Le 10 septembre, à Lyon, nous avons rencontré trois soignantes, déléguées syndicales, sur le piquet de grève de l’Hôpital Edouard Herriot. Elles nous ont expliqué les raisons qui les ont poussées à participer à la mobilisation.
Raja (CGT) décrit notamment l’accélération des cadences et le sous-effectif chronique : « Trop peu d’infirmières et d’aide-soignantes, et beaucoup de médecins partent dans le privé pour éviter ces conditions de travail ! ». Elle pointe aussi le mépris de la direction envers les salariés : « Nous nous battons pour que le personnel de nuit ait droit à de vrais plateaux-repas, au lieu de sachets contenant un morceau de pain, un pot de pâté et une soupe lyophilisée… et pour qu’ils puissent disposer de transats pour se reposer. La réponse de la direction ? “Vous n’avez qu’à les acheter vous-mêmes !” ».
Frédérique (CGT) nous explique les conséquences concrètes du sous-effectif : « Parfois, on se retrouve seule pour faire une toilette complète : tourner le patient, changer les draps, nettoyer… C’est de la maltraitance. » Elle insiste également sur l’épuisement des internes : « Ils peuvent faire jusqu’à 90 heures par semaine. Chaque année, des internes se suicident. Une fois leur internat terminé, on leur propose des postes bien mieux payés dans le privé, trois jours par semaine. Résultat, ils s’en vont. » Elle rappelle aussi que le surmenage touche même les médecins : « Un chirurgien qui a opéré toute la nuit n’a pas toujours droit à un repos compensateur. Il revient opérer sans avoir dormi. Moi, je ne voudrais pas qu’on m’opère dans ces conditions ! »
Géraldine (FO), qui travaille à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, juste à côté d’Edouard Herriot, nous explique les coupes budgétaires qu’elle et ses collègues vont subir : « 51 postes d’infirmières et d’aide-soignantes vont être supprimés au 1er octobre, en plus des 200 lits fermés depuis 2020 ». Elle ajoute : « Nos salaires sont bloqués depuis 2010… la situation est intenable ».
Toutes insistent sur la nécessité de se battre et pointent la responsabilité des syndicats dans l’organisation de la lutte. Comme l’explique Frédérique : « Avec les gilets jaunes, nous avons appris qu’il faut une structure minimale pour organiser la mobilisation. Les organisations syndicales sont là pour ça. C’est notre rôle. » Géraldine tire aussi les leçons du mouvement des retraites : « Les journées saute-mouton épuisent sans rien obtenir. Ce qu’il faut, c’est une grève reconductible ! »