Assistantes sociales de Seine-et-Marne en grève

Le 13 février, les assistantes sociales en milieu scolaire de Seine-et-Marne étaient en grève à l’appel de la CGT et de la FSU, pour dénoncer un manque criant d’effectifs. Depuis 2016, de nouveaux collèges et lycées ont ouvert leurs portes dans le département, alors qu’un seul poste supplémentaire d’assistante sociale a été créé. Actuellement, seulement 59 assistantes sociales et 8 conseillers techniques doivent assurer les besoins de 132 collèges, 44 lycées généraux et technologiques, ainsi que 8 lycées professionnels. Nous nous sommes entretenus avec Elisa, assistante sociale et gréviste. 

Le redéploiement : la fausse solution de la DSDEN

Le 25 janvier dernier, la Direction des services départementaux de l’Education nationale (DSDEN) de Seine-et-Marne a annoncé la mise en place d’un plan de redéploiement des assistantes sociales sur l’ensemble du département. L’objectif est de couvrir les collèges et lycées actuellement dépourvus de ces services. Mais comme l’explique Elisa : « redéployer, c’est diluer notre efficacité, c’est mettre des familles en difficulté et laisser des enfants en danger ».

En effet, les assistantes sociales interviennent déjà dans deux établissements, parfois sans pouvoir s’y rendre physiquement, limitant ainsi leur présence à un simple « accès théorique » pour les élèves ; ces derniers doivent alors prendre rendez-vous bien en avance pour espérer leur parler. Ces difficultés seront décuplées par le plan de la DSDEN qui prévoit désormais de les répartir sur trois établissements. Concrètement, cela signifie qu’au lieu de suivre 1300 à 1400 élèves en moyenne, une seule assistante sociale devra en prendre en charge entre 1700 et 1800 – voire jusqu’à 2500 dans les zones les plus denses du département. A eux seuls, ces chiffres révèlent l’absurdité de la situation :

« Le redéploiement des assistantes sociales sur les collèges et lycées de Seine-et-Marne ne permettra plus un travail de même qualité sur nos établissements actuels. Nous ne pourrons plus participer aux actions de prévention et être disponibles pour les élèves et leurs familles comme c’était le cas jusqu’à présent. Nous risquons de ne plus pouvoir passer suffisamment de temps dans un établissement pour être bien repérées par les équipes éducatives et la vie scolaire, qui ne nous solliciteront plus, ou peu. Les situations compliquées vont se dégrader, notamment la protection de l’enfance. La charge de travail supplémentaire retombera sur les autres professionnels, comme les infirmières, les CPE, les professeurs et la direction, car aucun accompagnement ou soutien à la parentalité n’aura pu être mis en place en amont. Diluer notre temps de présence ne réglera donc pas le problème des établissements non couverts, car nous ne serons plus efficaces nulle part… »

Contre l’austérité, mobilisation !

Face à cette situation, la seule solution viable est la création massive de nouveaux postes. Or, la DSDEN de Seine-et-Marne a fermement exclu cette possibilité, malgré les demandes répétées des assistantes sociales. Le nouveau budget du gouvernement n’inclut aucune amélioration notable pour l’éducation nationale et prévoit même la suppression de 2000 postes de professeurs. La classe dirigeante impose des politiques d’austérité de plus en plus drastiques, impactant directement les travailleurs de l’éducation nationale et les élèves – en particulier les plus défavorisés. Elle compte, en parallèle, sur l’engagement des professeurs, des assistants d’éducation, des assistantes sociales et de tous les agents pour tenter de combler, sans compensation, les lacunes du système. 

La seule façon d’obtenir plus d’effectifs et de meilleures conditions de travail, c’est une grève massive et reconductible de l’ensemble du personnel de l’éducation nationale, qui sont tous frappés par un manque cruel de moyens. Cette grève devra s’étendre aux travailleurs d’autres secteurs de l’économie, qui subissent de plein fouet les conséquences du capitalisme en crise. Les directions politiques et syndicales du mouvement ouvrier devraient jeter toutes leurs forces dans l’organisation d’une telle mobilisation, qui se fait chaque jour de plus en plus urgente.