de la Culture devrait atteindre le seuil des 10 milliards d’euros. Le ministre Frank Riester s’en est d’autant plus vanté que ce budget s’émiettait depuis 2012, austérité oblige.

Tours de passe-passe

Cependant, cette hausse est en trompe-l’œil. Elle provient, d’une part, d’un tour de passe-passe budgétaire consistant à intégrer des recettes qui en étaient autrefois exclues. D’autre part, le périmètre de ce ministère a été élargi. Il prend désormais en charge des missions – comme l’éducation artistique – qui étaient jusqu’alors du ressort de l’Education nationale.

Par contre, les travailleurs de la Culture ne verront rien de la hausse budgétaire annoncée. Pire, des coupes drastiques sont prévues dans la formation professionnelle et la création d’emplois (– 50 % par rapport au plan initial de 2017). Or, beaucoup de travailleurs de ce secteur sont déjà très précaires, comme nous le rappellent les grèves régulières des intermittents.

Inégalités

Par ailleurs, ce budget renforce les profondes inégalités dans l’accès à la culture. Les grands centres urbains sont les mieux dotés en théâtres, scènes chorégraphiques, etc., tandis que les zones rurales et les banlieues manquent cruellement d’infrastructures. Or si le budget national de la culture est « en hausse » (on a vu comment), celui de la plupart des municipalités est en baisse. Les communes jouent pourtant un rôle énorme : gestion des bibliothèques, subventions locales… Cela signifie que seules les grandes villes auront les moyens de développer une politique culturelle locale. Pour les autres, il ne reste souvent que la « solution » du bénévolat, ce qui renforce la précarité du secteur.

Tout comme le recours au mécénat privé, une telle politique ne peut que déboucher sur une normalisation de la culture. Les financements se concentreront sur les œuvres à la mode, les théâtres centenaires et les grands festivals – en oubliant les MJC, les compagnies locales et la plupart des initiatives associatives.

Enfin, la baisse des subventions publiques signifie que leur obtention va prendre de plus en plus de place dans la vie des artistes. Une compagnie théâtrale va consacrer beaucoup plus de temps à obtenir des financements de plus en plus rares, au détriment de la création artistique elle-même.

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