André Gerin (député PCF), Eric Raoult (député UMP) et plusieurs autres élus de droite agissent ensemble, « au-delà des clivages partisans », pour que le port de la burqa soit interdit dans ce qu’ils appellent « l’espace public ». La Riposte s’oppose à ce projet et invite tous les communistes à faire de même. Les idées nationalistes d’André Gerin ne sont pas représentatives des communistes, qui, dans leur immense majorité, comprennent que tout ce tintamarre sur la burqa et l’identité nationale n’est qu’une manipulation politique visant à exciter l’opinion contre la communauté musulmane.
André Gerin ne jure que par la « civilisation » et les soi-disant « valeurs » qu’incarne, selon lui, la république capitaliste française. Il semble persuadé que la meilleure façon d’affaiblir le Front National, sur le plan électoral, c’est d’adopter ses idées. Dans son livre Les Ghettos de la République – préfacé et encensé par Eric Raoult –, il reprend entièrement à son compte l’infâme discours de Chirac sur « le bruit et l’odeur » des étrangers.
Dans une déclaration publiée en novembre dernier, Gerin fustige « les fondamentalistes qui instrumentalisent la deuxième religion de France pour jeter bas tout progrès de la civilisation, depuis la Renaissance et le siècle des Lumières. » Or, soyons clairs : La Riposte n’a absolument aucune complaisance à l’égard des fondamentalistes islamiques. Nous sommes marxistes et, par conséquent, matérialistes et athées. Indiscutablement, les fondamentalistes – islamiques, chrétiens, juifs, etc. – instrumentalisent le sentiment religieux à leurs propres fins réactionnaires. Cependant, nous sommes tout aussi hostiles au nationalisme bleu-blanc-rouge que véhiculent Gerin, Raoult et leurs semblables. Ce nationalisme est également une forme d’instrumentalisation politique à des fins réactionnaires.
Si une partie de la population est ouverte aux discours des fondamentalistes, c’est notamment parce que, depuis 1981, quinze ans de gouvernement de gauche, dont huit avec la participation du PCF, n’ont pas répondu aux besoins et aux aspirations de cette population. Dans les cités où certains élus ô combien « civilisés » – et au niveau de vie tout à fait convenable – s’alarment de l’influence des religieux, le taux de chômage tourne aux alentours de 40 à 50%. Les gens vivent dans une misère noire et ne voient pas d’issue. Au fond, la religion est une consolation, face à la misère, aux humiliations et aux discriminations quotidiennes. C’est une tentative de retrouver une identité et une dignité, pour ainsi dire.
Notons aussi que la « civilisation française » a été édifiée, « depuis la Renaissance et le siècle des Lumières » – et bien plus tard – au moyen de guerres, de l’esclavage, de l’exploitation brutale, du pillage et du massacre systématique des peuples du Maghreb et d’Afrique noire – entre autres. On peut donc les excuser, n’est-ce pas, d’être sceptiques à l’égard des vertus de cette « civilisation républicaine ».
Sur la question précise de la burqa, si une femme est contrainte de la porter, elle doit pouvoir se libérer de cette contrainte – y compris, si nécessaire, en recourrant à la loi. Par contre, s’il est inacceptable que des femmes soient forcées – par leur mari ou leur entourage – de porter la burqa, il est tout aussi inacceptable que l’Etat et la loi leur interdisent de porter ce vêtement, que ce soit dans « l’espace public » ou ailleurs.