Le week-end dernier, les militants parisiens du PCR ont tenu leur Ecole révolutionnaire. Près de 100 personnes y ont participé, parmi lesquels près d’une trentaine de sympathisants. Des camarades sont venus de toute la région parisienne, mais également de Cherbourg, Caen, Lille, Bourges et Nantes. Deux camarades belges et deux camarades britanniques ont aussi fait le déplacement. C’est le plus grand événement jamais organisé par notre section parisienne !
Pendant deux jours, à Pantin, en banlieue parisienne, les participants ont échangé autour de cinq grands sujets d’une grande importance pour les révolutionnaires d’aujourd’hui.
L’école a débuté par une discussion animée par Charles Royer sur la question nationale et le programme des communistes pour la libération des nations et des minorités nationales opprimées. La question nationale est fréquemment détournée pour servir des intérêts impérialistes. En Ukraine, par exemple, les impérialistes occidentaux agissent sous couvert de la défense de la « souveraineté nationale de l’Ukraine ». Nous devons dénoncer leur hypocrisie. Nous défendons sans équivoque le droit à l’autodétermination des peuples – y compris jusqu’à l’indépendance. Mais en même temps, nous rejetons toute illusion nationaliste. En dernière analyse, seul un programme révolutionnaire peut permettre une véritable autodétermination pour tous les peuples. La discussion qui a suivi a notamment abordé la politique des bolcheviks vis-à-vis des peuples opprimés par la Russie tsariste et l’analyse de diverses questions nationales, dont la question basque. Notre camarade britannique a aussi expliqué pourquoi l’indépendance gagnait du terrain en Ecosse, et comment nos camarades écossais intervenaient dans ce contexte.
Ensuite, le camarade Vincent J. a introduit la session « Vers un nouveau printemps arabe ? ». Après être revenu sur les leçons du magnifique Printemps arabe de 2011, il a expliqué que, loin de s’être améliorée depuis, la situation des masses au Moyen-Orient et au Maghreb s’est profondément aggravée. Dans cette région en proie à l’impérialisme, la guerre et la misère, tous les éléments sont réunis pour une nouvelle explosion révolutionnaire. Cela rend d’autant plus nécessaire la construction d’une organisation communiste révolutionnaire, qui pourra être active dans toute la région. Seule une Fédération socialiste du Moyen-Orient, basée sur la coopération de tous ses peuples, permettra de le sortir de cette terrible situation. Après l’exposé, la discussion s’est naturellement élargie à la question palestinienne ainsi qu’aux perspectives du « confédéralisme démocratique » kurde au Rojava, par exemple.
La troisième et dernière session de cette première journée, introduite par Jules Legendre, portait sur l’impérialisme. Lénine le définissait comme le « stade suprême du capitalisme » : les racines de ce phénomène sont avant tout économiques. Depuis la fin du XIXe siècle, la « libre concurrence » des premiers temps du capitalisme a cédé la place à d’immenses monopoles qui dominent l’économie mondiale. Face à la saturation de leur marché national, les puissances impérialistes doivent exporter marchandises et capitaux, et se livrer une guerre sans merci pour les ressources, les marchés et les zones d’influence. Mais le développement des forces productives engendré par le capitalisme a aussi préparé le terrain pour son dépassement : le communisme – à condition que les travailleurs prennent le pouvoir à l’échelle mondiale.
La journée s’est conclue par une grande collecte, à laquelle ont aussi contribué les sympathisants : plus de 12 000 euros ont été récoltés pour financer notre parti. Un excellent lancement pour notre collecte nationale, qui vise les 40 000 euros. Cet enthousiasme est le reflet de la confiance de nos camarades dans les idées révolutionnaires du marxisme, qui ont été au cœur de l’école. Autre succès financier : les frais d’organisation de l’école (2500 euros) ont été couverts par les inscriptions – et un bénéfice a même été réalisé, notamment grâce à la vente de littérature marxiste (presque 700 €).
Le dimanche matin s’est ouvert par une session intitulée « Marxisme vs. postmodernisme », introduite par un exposé de Guillaume Eudeline. La philosophie du marxisme est le matérialisme dialectique. Elle repose sur les progrès cumulés de la science et de la philosophie depuis l’aube de l’humanité. À l’inverse, la philosophie postmoderne – représentée par Foucault, Deleuze, Guattari, Derrida, etc. – est foncièrement subjectiviste et idéaliste ; elle nie tout progrès dans l’histoire, rejette la science et la possibilité de comprendre le monde de manière objective. En politique, elle est à l’origine de l’« intersectionnalité ». Plutôt que d’unifier la classe ouvrière et toutes les couches opprimées dans un combat commun, l’intersectionnalité la divise à l’infini selon le genre, la « race », l’orientation sexuelle, etc. Ces idées se sont infiltrées dans le mouvement ouvrier et y agissent comme un véritable poison. Comme l’a expliqué Guillaume, le matérialisme dialectique permet au contraire de comprendre les racines matérielles des oppressions (racisme, sexisme, etc.) et affirme que seuls le renversement du capitalisme et l’avènement d’une société communiste permettront d’y mettre définitivement fin. Cela suppose de mener dès maintenant une lutte commune contre le capitalisme et contre toutes les formes d’oppressions qu’il entretient.
La dernière session, animée par Gabriel V., abordait un autre adversaire du marxisme : le stalinisme. La prise de pouvoir par Staline fut le fruit de la dégénérescence bureaucratique de la révolution russe, dans un contexte de reflux de la révolution mondiale et d’extrême arriération économique et culturelle de la Russie. Une fois arrivée au pouvoir, la bureaucratie stalinienne a tout fait pour défendre ses privilèges et parvenir à établir une sorte de « coexistence pacifique » avec les impérialistes, y compris en sabotant les révolutions chinoise (1925-1927) et espagnole (1936-1937). Comme l’avait analysé Léon Trotsky dans La Révolution trahie (1936), sans renversement de la bureaucratie soviétique par la classe ouvrière, le rétablissement du capitalisme en URSS devenait inévitable. Durant son exposé, mais aussi durant ses remarques finales, Gabriel a montré en quoi le stalinisme s’opposait radicalement au programme révolutionnaire du marxisme.
Tout au long du week-end, les discussions se sont distinguées par un très haut niveau politique. Le succès de cette école témoigne de la qualité croissante de notre section parisienne. À la suite de ces échanges, plusieurs sympathisants ont fait le choix de rejoindre nos rangs.
Merci à tous les participants ! Les vidéos des introductions seront bientôt disponibles sur notre chaîne YouTube et notre podcast. Et si vous le pouvez, ne manquez pas l’Ecole Rhône-Alpes le 19 avril à Villeurbanne – elle promet d’être tout aussi réussie !