Les 14 et 15 mars dernier s’est tenu à Lahore le 34e congrès de The Struggle, section pakistanaise de la Tendance Marxiste Internationale (TMI). L’organisation du congrès fut un véritable casse-tête en raison de la situation au Pakistan. Ces derniers mois, l’augmentation du nombre d’attentats terroristes a fourni au gouvernement un prétexte pour restreindre les libertés démocratiques. Les citoyens ordinaires subissent d’incessants contrôles d’identité, fouilles et perquisitions. De nombreux camarades délégués ont été arrêtés sur le chemin du congrès.
A cela s’ajoute un contexte économique très difficile : les hausses des prix et du chômage ont empêché certains camarades de venir, faute de moyens. Malgré tout, plus de 2800 personnes ont participé à l’événement. Des travailleurs, des étudiants et des paysans ont afflué des quatre coins du pays, des montagnes du Baloutchistan au désert du Sindh.
Lors de la première session du congrès, le camarade Lal Khan a introduit les débats sur la situation internationale. Pour les camarades de la TMI invités de Suisse, de Belgique et d’Afrique du Sud, ce fut l’occasion d’expliquer la situation dans leurs pays respectifs et de parler du développement de leurs sections.
L’après-midi, le camarade Adam Pal a introduit la session consacrée aux perspectives pour le Pakistan. Il a détaillé la crise actuelle de l’Etat pakistanais et d’une économie basée sur la corruption, les trafics divers et le secteur informel. « Il y a des scissions ouvertes dans l’appareil d’Etat », a expliqué Adam. « Ils se battent pour des contrats et des pots-de-vin pendant que le sang coule dans les rues. Ils disent qu’ils combattent les talibans, mais ils les financent. Les terroristes n’existeraient pas sans le soutien de l’Etat. »
Au cours de la discussion, de nombreux camarades ont pris la parole pour expliquer la situation dans leur région – ou pour aborder différents points des perspectives pour le pays. Une camarade femme de Multan a parlé du mouvement des travailleuses au Pakistan. Elle a attaqué le féminisme bourgeois et expliqué que les femmes ne seront jamais libres sous le capitalisme. La question nationale, brûlante au Pakistan, a également été abordée.
En fin d’après-midi, le congrès s’est divisé en trois commissions thématiques : les syndicats, les femmes et la jeunesse.
Le deuxième jour, deux attentats à la bombe ont eu lieu à Lahore, mais les camarades ont refusé de se laisser intimider. Les débats se sont ouverts, comme toujours, par des chants et des poèmes révolutionnaires.
La matinée était dédiée à l’histoire de la révolution chinoise et du régime maoïste. Lal Khan a expliqué le concept marxiste d’« Etat ouvrier déformé » et a expliqué les étapes du rétablissement du capitalisme en Chine. La discussion a permis d’élever le niveau politique de nos camarades sur cette question très importante en Asie.
La session suivante portait sur l’état et les projets de l’organisation. Le camarade Paras a expliqué la difficulté de construire une organisation révolutionnaire face à l’hostilité conjuguée de l’Etat, des fondamentalistes et des fascistes.
L’organisation actuelle a de grandes forces, mais aussi des faiblesses, a expliqué Paras. Il a insisté sur l’importance des sections locales, où les camarades se forment, politiquement, et organisent l’activité militante. Celle-ci doit encore étendre son champ d’action. « Nous avons besoin d’un meilleur appareil, de davantage de locaux dans toutes les régions », a-t-il expliqué. « Nos camarades sont intervenus dans toutes les luttes du pays. Nous travaillons dans plusieurs organisations étudiantes. Notre travail auprès des femmes s’est développé, mais nous ne devons pas en rester là. Nous devons aller de l’avant et prolonger ce travail auprès des étudiantes, des infirmières, des cuisinières et plus encore. Des femmes révolutionnaires attireront d’autres femmes [vers la révolution]. »
Le dimanche après-midi, la liste du nouveau Comité Central a été présentée et adoptée. Il est composé de 49 camarades. En fin de congrès, le camarade Rob Sewell, de Londres, a déclaré ne jamais avoir vu autant d’enthousiasme et d’engagement : « Ce congrès représente une étape importante dans notre développement, on peut même dire un nouveau départ. » Le congrès s’est terminé par des chants révolutionnaires et une manifestation dans les rues de Lahore.