Salariés en grève ID-Logistics

ID Logistics est une entreprise française qui gère la chaîne logistique d’enseignes de la grande distribution. Sa forte croissance en 2024 a rapporté de juteux profits à ses actionnaires. Cependant, cette vitalité a un prix qui est payé, comme d’habitude, par les travailleurs.

En septembre dernier, suite au non-renouvellement d’un contrat de sous-traitance avec Amazon, les 47 salariés de son entrepôt marseillais ont appris que la direction comptait les licencier pour « faute grave ». La direction s’appuie sur la « clause de mobilité » de ses contrats de travail, qui inclut la possibilité d’être muté à une échelle régionale, et le refus de mutation des salariés. D’après la direction, cela reviendrait à un abandon de poste. Les salariés n’auraient donc pas le droit aux indemnités de licenciement et au chômage.

Le 14 octobre dernier, les employés de l’entrepôt marseillais ont voté pour la grève reconductible. Selon Fayçal Chafai, secrétaire général CGT de ID Logistics PACA, la lutte visait à obtenir « des conditions décentes de départ pour les salariés ». Au bout d’un mois et 5 jours de grève, la direction du groupe n’a cédé sur rien et la grève a pris fin. La CGT laisse aujourd’hui au conseil des prud’hommes le soin de décider si un refus de mutation constitue une faute grave. Dans les faits, cela revient à accepter le plan de licenciement.

Un « modèle » pour le monde des affaires

Eric Hémar, le PDG-fondateur et actionnaire majoritaire de l’entreprise ID Logistics, a récemment déclaré que « toutes les zones géographiques – 400 sites dans 18 pays – contribuent à cette bonne performance de l’entreprise [18,5 % de progression] ». Aux Etats-Unis, où sont réalisées 18 % des ventes, la croissance de l’activité atteint les 48,6 %. En Amérique latine, qui représente 8 % du chiffre d’affaires, la croissance atteint 31,7 %. Le PDG souligne aussi « un net rebond de l’activité en France », qui représente 26 % des ventes. Résultat : sa fortune personnelle s’élève aujourd’hui à 1,3 milliard d’euros, avec une augmentation de 500 millions rien que pour l’année 2024.

La direction du groupe qualifie sa croissance de « record ». Dans les pages du Figaro, le 12 novembre dernier, on pouvait apprécier le point de vue de la bourgeoisie sur la valeur boursière de l’entreprise : « la croissance en France a atteint 6,1 % au 3e trimestre. C’est une bonne nouvelle, et la perte d’un contrat pour le compte d’Amazon, plutôt médiatisée, ne remet pas en cause la tendance […] Des contrats ont été lancés avec Galeries Lafayette, AB InBev, Carrefour, ou Intermarché. Mais c’est évidemment l’international qui était et reste “le cœur du réacteur” d’ID Logistics, qui transpose hors de France un modèle efficace. En août, vous avez pu prendre sur nos conseils de solides profits partiels sur ID Logistics à 450 euros. Il nous semble temps d’y revenir : renforcez. »

Derrière ces résultats alléchants pour les actionnaires et les spéculateurs boursiers se cachent les conditions de travail déplorables des salariés d’ID Logistics. La préparation des colis commence dès 3h30 du matin. Sur les sites, il n’y a pas de chauffage en hiver, pas de climatisation en été, des infiltrations d’eau et du matériel défectueux. Les tendinites sont monnaie courante à cause du port de charges lourdes. Les primes sont conditionnées à des objectifs de service souvent inatteignables.

Nationaliser la logistique et la grande distribution

Durant leur grève reconductible, les salariés de l’entrepôt marseillais ont montré leur détermination à lutter pour vivre décemment. Leur grève a subi une défaite car elle est restée isolée. Même si la grève est finie, leur lutte continue et a toujours besoin de notre aide. Nous appelons à participer à leur caisse de solidarité qui est toujours ouverte.

Mais nous devons aussi en tirer des leçons : pour résister à l’avalanche actuelle de plans sociaux, le mouvement ouvrier – et en premier lieu la CGT – ne peut pas se limiter à réclamer de meilleures conditions de licenciement. Il faut lutter contre les licenciements, qu’ils soient indemnisés ou non. Dans le cas d’ID Logistics, il faut organiser une vaste campagne visant à étendre la grève aux autres sites de l’entreprise et à leurs milliers de salariés, qui sont tout aussi exploités et qui pourraient, demain, être licenciés à leur tour.

A l’annonce des premiers plans sociaux, l’aile gauche de la CGT, « Unité CGT », expliquait : « il faut nationaliser les grands groupes industriels, des donneurs d’ordre aux sous-traitants ». C’est tout à fait exact ! Dans le cadre d’une crise générale du capitalisme, il est impossible de défendre durablement les emplois, sans les arracher au contrôle des actionnaires et du marché. Il faut nationaliser ID Logistics et ses clients (Amazon, Auchan, etc.), sous le contrôle démocratique de leurs salariés. Un tel mot d’ordre, diffusé à une échelle de masse, aurait un impact énorme sur la combativité de l’ensemble de la classe ouvrière !

Participer à la caisse de solidarité !