Entre janvier 1997 et mars 2019, pas moins de 338 maternités ont été fermées, sur un total de 835, soit environ 40 %. Conséquence : le nombre de femmes en âge de procréer vivant à plus de 45 minutes d’une maternité a plus que doublé, passant de 290 000 à 716 000.
La fermeture des maternités dans les zones périurbaines et rurales s’inscrit dans la destruction des différents services publics vitaux de ces territoires, depuis de nombreuses années.
Le 18 février 2019, à Die, dans la Drôme, un bébé est mort in utero pendant le trajet vers la maternité de Montélimar. Les services de maternité et de chirurgie d’urgence de l’hôpital de Die avaient fermé le 31 décembre 2017. À Saint-Claude, dans le Jura, une femme a accouché dans une ambulance, sur le trajet de l’hôpital. Là encore, la maternité de proximité avait récemment fermé.
Selon une étude de l’INSERM de 2005-2006, le risque de naissances en dehors de l’hôpital est plus de deux fois supérieur pour les femmes vivant à plus de 30 km d’une maternité, comparé à celles qui vivent à moins de 5 km d’une maternité. L’écart est encore plus grand pour les femmes ayant déjà accouché plusieurs fois. En 2013, une étude réalisée en Bourgogne observait que pour des temps supérieurs à 45 minutes, les taux bruts de mortinatalité passent de 0,46 % à 0,86 % et ceux de mortalité périnatale de 0,64 % à 1,07 %.
En outre, l’allongement des temps de trajets demande une organisation plus importante, ce qui génère un stress supplémentaire pour les parents. Ces déplacements ont aussi un coût. Il faut payer le carburant – et éventuellement une chambre d’hôtel pour être plus proches de l’hôpital lorsque la grossesse arrive à son terme. Les plus précaires ne peuvent pas se le permettre. Enfin, certaines femmes n’ont plus les moyens de faire les derniers examens de grossesse, dans la maternité où aura lieu l’accouchement.
L’ensemble du secteur de la santé est violemment impacté par la politique des gouvernements successifs. Infirmiers, urgentistes, sages-femmes et médecins sont en première ligne face à la détresse des usagers. Leurs conditions de travail se dégradent au-delà de ce qui est humainement supportable. Une société incapable de prendre soin de ses membres – et qui traite si mal ceux qui ont fait du soin leur vocation – est une société malade. Le seul remède serait d’investir massivement dans le secteur de la santé et de permettre à tous un accès gratuit et de qualité aux soins. La politique du gouvernement Macron est aux antipodes de cette ambition. Raison de plus pour en finir avec lui.