Comme chaque année, le principal syndicat étudiant, l’UNEF, réalise une enquête sur l’évolution du coût de la vie étudiante. Bilan : malgré les effets d’annonces du gouvernement, ce coût augmente, tandis que les revenus des étudiants baissent.
Depuis l’élection de Macron, les aides directes de l’Etat ont baissé de 40 euros par an et par étudiant, en moyenne, alors que le coût de la vie, lui, a augmenté de 10 % sur la même période.
Baisse des aides sociales, « quoi qu’il en coûte »
Les revenus des étudiants dépendent principalement de trois sources : le système d’aides sociales, les aides familiales et le salariat. Or, pour beaucoup d’étudiants, les deux premières sources sont insuffisantes, de sorte qu’un étudiant sur deux doit travailler pour financer ses études. Ces emplois sont souvent précaires : 52 % des 15 à 24 ans sont employés en CDD. Nombre de ces postes ont été supprimés pendant la crise sanitaire.
D’autant plus dépendants des aides familiales, les étudiants issus des familles les plus modestes pouvaient difficilement compter sur leurs proches, qui eux aussi subissaient la crise. Face à cette situation, l’Etat s’est contenté de jeter des miettes : quelques séances de psychothérapie, des repas du CROUS à un euro – et c’est tout. Ces mesures étaient scandaleusement insuffisantes, surtout comparées aux dizaines de milliards d’euros de subventions dont bénéficie le grand patronat.
Pire : en janvier 2021, le gouvernement a imposé une contre-réforme des aides au logement (APL). Elle prolongeait les réductions successives des droits aux APL que le gouvernement Macron avait déjà mis en œuvre. Or le coût des logements pèse lourdement sur le budget des étudiants : il représente plus de 60 % de leurs dépenses.
Faute d’un nombre suffisant de logements disponibles dans les cités universitaires, beaucoup d’étudiants sont contraints de se loger dans le parc privé, qui est plus cher. A peine 17 000 logements du CROUS ont été construits ces quatre dernières années, alors que l’enseignement supérieur accueille près de 100 000 étudiants supplémentaires depuis 2017. Mais encore une fois, aucune réponse sérieuse n’a été apportée par le gouvernement. Il a continué ses contre-réformes, en baissant de 41,2 millions d’euros les aides directes aux étudiants (APL, bourses, etc.).
La crise sanitaire
A tout ceci s’ajoutent les effets de la crise sanitaire – et de sa gestion catastrophique – sur la masse des étudiants. Depuis mars 2019, ils ont dû suivre la majeure partie de leurs cours « à distance », c’est-à-dire seuls devant leur ordinateur (quand ils en avaient un). En cette rentrée 2021, ceux qui passent en deuxième année n’ont quasiment jamais eu de cours en présentiel. Cette situation, lourde de conséquences sur la qualité des enseignements, renforce les inégalités entre ceux qui ont eu les moyens de suivre convenablement les cours de chez eux – et ceux qui ne les avaient pas. L’année dernière, un jeune sur six a arrêté ses études.
Enfin, selon un sondage mené par France Info, 80 % des 15-30 ans considèrent avoir « subi des préjudices importants » en raison de l’épidémie, que ce soit au niveau de leur pouvoir d’achat, de leur santé mentale ou de leurs « habitudes de vie ».
Perspectives
Ainsi, la crise sanitaire a exacerbé une situation déjà difficile pour la grande majorité des étudiants. Il faut garder à l’esprit que les statistiques publiées par l’UNEF ne sont que des moyennes, qui masquent de très importantes disparités entre étudiants. Une frange significative de la jeunesse étudiante est tombée dans une profonde précarité, comme en témoignent les associations qui distribuent gratuitement de la nourriture.
Tout ceci entraîne une radicalisation politique de très nombreux étudiants – et finira par s’exprimer, tôt ou tard, sous la forme de luttes massives, sur les campus universitaires. Pour que les luttes des étudiants soient victorieuses, elles devront être massives, précisément, et non pas limitées à une petite minorité active, comme ce fut trop souvent le cas ces dernières années. Ces luttes devront aussi se lier au mouvement ouvrier, car c’est ce lien que la classe dirigeante redoute par-dessus tout.
Les organisations du mouvement étudiant doivent présenter un programme d’action comprenant des mesures d’urgence, dont notamment :
- La revalorisation des bourses et l’extension du système boursier à un plus grand nombre d’étudiants.
- L’abrogation de Parcoursup’ et la gratuité de l’accès à l’université, qui doit être exclusivement financée par l’Etat.
- Un plan de construction de centaines de milliers de logements étudiants gérés par le CROUS, ce qui suppose de nationaliser les grandes entreprises du BTP et le système bancaire.
Face à ce genre de revendications, le patronat et le gouvernement s’étranglent : « Impossible ! La dette ! On coulerait ! ». Ces messieurs ne réagissent pas de la même façon quand il s’agit de remplir leurs propres poches. Le mouvement étudiant doit répondre clairement : ce n’est pas aux étudiants de payer la crise du capitalisme !