Des incursions de drones dans l’espace aérien européen ont récemment fait les gros titres de la presse. La Russie est pointée du doigt par les dirigeants occidentaux qui agitent la menace d’une « guerre hybride » en mer Baltique.

La mer Baltique est un carrefour commercial majeur et une région stratégique pour les puissances impérialistes. 3500 navires y naviguent chaque mois et 30 % du commerce maritime russe y transite. Elle abrite aussi un vaste réseau d’infrastructures importantes, comme des gazoducs, des câbles de fibre optique, et des lignes électriques sous-marines.

De nombreuses capitales européennes (Stockholm, Helsinki, Tallinn, et Riga) sont reliées à la mer Baltique. Elle permettrait par ailleurs de connecter les pays baltes et l’Europe si le « corridor de Suwalki » – un étroit couloir de 85 km de large à la frontière de la Lituanie et de la Pologne, entre l’enclave russe de Kaliningrad et la Biélorussie – devait être coupé.

L’OTAN a renforcé sa présence dans la région en 2004, lors de l’adhésion des pays baltes ; puis à nouveau en 2023 et 2024 avec celles de la Finlande et de la Suède. L’alliance atlantique mène chaque année des exercices militaires de grande ampleur dans les pays baltes. Certains commentateurs n’hésitent plus à qualifier la Baltique de « lac de l’OTAN ».

Un terrain d’affrontement impérialiste 

Au cours des derniers mois, les tensions dans la Baltique se sont intensifiées – en particulier autour de la « flotte fantôme russe ». Plusieurs centaines de navires, enregistrés dans des pays tiers mais contrôlés par la Russie, seraient utilisés pour exporter le pétrole russe en contournant les sanctions. Les Occidentaux accusent aussi ces navires de saboter des câbles sous-marins et de servir de plate-forme de lancement de drones.

Récemment, des drones non identifiés auraient été observés au Danemark et dans d’autres pays de la région. La Première ministre danoise a immédiatement accusé – sans présenter de preuves – la Russie d’être responsable de ce qu’elle a qualifié de « menace pour la sécurité de l’Europe ». Saisissant ce prétexte, l’armée française a ensuite arraisonné au large de Saint-Nazaire un pétrolier béninois, qu’elle accusait – là encore sans preuves – d’avoir servi de base aux hypothétiques drones russes qui auraient survolé le Danemark.

Les politiciens bourgeois européens présentent les pays baltes et scandinaves comme les victimes innocentes d’une agression russe. Nous assistons en réalité à un affrontement entre des impérialismes rivaux, pour le contrôle de cette région stratégique, dans laquelle les impérialistes européens ont d’énormes intérêts.

Le cas de la Suède est particulièrement éclairant. Après la chute de l’URSS, le rétablissement du capitalisme a ouvert de juteux marchés dans les pays baltes. L’impérialisme suédois a alors profité du vide laissé par une Russie affaiblie pour en prendre le contrôle. Avec l’aide de la Banque mondiale, les banques suédoises ont organisé la privatisation du secteur bancaire de ces pays. Sous couvert d’« aide au développement », l’institution étatique Swedfund a placé ses agents d’influence dans le secteur bancaire et les gouvernements. En 2019, l’impérialisme suédois contrôlait 65 % du marché bancaire en Estonie, 49 % en Lettonie et 59 % en Lituanie. Tout ceci a servi de porte d’entrée au capital suédois pour investir et prendre le contrôle d’autres secteurs de l’économie. Après la crise de 2008, pour protéger leurs profits, les banquiers suédois ont imposé un féroce régime austéritaire aux masses des pays baltes.

La lutte s’intensifie 

Aujourd’hui, la Suède s’inquiète de la concurrence de l’impérialisme russe. Celui-ci s’est considérablement renforcé et joue désormais un rôle mondial, notamment en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe de l’Est. La Russie y entre en concurrence avec les impérialistes européens. Les tentatives d’isoler la Russie sur la scène internationale ont échoué, et l’ont au contraire rapproché de la Chine, de l’Inde et de toute une série de pays.

Dans le même temps, les impérialistes européens sont en déclin. L’annonce par les Etats-Unis de leur volonté de se désengager de l’Europe n’arrange rien. Cela signifie que les classes dirigeantes européennes ne peuvent plus compter sur leur puissant allié pour servir de force de dissuasion économique et militaire contre la Russie. Elles ne savent plus comment défendre leurs marchés et leurs positions vacillantes sur la scène mondiale.

C’est ce qui explique l’hystérie actuelle autour de la « menace russe », qui sert de prétexte à la hausse des budgets militaires (+19 % entre 2023 et 2024 dans l’UE). La Suède cherche par exemple à renforcer sa puissance militaire au plus vite, pour pouvoir concurrencer la Russie dans la Baltique.

Derrière les discours sur les « valeurs européennes » et la « démocratie » se dissimule la lutte pour les sphères d’influence. Il s’agit de savoir qui, des capitalistes russes ou de leurs rivaux européens, pourra profiter des marchés et exploiter les travailleurs de la Baltique.

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