S’il y avait une façon plus simple de se battre pour leurs droits, les travailleurs de la Fédération Indonésienne des travailleurs de l’union des métaux (FSPMI) l’auraient probablement mise en oeuvre.

Les travailleurs sont maintenant en grève depuis plus de quatre mois ; ils ont campé pendant trois jours devant le Département du Travail et de l’Immigration et ses bureaux régionaux ; ils ont harcelé le ministre du travail Muhaimin Iskandar pendant sa visite à une entreprise du groupe Toshiba à Bekasi en lui demandant d’honorer sa promesse de protéger les droits des travailleurs ; ils ont mené des actions de protestation en solidarité contre l’office régional des relations industrielles dans l’Ouest de Java ; et ils ont mis en place un campement à l’entrée de l’usine PT. Kanefusa Indonesia.

PT. Kanefusa Indonesia, qui se trouve dans la Zone Industrielle de l’Est de Jakarta (EJIP) à Bekasi est une usine possédée par un groupe japonais qui emploie environ 500 travailleurs, et fabrique des couteaux et des lames pour l’industrie. Le siège de l’entreprise est au Japon et elle a plusieurs filiales dans la région ainsi qu’aux Etats-Unis (voir http://www.kanefusa.net/). Il s’agit d’une grande entreprise avec des atouts considérables. Mais dans un monde capitaliste, cela n’a rien à voir avec le bien-être des travailleurs.

La lutte à démarré tôt dans l’année lorsque les travailleurs ont interpellé les gestionnaires de l’entreprise mère au sujet du statut de l’entreprise. Les travailleurs ont mis en cause le statut de l’entreprise, qui est enregistrée au Département de l’Industrie et du Commerce comme une entreprise de Secteur 2. Ils ont demandé à ce que son statut passe de la catégorie 2 (production de couteaux et autres ustensiles tranchants pour l’usage domestique) à la catégorie 1 (production de couteaux et de lames pour l’industrie), puisque c’est ce que l’entreprise produit depuis le début. En cas de succès, ce changement conduirait à une augmentation de salaire de 30.000 RP (+/- 3 dollars) par rapport au salaire actuel (autour de 115 dollars par mois).

L’entreprise a refusé cette revendication et à insisté pour maintenir le statu quo, même si l’office régional du travail de Bekasi a depuis confirmé que l’entreprise devait passer en catégorie 1, et a reconnu que les inspections n’avaient pas été rigoureuses. Il est très important pour les travailleurs de gagner cette bataille parce que la manipulation du statut de l’entreprise a une influence sur les salaires, la couverture sanitaire et les autres droits sociaux (qui sont violés depuis des années), sans parler de la manoeuvre fiscale au détriment de l’Etat. Ce genre de tactique est utilisé par de nombreuses entreprises en Indonésie mais les lois existantes ne peuvent rien y faire.

C’est le facteur déclenchant qui, après des mois de négotiations bipartites et tripartites ardues (de janvier au début de juin 2010), a conduit les travailleurs sur le chemin de la grève depuis le 17 juin. L’entreprise a accusé les travailleurs de mener une grève illégale et certains des dirigeants de la FSPMI ont été dénoncés à la police. L’entreprise a aussi recruté de nouveaux contractuels et licencié 166 travailleurs impliqués dans la grève. Ces actions violent l’article 143 du de la loi pour le travail No 13/2003, l’article 144 parce que l’entreprise a remplacé des travailleurs en grève et la loi numéro 22/2000 sur le droit de grève. Les manoeuvres d’intimidation et de désinformation vis-à-vis des travailleurs en grève et de leurs dirigeants et aussi une forme de sape du syndicat dans la mesure où l’entreprise entretient de bonnes relations avec les dirigeants d’un autre syndicat complaisant vis à vis de la direction, l’Union de Tous les Travailleurs Indonésiens (SPSI).

A la fin du mois d’octobre, 500 travailleurs du FSPMI et du Front des Métaux - l’unité d’avant-garde qui organise d’ordinaire le travail de solidarité - ont fait le siège du bureaux du Centre des Relations Industrielles à Bandung, dans l’Ouest de Java, après que le juge a proposé encore une médiation. C’était une réelle supercherie parce que plusieurs médiations ont déjà avorté. La tribunal lui-même n’est pas légitime parce qu’il n’a pas fait respecter les précédents accords.

La décision n’est pourtant pas surprenante, étant donné que la plupart des travailleurs perdent leur procès au tribunal industriel, où les pauvres gens finissent en prison à la place des grands patrons. On ne peut compter sur aucune institution gouvernementale depuis que le ministre du Travail et de l’Immigration Iskandar a été effrayé et a réagi abusivement en demandant à la police de disperser les travailleurs qui stationnaient depuis trois jours devant les bureaux du Département du Travail en demandant son départ du cabinet en réponse à son incapacité à tenir sa promesse envers les travailleurs pour obliger l’entreprise à leur donner leur dû.

Les piquets de grève restent devant l’usine, même si elle continue à fonctionner en utilisant des travailleurs nouvellement recrutés par l’entremise de la direction opportuniste du SPSI. Même si les travailleurs en grève sont à cours de fonds, grâce à la solidarité et à l’esprit de combattivité ils continuent à se battre. La prochaine étape de la lutte consistera à continuer à consolider le blocage de l’usine dans le voisinage industriel, parce qu’une défaite des travailleurs de Kanefusa serait un précédent de mauvais augure pour les autres travailleurs qui sont confrontés à des situations similaires, ou le seront bientôt. Une campagne politique est aussi en discussion pour organiser des actions dans la résidence privée de Iskandar et même dans la maison du Président Susilo Bambang Yudhoyono. Les travailleurs envisagent aussi d’intenter un procès à l’entreprise pour manipulation de statut et fraude fiscale.

Pendant ce temps, pour renforcer l’esprit de résistance, la direction de la FSPMI accompagnée d’environ 70 travailleurs de la FSPMI à Bekasi participe à des sessions hebdomadaires de formation à l’économie politique, organisées indépendamment par les travailleurs radicalisés de Garda Metal à Bekasi. La FSPMI compte environ 40 000 membres à Bekasi et 200 000 dans toute l’Indonésie. Ce genre de formation est destiné à coordonner la lutte économique et les revendications politiques des travailleurs pour leur faire comprendre pourquoi ils doivent mener une lutte sans concessions contre ce système pro-capitaliste, et s’organiser contre la minorité de capitalistes qui prend les décisions économiques dans ce pays.

Merci de manifester votre solidarité sous la forme de déclarations, d’actions de solidarité (en particulier au Japon ou dans d’autres pays où il y a des entreprises du groupe Kanefusa) et de faire pression au niveau politique. Vous pouvez aussi envoyer des messages de solidarité aux travailleurs en grève.

Pour toute information complémentaire sur la grève et la campagne politique en cours, merci de prendre contact avec :
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Votre soutien et votre solidarité permettront aux travailleurs de la FSPMI de continuer la lutte et de gagner !

Zely Ariane, formateur bénévole sur les questions politiques et économiques chez les travailleurs du FSPMI à Bekasi, Ouest de Java, Indonésie

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