Le cauchemar pour un patron (en dehors du fait que ses ouvriers soient tous communistes), c’est le lundi matin : « Tous les salariés vont-ils venir ? La production sera-t-elle assurée ? Vais-je perdre de l’argent s’il manque un ou plusieurs salariés ? ». Qu’à cela ne tienne, La Poste à trouvé la solution. Plus il y a de malades, plus La Poste gagne de l’argent. Alors, bien sûr, vous n’aurez pas forcément votre courrier tous les jours, comme c’était le cas auparavant. Mais La Poste n’est plus vraiment un service public. C’est désormais une entreprise soumise à la concurrence – et dont l’objectif est de dégager des profits. Avant de commencer mon explication, je rappelle qu’un employé malade n’est pas payé les trois premiers jours d’absence (sauf pour les fonctionnaires, qui sont en voie de disparition à La Poste).
A La Poste, un facteur est payé 6 h 30 par jour. Lorsqu’un facteur est malade (disons un mercredi), ses collègues (5 facteurs) se répartissent sa tournée et seront payés 45 mn de plus. Donc, si je calcule bien (et je calcule bien) cela fait 3 h 45 de paye supplémentaire (5 fois 45mn). Ainsi, pour un facteur malade, La Poste économise 2 h 45 de salaire (6 h 30 moins 3 h 45). On pourrait me répondre : « oui, mais les 45 mn de travail supplémentaire sont payées en heures supplémentaires ». Eh bien non. Car le gouvernement de droite a fait voter la loi TEPA, qui prévoit une défiscalisation des heures supplémentaires. En conséquence, une heure supplémentaire coûte moins cher au patron que la première heure de travail. Et La Poste gagne donc beaucoup d’argent grâce aux… facteurs malades.
A ceci vient s’ajouter le récent système dit « facteur d’avenir », suivant lequel les facteurs se répartissent déjà une tournée tous les lundis et mardis, pour qu’un facteur prenne ses RTT et que La Poste ne perde pas d’argent à payer des facteurs remplaçants. Supposons maintenant qu’un facteur soit malade le lundi. Ses collègues ne pourront pas assurer le partage des deux tournées. Ainsi, une tournée restera « à découvert » : le courrier ne sera pas distribué. Le lendemain, le facteur (souvent un remplaçant) aura le double de travail. Logiquement, si on double le travail, alors on double la paye. Mais non ! Ces dernières semaines, une nouvelle directive de La Poste vient de sortir : les facteurs remplaçants effectuant une double tournée ne seront payés que 2 h supplémentaires maximum. Donc, si par bonheur (pour les dirigeants de La Poste) un facteur est malade le lundi ou le mardi, vous n’aurez pas de courrier, mais La Poste économisera plus de 4 h de salaire. Mieux encore, dans le cas d’une tournée « à découvert », les primes de rendement de l’ensemble des facteurs seront diminuées. Elle n’est pas merveilleuse la vie des capitalistes ? L’objectif est non seulement de gagner de l’argent, mais aussi de créer des tensions entre facteurs.
Voici comment les dirigeants de La Poste justifient ces mesures : « Notre intérêt n’est pas que les facteurs multiplient les doubles tournées, ceci reste exceptionnel, car sinon les facteurs seront fatigués et nous multiplierons alors les maladies et les accidents de travail ». Sans blague ? N’est-ce pas là précisément l’objectif de La Poste ? Mieux encore que l’exploitation pure et dure, La Poste a inventé un système où moins l’entreprise fonctionne, moins les employés sont en forme, et plus elle gagne d’argent ! Qu’attendons-nous pour nous révolter ? D’avoir le courrier tous les trois jours ? D’avoir des facteurs cassés, malades et déprimés ? Révoltons-nous contre leurs méthodes injustes de Négriers. Nous ne sommes pas leurs esclaves et La Poste doit rester à notre service.