L e 5 juin, les dockers de Fos-sur-Mer ont refusé de charger trois conteneurs de pièces détachées d’armement destinées au port israélien de Haïfa. Les pièces détachées en question provenaient de l’entreprise Eurolinks, basée à Marseille, et de la société Aubert & Duval, implantée à Firminy (Loire).
Livraisons d’armes françaises
Pourtant, le gouvernement français a affirmé, à plusieurs reprises et sans ciller, que la France ne livrait pas d’armes à Israël. Un rapport publié le 10 juin dernier par une coalition d’ONG contredit ces déclarations : depuis octobre 2023, plus de 15 millions de munitions diverses (bombes, grenades, missiles, cartouches…) pour une valeur de plus de 7 millions d’euros, ainsi que 1868 pièces détachées de lance-roquettes, artillerie, fusils, etc., représentant plus de 2 millions d’euros, auraient été exportés vers Israël.
Comme nous l’avons souvent souligné dans les pages de ce journal, la classe dirigeante française est totalement complice du génocide des Gazaouis. Non seulement elle proclame le « droit d’Israël à se défendre » – c’est-à-dire en réalité à massacrer et opprimer les Palestiniens – et réprime le mouvement de solidarité avec la Palestine, mais elle autorise également l’envoi de pièces détachées pour la machine de guerre sioniste – qui sont utilisées pour bombarder Gaza, mais aussi le Liban, la Syrie, le Yémen et l’Iran.
Les dockers de Fos
Dans ce contexte, la prise de position de la CGT des dockers de Fos-sur-Mer montre la voie à suivre : « Nous le répétons encore et encore : les dockers et portuaires du Golfe de Fos ne participeront pas au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien. Nous sommes pour la paix entre les peuples. Nous sommes opposés à toutes les guerres. »
Le bateau est reparti vide en direction de Gênes, où il devait faire escale avant de se rendre à Salerne, puis à Haïfa. Prévenus par leurs collègues français, les dockers italiens du Collectif autonome des travailleurs portuaires (CALP) ont organisé, le 6 juin, un rassemblement à l’entrée du port et se sont assurés qu’aucune arme ne soit chargée à bord.
Le même jour, les délégués du 43e Congrès fédéral de la CGT Métallurgie ont adopté une motion de soutien aux dockers de Fos-sur-Mer. Elle appelle « l’ensemble de ses syndicats et structures à soutenir activement, par tous les moyens qu’ils jugeront utiles, la démarche engagée par les dockers de Fos-sur-Mer. » Et de conclure : « C’est par nos actions et mobilisations concrètes que nous obtiendrons l’arrêt des bombardements, l’arrêt du génocide à Gaza. »
Le 14 juin, les syndicats SUD Aérien, CGT 93, CGT Roissy et FO Air France ont à leur tour appelé au blocage du transport d’armes depuis l’aéroport de Roissy-CDG. Une cargaison en provenance de Malmö, en Suède, devait y transiter par fret aérien, à destination de Tel-Aviv. Les syndicats appellent les travailleurs à refuser son chargement, ainsi que toute livraison d’armes vers Israël.
Mobilisation internationale
Depuis le début du génocide, d’autres actions ont été menées au niveau international. Le 3 novembre 2023, le port d’Oakland, en Californie, a été bloqué par des centaines de manifestants pour empêcher le départ d’un navire chargé d’armes à destination d’Israël.
En février, en Suède, le syndicat des dockers a voté le blocage des livraisons à destination d’Israël. À la suite de cette décision, le principal dirigeant du syndicat a été licencié, ce qui a déclenché une mobilisation pour exiger sa réintégration.
Le 20 avril, à Tanger, grand port du nord du Maroc, 1500 personnes ont manifesté contre l’arrivée d’un navire affrété par le géant danois Maersk, qui était soupçonné de transporter des pièces d’avions de combat vers Israël. Les dockers ont refusé de charger ce bateau.
Début juin, au Canada, La Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick a adopté une résolution appelant ses 35 000 membres à refuser de participer à la manutention des cargaisons d’armes destinées à Israël.
Des syndicats de dockers et de travailleurs du transport en Belgique, Inde, Espagne et Italie ont eux aussi bloqué des expéditions d’armes vers Israël.
Généraliser les blocages
Ces actions concrètes sont des exemples à suivre : la classe ouvrière a la capacité d’enrayer la machine de guerre sioniste. Pourtant, trop souvent, les initiatives de syndicats locaux ou de fédérations opposées au génocide des Gazaouis restent isolées, sans aucun soutien actif de la part des directions des principales confédérations syndicales.
Plutôt que d’en appeler à des gouvernements complices du génocide ou à un « droit international » hypocrite et impuissant, les directions de la CGT, de la France insoumise et, plus largement, celles du mouvement ouvrier international, devraient se tourner vers la classe ouvrière. En s’appuyant sur l’élan de solidarité qui s’exprime déjà massivement, notamment parmi la jeunesse, elles doivent organiser, coordonner et étendre les blocages dans tous les secteurs et toutes les entreprises liées, de près ou de loin, à la machine de guerre israélienne.