Le 25 septembre dernier, une AG réunissait plus de 200 étudiants de l’université de Ryerson, à Toronto, pour discuter de la mobilisation contre la politique du gouverneur de l’Ontario, Doug Ford (extrême droite). Ce dernier s’est attaqué à tout ce qui permettait aux jeunes issus de la classe ouvrière d’accéder aux universités. Le système des bourses a été supprimé pour les étudiants les plus pauvres, tout comme la « période de grâce » qui permet de suspendre le remboursement des dettes étudiantes pendant six mois après l’obtention du diplôme. Le budget des universités a été réduit de près de 600 millions de dollars canadiens (plus de 415 millions d’euros). C’est une offensive majeure contre l’éducation supérieure dans l’Ontario.
Convoquée par nos camarades de Fightback, la section canadienne de la TMI, l’AG du 25 septembre a voté à l’unanimité (moins une voix) pour la préparation d’une grève étudiante de 24 heures, le 6 novembre, à Ryerson.
Au regard des traditions de lutte et des AG massives des étudiants, en France, le résultat de nos camarades canadiens peut sembler modeste. Mais précisément, le Canada anglophone n’a pas les mêmes traditions ; il n’a pas connu de véritable AG étudiante depuis des décennies. C’est donc un très bon résultat.
Par ailleurs, conscients des limites d’une AG de 200 et quelques étudiants, nos camarades n’ont pas proposé de voter la grève immédiate – et encore moins de bloquer la fac. Ils ont proposé de consacrer six semaines à préparer un jour de grève. Voilà une excellente méthode dont beaucoup de militants, sur les facs de France, feraient bien de s’inspirer.
Mobilisation patiente
En amont de l’AG, nos camarades ont constitué, sur le campus de la fac, un « Comité de mobilisation » auquel ont participé des militants de différentes associations, ainsi que la Fédération syndicale des travailleurs de l’Ontario. Des semaines durant, ce Comité a informé les étudiants de la tenue de l’AG et de son ordre du jour. Des enseignants ont activement soutenu l’initiative. Certains étaient d’ailleurs présents, lors de l’AG, et se sont engagés à ne pas sanctionner les étudiants grévistes, le 6 novembre.
L’AG a discuté dans le détail de l’impact des contre-réformes sur les conditions de vie et d’études dans l’Ontario, mais aussi de la stratégie à adopter pour les combattre. Les débats et interventions étaient d’autant plus enthousiastes que Doug Ford est un politicien archi-réactionnaire, raciste et détesté par la masse des étudiants.
Deux idées fondamentales ont été formulées. Premièrement, il est nécessaire de mobiliser d’autres universités canadiennes, car Ryerson n’est pas la seule impactée par les contre-réformes. La seule « spécificité » de Ryerson, au fond, c’est la présence de quelques dizaines de militants déterminés à organiser la lutte. Un appel a donc été lancé et des initiatives ont été prises pour tenter d’engager la mobilisation sur d’autres universités.
Deuxièmement, nos camarades ont insisté sur la nécessité de lier cette lutte au mouvement ouvrier, qui est lui aussi victime de la politique réactionnaire de Doug Ford. L’unité du mouvement étudiant et du mouvement ouvrier sera, comme toujours, la clé du succès.