Depuis le début de la crise sanitaire, le mot d’ordre de « grève des loyers » a gagné en popularité. Aux Etats-Unis, selon le Wall Street Journal, un tiers des locataires n’ont pas payé leur loyer d’avril. Dans un certain nombre de cas, cela découle d’une décision collective. Depuis le 2 avril, des quartiers entiers de New York et de Los Angeles, par exemple, participent à cette action collective.
En Espagne, des syndicats de locataires ont appelé à la grève des loyers à partir du 1er avril. Pour les familles, les salariés, les petits commerçants ou les auto-entrepreneurs qui n’ont plus de revenus, payer leur loyer n’est pas une option envisageable : « si nous ne sommes pas rémunérés, nous ne payons pas », dit leur slogan. Cet appel a eu un puissant écho à travers le pays. Les syndicats de locataires insistent sur la nécessité d’une réponse collective. Ils appellent les locataires à prendre contact avec eux pour participer à la grève. Ils ont également annoncé la création d’une caisse de grève virtuelle, qui permettra d’assurer « une couverture légale » aux grévistes en cas de procédures juridiques.
Ces collectifs attendent une réponse du gouvernement « socialiste » de Pedro Sánchez, qui s’est contenté de suspendre les expulsions (pendant six mois) et d’ouvrir l’accès à des « microcrédits » à taux zéro, pour permettre le paiement des loyers. Cette « solution » n’est pas satisfaisante, car les locataires sans revenus ne veulent pas s’endetter indéfiniment. Comme l’a déclaré le militant Ferrán Elias, impliqué dans ce mouvement de grève, « c’est honteux de demander aux plus vulnérables de s’endetter pour pouvoir continuer de payer leur loyer. Les décisions du gouvernement vont, pour le moment, dans le même sens qu’après la crise de 2008 : protéger les grands propriétaires et les banques. Or eux aussi doivent assumer leur part du coût de la crise. »
Le mot d’ordre de la grève des loyers commence également à se répandre parmi les étudiants du Danemark, et notamment les étudiants étrangers : l’agence qui les a aidés à s’installer menace désormais d’expulser ceux qui ne peuvent pas payer leur loyer. Dans le même temps, elle demande à ceux qui sont rentrés dans leur pays d’origine – pour s’y confiner – de payer le loyer d’un logement qu’ils n’habitent pas...
Au Canada, où un million de travailleurs ont récemment perdu leur emploi, la grève des loyers – à partir du 1er avril – est devenue une réalité. Des milliers de locataires se sont organisés en ligne. Dans les années qui ont précédé l’apparition du coronavirus, la plupart des locataires canadiens ont subi une très rapide augmentation des loyers. La pandémie a été l’élément déclencheur d’un mouvement qui se préparait depuis longtemps.
Cette grève des loyers au Canada est une merveilleuse démonstration du pouvoir de la classe ouvrière. Comme l’expliquent nos camarades canadiens, ce mouvement doit désormais s’étendre au plus grand nombre de locataires possible. Des comités de locataires doivent être constitués pour fournir au mouvement une direction démocratique. La technologie moderne rend tout à fait possibles ces assemblées où les grévistes pourraient discuter de leurs tactiques et de leurs revendications. Un syndicat des locataires pourrait émerger pour coordonner les revendications du mouvement et de les présenter au gouvernement et aux propriétaires.
Cette coordination démocratique convaincrait les autres locataires que la grève des loyers est sérieuse et bien organisée. La condition de la victoire, c’est un mouvement massif et militant. Lui seul pourra porter des revendications visant à la fois les propriétaires et le gouvernement : moratoire immédiat sur les loyers, baisse des loyers, arrêt immédiat des expulsions, paiement complet du salaire pour tous les travailleurs confinés ou licenciés, construction massive de logements abordables.