Le Danemark bat des records en matière de corruption et de blanchiment d’argent. Pendant près de dix ans, la Danske Bank (DB), principale banque du pays, a blanchi près de 1500 milliards de couronnes danoises (60 % du PIB du pays) – en prenant bien sûr sa part, au passage. Le gros de cet argent sale provenait de la mafia et de l’oligarchie russes.
Tout commence en 2007 avec l’achat par la DB de la Finnish Sampo Bank. A l’époque, la Banque Centrale russe a informé la DB que des transactions suspectes de plusieurs millions de roubles passaient par cette banque, chaque mois. La DB s’est alors contentée d’une rapide « enquête interne ».
« Rien à signaler »
D’année en année, les transactions suspectes ont atteint des proportions colossales, sans que ni la DB, ni le gouvernement danois réagissent. Un des employés de la DB, Howard Wilkinson, avait pourtant alerté directement sa direction et la police. Mais le ministre du Commerce a préféré dénoncer le « harcèlement » dont le système bancaire était l’objet...
En septembre 2018, le scandale éclate, révélant l’ampleur des gains illégaux réalisés par la banque : près de 1,5 milliard de couronnes (près de 200 millions d’euros). Mais la direction de la DB proclame son innocence. Le seul responsable mis en cause a même eu droit à une prime de départ de 13 millions de couronnes.
Les autorités danoises n’ont pas cherché à interroger le lanceur d’alerte Wilkinson. Celui-ci a pourtant déclaré que la DB avait menti sur plusieurs points – sans pouvoir préciser lesquels à cause de la « clause de confidentialité » de son contrat de travail.
Corruption et capitalisme
Cette affaire tranche avec l’image de « paradis social » qu’on prête au Danemark. La classe dirigeante répand l’illusion que la loi est la même pour tous. Mais en réalité, sous le capitalisme, l’Etat et les grandes entreprises se protègent mutuellement. Ainsi, d’anciens cadres dirigeants de la DB ont été intégrés à l’organe officiel censé surveiller, entre autres, les activités de... la DB. Comme le disait le philosophe grec Anacharsis : « la loi est comme une toile d’araignée : les petits s’y font prendre et les grands la déchirent ».
Les travailleurs n’ont rien à attendre de la « justice » que se rendent les spéculateurs. Pour que nous n’ayons plus à payer leurs orgies bancaires, l’ensemble du secteur financier doit être nationalisé et mis au service de la société.