L a journée mondiale de l’hygiène menstruelle, le 28 mai, a été l’occasion d’un état des lieux de la question en France. La précarité menstruelle gagne du terrain depuis des années, sur fond de crise du capitalisme, de politiques d’austérité et d’attaques contre les services publics.

Selon une récente étude, en France, près d’une personne sur deux limite sa consommation de produits d’hygiène pour des raisons économiques. Cela s’applique bien sûr aux tampons ou aux serviettes hygiéniques, qui sont souvent gardés « plus longtemps que prévu » et parfois remplacés par du papier toilette – qui n’est en rien une protection adaptée. Les conséquences peuvent être graves (stress, irritations, mycoses, douleurs), voire même mortelles en cas de choc toxique staphylococcique causé par le port trop prolongé du même tampon.

Il s’agit d’un problème majeur de santé publique, qui s’aggrave rapidement : on estime aujourd’hui que 4 millions de personnes en France sont en situation de précarité menstruelle. C’est deux fois plus qu’en 2021. Cela représente un quart des 16 millions de personnes qui ont leurs règles en France (y compris de nombreux hommes trans) et près d’une jeune femme de 18 à 24 ans sur deux.

Pour juger de l’importance que les capitalistes accordent à cette question de santé publique, il suffit de noter que le gouvernement et le secteur privé allouent davantage de fonds à la recherche de traitements contre la calvitie qu’à celle concernant l’endométriose, une pathologie grave liée aux règles qui touche une femme sur dix.

Monopoles 

L’accès suffisant à des protections périodiques se heurte d’abord à leur prix : il faut compter entre 2 et 8 euros pour une boîte, et entre 1 et 2 boîtes par mois. On estime que, sur une vie, cela représente un budget d’environ 8000 euros, sans compter les dépenses « secondaires » liées à l’achat de médicaments antalgiques, le remplacement d’un vêtement taché, etc.

Ces prix élevés n’ont rien à voir avec les coûts de production très faibles des serviettes et des tampons. Le marché des produits d’hygiène menstruelle est dominé par une poignée de monopoles privés. Par exemple, Procter&Gamble possède les marques Always et Tampax, tandis que la société suisse Ruggli produit la quasi-totalité des machines à fabriquer des tampons.

Pour augmenter leurs marges de profit, ces monopoles vendent leurs produits à des prix exorbitants. Cela leur permet de faire des profits énormes : le marché mondial des produits d’hygiène menstruelle était évalué à 23 milliards de dollars en 2023 et devrait atteindre 37 milliards de dollars d’ici 2031.

Pour autant, la qualité des produits reste douteuse : en 2016, une étude de 60 Millions de consommateurs avait trouvé des résidus de substances toxiques dans près de la moitié des protections féminines jetables. En 2019, une nouvelle enquête avait à nouveau trouvé de nombreuses traces de toxiques – y compris des résidus de glyphosate – dans un grand nombre de serviettes et tampons. Il faut dire qu’en France, il n’existe aucune réglementation quant à la composition de ces produits, au contraire de ce qui existe pour les médicaments.

Austérité et précarité menstruelle 

Actuellement, le moyen le plus simple pour que les mineurs puissent recevoir des protections gratuites, c’est de s’adresser aux infirmières scolaires. Mais, en 2018, on dénombrait seulement une infirmière pour 1300 élèves ! Le constat est similaire du côté des CROUS, des services de santé universitaires, ou encore des services de Protection maternelle et infantile, qui distribuent eux aussi des protections menstruelles : les coupes budgétaires successives dans les services publics entravent drastiquement les actions de prévention et d’éducation à la santé.

Par-dessus le marché, tous ces services publics, mais aussi de nombreuses associations, souffrent d’un autre problème : le manque de protections périodiques pouvant être distribuées gratuitement. En 2024, le gouvernement n’a débloqué que 14 millions d’euros pour distribuer des protections périodiques, ce qui couvre les besoins annuels pour seulement 70 000 personnes environ. De son côté, le secteur privé a donné 5,75 millions de protections individuelles à des associations, alors qu’il en vend plus de 2,8 milliards chaque année !

Fin 2023, le gouvernement avait largement communiqué sur le fait qu’il venait d’adopter le remboursement des protections périodiques réutilisables pour les femmes de moins de 26 ans et les plus précaires. Cette mesure n’est toujours pas appliquée aujourd’hui. En mai, la ministre Aurore Bergé a reconnu qu’il s’agissait d’un « retard pas acceptable » et a promis que cela serait effectif « avant la fin de l’année »

Pour éliminer la précarité menstruelle, il faut financer massivement les services publics de prévention et de promotion de l’hygiène et de la santé, mais aussi rendre gratuites les protections périodiques pour qu’elles soient véritablement accessibles à tous. Ni le gouvernement, ni le secteur privé n’en sont capables. Au contraire, la classe dirigeante a bien trop d’intérêts dans ce juteux marché « plein d’avenir ». Seules l’expropriation de ces entreprises et leur intégration dans un monopole public de la santé et de la prévention pourront éliminer définitivement ce fléau de santé publique.



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