Il y a 3 ans de cela, le 10 août 2007, la loi L.R.U. était adoptée à l’Assemblée nationale, en pleines vacances d’été. Pour rappel, cette loi vise à rendre les universités françaises « autonomes » dans les domaines budgétaires et des ressources humaines – et leur permet notamment de devenir propriétaires de leurs locaux. En clair, l’Etat transfère des responsabilités aux universités et refuse de garantir l’égalité territoriale. Désormais, les universités doivent se faire concurrence pour chercher des financements publics et/ou privés.
Cependant, cette loi n’était que la première salve d’une série d’attaques contre le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les mesures dites « plan campus » et la réforme du statut des enseignants-chercheurs sont venues renforcer cette privatisation rampante de l’université.
A l’époque, la ministre de l’Education, Valérie Pécresse, promettait que ces réformes ne remettraient pas en cause le service public, que les frais d’inscriptions resteraient les mêmes, au niveau national, et que l’Etat continuerait de financer en majorité les universités – mais selon une « logique de mérite » plutôt que selon une « logique de besoin ». Aujourd’hui, où en sommes-nous ? On constate que les universités les plus riches sont devenues encore plus riches – et que les universités les plus pauvres sont de plus en plus étranglées, financièrement. De plus, de nombreuses universités cherchent à se financer en piochant dans la poche des étudiants.
A Paris, l’université de Paris-Dauphine a choisi de passer au statut de « grand établissement », ce qui lui permet de fixer elle-même le montant de l’inscription à ses diplômes. Alors que les frais d’inscription nationaux sont actuellement de 231 euros, le Conseil d’Administration (CA) de cette université a décidé, le 1er février, que certains diplômes de Dauphine coûteront jusqu’à 4000 euros. A l’époque des grèves étudiantes de 2008/2009, l’UNEF avait appelé à la fin de la grève contre diverses promesses du gouvernement, notamment en matière de frais d’inscription. Aujourd’hui, lorsque l’UNEF rappelle sa promesse à Valérie Pécresse, celle-ci répond que l’augmentation décidée par le CA de Dauphine est tout à fait légale, puisque ce type de décisions relève désormais de la compétence des CA !
A Lyon, Lionel Collet, président de l’université Lyon 1, président de la Conférence des Présidents d’Universités et partisan indéfectible de la loi L.R.U, a récemment annoncé sa volonté de faire passer son université au statut de « grand établissement ». Il ne fait nul doute que, comme à Dauphine, les diplômes de Lyon 1 connaîtront alors une forte augmentation de leurs frais d’inscription. A l’avenir, les cas de Dauphine et de Lyon 1 risquent de se multiplier, les universités étant contraintes de chercher de nouveaux financements à cause du désengagement de l’Etat. Le projet du gouvernement est clair : créer une université à deux vitesses. D’un côté, une dizaine de pôles universitaires d’excellence réservés aux enfants des plus riches. De l’autre côté, des universités pauvres destinées à former la masse des jeunes issus des classes populaires dans des filières courtes et fortement professionnalisées. Il s’agit aussi, bien sûr, de « faire des économies », alors que les banques et les multinationales, elles, ont reçu des milliards d’euros.
Tant que les capitalistes contrôleront l’économie, il sera impossible d’assurer une égalité réelle entre les jeunes. Par leur argent et leurs réseaux, les plus riches seront toujours capables de favoriser leurs enfants par rapport aux enfants des travailleurs. Il faut donc inscrire les luttes contre la privatisation de l’université dans le cadre d’une lutte globale contre le capitalisme, qui n’offre aucun avenir digne de ce nom aux travailleurs et à la grande majorité des étudiants. Les mouvements étudiant et ouvrier ont plus que jamais rendez-vous, dans la lutte, pour en finir avec ce système.