J’en appelle aux intellectuels et aux travailleurs de la Mauritanie pour que s’ouvre un véritable débat sur l’avenir du pays et sur les moyens d’en finir une fois pour toute avec la dictature en place.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, la Mauritanie est un pays constitutionnellement Arabe et Islamique. C’est aussi un pays à consistance ethnologique très diversifiée et complexe. On projette de l’arabiser à outrance, de le "dénégrifier" et de "l’esclavagiser". Ce projet est incarné depuis des années par un homme, un médiocre militaire de formation, le colonel Taya. Si le ridicule tuait, la Mauritanie en serait morte depuis longtemps, car chez nous, la médiocrité est honorée !
Parlons des ressources du pays. Il possède l’une des côtes les plus poissonneuses du monde, notre cher poisson que les foyers pauvres de Gazra, de Kebbas et de Médina voudraient bien voir un jour dans leurs assiettes, mais qui se trouvent, par le génie de transactions financières douteuses, dans les assiettes des français, des britanniques, des russes ou encore des chinois !
Notre fer, que l’on brade depuis des années, à la France en particulier, continue de faire la joie des usagers du métro et du RER en Île-de-France, et le malheur des mineurs de Zoueiriatt, qui perçoivent des salaires insignifiants (moins de 500F par mois) et qui tombent malades à cause des poussières qu’ils inhalent.
Notre immense désert est une ressource de grande beauté, mais il cache les déchets nucléaires de l’État d’Israël (ennemi de l’État mauritanien d’hier, ami d’aujourd’hui), hypothéquant ainsi la descendance déjà pauvre d’une population qui vit dans la souffrance.
Notre pays dispose de bien d’autres ressources, "naturelles" dans les mœurs du régime en place, à savoir la torture, le racisme, l’esclavage, le tribalisme, le mensonge officiel. La démocratie, la justice, la liberté d’opinion n’existent pas.
Une seule chaîne de télévision et une seule radio distillent insidieusement et méthodiquement des niaiseries qui ne poussent ni à la réflexion, ni au débat. Ces outils d’information devraient au contraire nous aider à nous poser des questions sur nous-mêmes et sur notre monde. Mais le pouvoir veut créer une nouvelle espèce, que l’on pourrait nommer homo mauritanicus, crétinisée à outrance.
La Mauritanie est une grande prison de 1 029 000 km², mais une prison dorée pour 5% de la population qui se partage les 95% des ressources du pays et qui continue de détourner chaque jour les "aides au développement" que les bailleurs de fonds veulent bien accorder à une Mauritanie agonisante.
Les grandes puissances occidentales, dont la France, continuent allègrement d’octroyer crédits et crédibilité au régime dictatorial, de conforter par tous les moyens son pouvoir. Sur le plan international, le malheur de notre pays réside dans le fait qu’il ne constitue pas un marché suffisamment intéressant pour les multinationales. Ses 2500000 habitants ne consomment pas grand chose. Ils sont pauvres et n’ont pas les moyens d’acheter de l’essence de chez Elf, les pneus Michelin ou un ordinateur multimédia Microsoft. Partant de ce constat, les puissances occidentales préfèrent maintenir la dictature en place, et que "l’ordre" continue de régner et de protéger leurs intérêts.
A la manière de Zola, "j’accuse". J’accuse le régime mauritanien d’ôter au peuple tout espoir de vie et toute ambition pour l’avenir. J’accuse le régime de haïr son peuple, de vol, de détournement de fonds, de détournement d’esprits, de lavage de cerveaux, de pillage des ressources naturelles et humaines, de non-assistance à peuple en danger, de crimes contre l’humanité, d’exploiter les "nationalismes" (noir et arabe), de ségrégation raciale, de tentative d’homicide volontaire à l’encontre des générations futures.
Nous ne devons plus accepter que nos seuls choix soient la mort ou la survie. Le peuple mauritanien mérite mieux que ce qu’on lui propose. Nous avons le droit de vivre notre vie, de vivre notre indépendance d’esprit, de vivre notre liberté et nos différences.
Je finirais ce réquisitoire en faisant appel à ce peuple que j’aime par dessus tout. Lève-toi, je t’en conjure ! Ne vois tu pas ce qu’ils sont en train de faire de toi ? Ne vois tu pas ton dos saignant ? Ne vois tu pas ces tombes de "citoyens inconnus" ?
Je le dis et le répète, nous méritons mieux que tout cela, nous le méritons d’autant plus que nous avons longtemps souffert de la dictature.