Dans le département des Deux-Sèvres, la situation de l’emploi continue de se dégrader. De juin 2008 à juin 2009, le chômage a fait un bond de 21%. Sur la même période, la hausse moyenne, en Poitou-Charentes, a été de 17%. Sur un an, le nombre de licenciements économiques a fait un bond de 50%. La liquidation de Camif Particuliers a eu un fort impact, avec 780 licenciements. Et cette situation risque de s’aggraver, fin novembre, à la date fatidique de fin la du CTP (Contrat de Transition Professionnel, tant vanté par le gouvernement) pour les licenciés qui en étaient bénéficiaires. Nombreux d’entre eux, à ce jour, n’ont pas retrouvé d’emploi.
A cela s’est ajouté, chez Heuliez (automobile), un « plan social » qui, sur 1000 salariés, en laisse 400 salariés sur le carreau.
En mars dernier, Matelsom, leader français de la vente de literies sur internet, reprenait ce qui restait de Camif Particuliers : essentiellement la marque Camif et le site Camif.fr. Pour cette reprise, Matelsom s’associait à deux partenaires : Téléperformance et Géodis. Lors de cette annonce, Ségolène Royal, la présidente de région, déclarait : « Ce projet offre des perspectives à de nombreuses personnes sans emploi dans un bassin niortais durement touché ces derniers mois ». Elle qualifiait ce projet de reprise « d’ambitieux, mené par des entreprises innovantes, agiles, des entreprises qui investissent et qui avancent en temps de crise, démontrant qu’il n’y pas de fatalité ».
A quel prix se réalise cette « reprise », pour le contribuable ? Sur les 9 millions d’euros d’emprunts contractés par Matelsom, le Conseil Régional a apporté sa garantie à hauteur de 4,5 millions d’euros. A cela s’ajoute une subvention de 970 000 euros, qui ira directement dans les caisses de Matelsom. Une moitié de cette somme est prise en charge par la Région ; l’autre moitié par le département des Deux-Sèvres et la communauté d’agglomération de Niort.
Téléperformance, partenaire de cette opération juteuse, annonce la création d’un plateau téléphonique, sur Niort, qui créera 150 emplois. Mais dans le même temps, cette entreprise envisage de supprimer 157 postes, à Paris et à Lyon, et de fermer des sites à Paris, Montigny et Pantin. Téléperformance a annoncé un chiffre d’affaires consolidé de 946,7 millions, au 1er semestre 2009 !
Heuliez, également, a bénéficié de fonds publics. Le cabinet Bernard Krieff Consulting (BKC) – sorte de nouveau Tapie – s’est engagé à conserver 600 des 1000 salariés d’Heuliez. La Région, quant à elle, fait son entrée dans le capital de la filiale Heuliez Electrique qui va être constituée. L’Etat, via le fonds stratégique d’investissement (FSI), s’est engagé à verser 10 millions d’euros, et la région Poitou-Charentes 5 millions d’euros.
Si on fait le compte, ce sont des financements publics pour un solde d’emploi négatif. Dans le même temps, l’Etat allège encore les charges patronales en supprimant la taxe professionnelle. On demande aux contribuables, victimes des plans sociaux, de renflouer les caisses des entreprises privées qui licencient ! Avec quelles perspectives ? Ces entreprises encaissent les subventions, puis, dans leur course au profit, nous préparent de nouveaux « plans sociaux ». Il faut mettre un terme à ce scandale. Lorsqu’une entreprise menace de fermer, délocaliser ou licencier, les partis de gauche doivent militer pour sa nationalisation, sous le contrôle des salariés.