Depuis fin janvier, les enseignants vacataires du département de Sciences Politiques de l’université de Lyon 2 sont en grève. Ce qu’ils revendiquent est simple : un contrat de travail. Alors qu’ils assurent des Travaux Dirigés (TD) surchargés et qu’ils ont été réquisitionnés par l’administration pour surveiller nombre de partiels, les enseignants de ce département travaillent depuis septembre dernier sans aucun contrat – et ne reçoivent donc aucun salaire. Avant de s’engager dans une grève, ils ont organisé plusieurs rassemblements devant la Direction des Ressources Humaines de l’université. Ils ont chaque fois mobilisé autour de 150 personnes. Ils ont eu également recours à la rétention de notes, ce qui mettait les services de la fac dans l’incapacité de valider – ou non – le semestre des étudiants.
Dès avant la grève, la solidarité étudiante avec les vacataires en lutte s’est organisée et s’est exprimée à travers des Assemblées Générales qui, à plusieurs reprises, ont réuni 200 personnes. Y participaient à la fois des étudiants et des enseignants. Une plate-forme de revendications de base en a émergé, qui demandait : la signature de contrats, bien sûr ; l’augmentation du nombre de contrats statutaires ; le paiement des heures effectuées au premier semestre par le corps enseignant et les personnels ; la simplification de la procédure d’inscription en doctorat et l’exonération des frais d’inscription pour tous les doctorants vacataires ; la non-fermeture de TD quelques jours seulement avant la reprise des cours, comme cela arrive dans certains cas ; et enfin la limitation des TD à 30 élèves (ils en accueillent jusqu’à 50 actuellement). Cette plate-forme a été défendue par le Collectif des vacataires de Lyon 2.
La direction de l’université n’a réagi qu’après plusieurs semaines de mobilisations, donnant une réponse début février seulement. Elle propose de régler les différents contrats au cas par cas et affirme que le retard de paiement des salaires est dû à l’absence de deux ou trois employés aux ressources humaines, qui n’ont pas été remplacés pour faire des économies. Cela n’a pas empêché le président de l’université, Jean-Luc Mayaud, de recevoir une prime de 6 700 euros pour des cours qu’il n’a jamais assurés – et qu’il remboursera, finalement, face aux protestations que cela a soulevées.
Ce mouvement des vacataires ne vient pas de nulle part. Déjà, au premier semestre de l’année universitaire, le département des Arts du Spectacle de Lyon 2 s’était mobilisé contre la fermeture pure et simple d’un certain nombre de ses TD. Quelques concessions – fragiles et temporaires – ont été obtenues, à l’époque. Quant aux étudiants, ils se sont mobilisés contre la répression. L’année dernière, plusieurs syndicalistes étudiants ont été poursuivis et condamnés, dont un est désormais dans l’incapacité d’étudier à Lyon 2 pendant cinq ans.
Fin février, la grève était toujours en cours et avait même tendance à se développer. Certains enseignants d’autres départements, notamment des Langues et Arts du Spectacle, se montrent solidaires du mouvement à titre individuel, même s’ils n’ont pas encore voté la grève. Des mouvements de la même nature ont cours à Toulouse et Paris, par exemple.
La politique menée par Mayaud est pleinement conforme à la politique appliquée à l’échelle nationale pour l’enseignement supérieur : privatisation et coupes budgétaires. Le mouvement des vacataires est un exemple et une inspiration pour l’ensemble des personnels et étudiants des universités. Il mérite toute notre solidarité !