Source: CC Ludovic Godard - UFC

Cet été, deux députés ont présenté un rapport parlementaire d’une soixantaine de pages intitulé Les impacts des réformes successives du baccalauréat professionnel. Les deux rapporteurs, Géraldine Bannier (MoDem) et Jean-Claude Raux (EELV) – qui ne sont pourtant pas des bolcheviks – y étrillent les nombreuses réformes successives subies par cette filière.

Les critiques présentes dans ce rapport soulignent une évidence : le rôle de ces réformes n’était pas d’améliorer la formation des jeunes, mais de réduire les coûts de la voie professionnelle, dans le cadre des coupes budgétaires qu’exige la profonde crise du capitalisme français. Cela permet aussi au patronat d’accéder à une main-d’œuvre à très bas coût, grâce à la surexploitation des apprentis.

Des diplômes au rabais 

Les deux mandats de Macron ont été particulièrement destructeurs pour la voie professionnelle. En 2018, la (bien mal nommée) loi « Liberté de choisir son avenir professionnel » supprimait plusieurs mesures protégeant les mineurs en formation. En 2019, le ministre Blanquer réduisait d’un tiers le volume horaire des enseignements généraux (c’est-à-dire les matières qui ne relèvent pas strictement de la formation professionnelle). Fin 2022, Macron annonçait l’augmentation de 50 % du temps passé par les élèves de bac pro en stage en entreprise.

Sous la pression des enseignants et des familles, le gouvernement a reculé sur cette dernière mesure, mais l’objectif de réduire encore la formation générale au profit des stages en entreprise est demeuré intact. La dernière innovation en date dans ce but s’appelle le « parcours en Y ». La plupart des épreuves du baccalauréat professionnel ont ainsi été avancées au mois de mai, au lieu de fin juin comme d’ordinaire. Après quoi, la scolarité de l’élève de Terminale peut bifurquer : il peut, au choix, rester au lycée et suivre des cours censés lui garantir le niveau nécessaire à une poursuite d’études, ou repartir en entreprise pour gagner quatre sous.

Dans les deux cas, l’élève doit revenir au lycée en fin d’année pour passer ses derniers examens, après une déscolarisation de plusieurs semaines pour ceux – largement majoritaires – qui ont choisi l’entreprise. Tout est fait pour pousser les élèves vers l’entreprise et les priver d’enseignements généraux.

Comme on pouvait s’y attendre, l’expérimentation de cette mesure en mai 2025 a été un fiasco qui a entraîné une désorganisation maximale, tant en termes d’emplois du temps que de gestion des salles et de réorganisation des classes. De nombreux enseignants se sont retrouvés devant de minuscules groupes d’élèves, à devoir improviser un cours censé assurer « le niveau » à des élèves qui suivront des voies très différentes dans l’enseignement supérieur. Devant les syndicats, le ministère de l’Education a pourtant confirmé, fin août, sa volonté de renouveler pour cette année scolaire le « parcours en Y », moyennant quelques aménagements cosmétiques. 

Chair à patrons 

Le caractère de classe de cette politique est flagrant : pour les apprentis (en CAP) qui sont surexploités et dont les cours sont sabordés, 6000 euros par contrat et par an sont versés directement aux entreprises qui les embauchent ! En d’autres termes, l’argent public engraisse le patronat, pendant que les jeunes de la classe ouvrière voient leur éducation et leur formation réduites à peau de chagrin.

Et les conséquences ne sont pas seulement éducatives. Ces derniers mois, plusieurs adolescents et jeunes travailleurs, de 15 à 19 ans, ont trouvé la mort lors de stages ou d’apprentissages sur des chantiers et des exploitations agricoles. À ces décès tragiques s’ajoute une série d’accidents graves touchant de nombreux jeunes, de 15 à 25 ans, dans des secteurs variés. Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), les accidents du travail sont 2,5 fois plus fréquents chez les jeunes que chez les autres salariés. C’est la conséquence directe des coupes budgétaires : destruction de l’inspection et de la médecine du travail, détérioration de la formation des apprentis… Tout concourt à transformer ces jeunes en chair à patrons.

Même le rapport parlementaire est forcé de reconnaître, malgré lui, que ces réformes successives sont un échec et mettent les élèves en danger. La classe dirigeante est incapable d’assurer une formation digne à la jeunesse. Sous prétexte de leur apprendre un métier, elle envoie les jeunes sur les chantiers pour en faire une main-d’œuvre corvéable, au mépris de leur santé et de leur vie.

Le mouvement ouvrier doit revendiquer l’abrogation de ces réformes mortifères, mais aussi faire tout son possible pour organiser – et notamment syndiquer – ces jeunes travailleurs. Mais il faut aller plus loin : en dernière analyse, le capitalisme en crise ne peut offrir aux jeunes de la classe ouvrière que des diplômes au rabais, la surexploitation et la précarité. Seules la prise du pouvoir par la classe ouvrière et la transformation de la société sur des bases socialistes pourront offrir à la jeunesse une vie digne et une formation de qualité.

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