Le 13 février dernier, une réunion publique contre l’austérité s’est tenue à la Bourse du Travail de Toulouse. À cette occasion, les bibliothécaires de la ville sont intervenus pour exposer les raisons de leur mobilisation, entamée le 5 décembre, contre des coupes budgétaires et des suppressions de postes. Depuis, ils multiplient les actions : grèves ponctuelles, rassemblements et débrayages d’autres secteurs frappés par les politiques d’austérité. Leur mouvement a pris de l’ampleur, touchant notamment les centres culturels et le CHU de Rangueil. Nous avons rencontré plusieurs grévistes, qui nous ont expliqué les raisons de leur lutte.
Jean-Luc Moudenc « à l’avant-garde »
Le budget adopté par le gouvernement prévoit 2,2 milliards d’euros de coupes dans les finances des collectivités. Mais certains élus n’ont pas attendu le passage en force du 49.3 pour appliquer l’austérité à l’échelle locale ; c’est notamment le cas de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse (LR). Comme l’explique un bibliothécaire, gréviste et militant à la CGT :
« Jean-Luc Moudenc est à l’avant-garde. Il a déjà mis en place les coupes budgétaires avec une baisse des budgets de fonctionnement, de l’équipement et des postes menacés, notamment parmi les travailleurs contractuels. C’est un total de 10 000 postes de contractuels menacés partout en France. À l’échelle de la Haute-Garonne, 500 postes parmi les contractuels du département ont été supprimés et les coupes s’élèvent à 20 millions pour la mairie et 45 millions pour la métropole »
Les bibliothécaires n’échappent pas aux politiques d’austérité. La mairie impose quinze suppressions de postes de contractuels, ainsi qu’une baisse d’effectifs de 7 % parmi les titulaires, dès cette année, via le non-renouvellement des départs à la retraite. Ces attaques accentuent la pression sur les travailleurs déjà en sous-effectif : ils peinent à assurer leurs missions de service public, qu’il s’agisse de l’accueil des usagers, de l’information ou de la gestion des fonds. Les coupes budgétaires multiplieront les difficultés. Suite à ces annonces, les bibliothécaires ont commencé la lutte.
« Étendre la lutte »
Les revendications des bibliothécaires sont les suivantes : « non aux suppressions de postes, embauche et titularisation des contractuels, aucune baisse de budget ». Évidemment, elles ne sont pas entendues par la mairie, qui maintient son cap : l’austérité budgétaire à tout prix. Les grévistes que nous avons rencontrés nous expliquent : « ça n’a pas été suffisant de mobiliser au sein des bibliothèques, il faut étendre la lutte à l’ensemble de la ville et créer un front large contre l’austérité ».
Depuis leur assemblée générale du 9 janvier, ils ont construit des liens avec d’autres secteurs mobilisés, eux aussi touchés par les coupes de Moudenc. Cette perspective s’est matérialisée le 4 février, dans un rassemblement devant le siège de Toulouse métropole. Il a réuni, notamment, des grévistes des centres culturels et du CHU de Rangueil. C’est un pas en avant, mais il faut aller plus loin.
La seule façon de gagner, c’est la grève reconductible ; et comme l’ont bien compris les bibliothécaires, il faut l’étendre à un maximum de secteurs. Cependant, il ne faut pas en limiter la portée à la ville de Toulouse. Par exemple, le département de l’Hérault, dirigé par les socialistes, prévoit de supprimer les six millions d’euros de subventions à la culture. Au niveau national, les coupes budgétaires tombent comme un couperet sur de nombreux secteurs. La bourgeoisie française a objectivement besoin de mettre en place ces politiques d’austérité, pour redresser la compétitivité de ses grandes entreprises et tenter de réduire le poids de la dette publique. Elle ne fera aucune concession sauf si elle est menacée de tout perdre. La responsabilité de mobiliser des millions de travailleurs face aux politiques d’austérité incombe aux directions nationales du mouvement ouvrier, de la CGT et de la FI en premier lieu. Elles devraient préparer un vaste mouvement de grèves reconductibles dans un nombre croissant de secteurs de l’économie. Une telle mobilisation mettrait à l’ordre du jour le renversement du gouvernement, et de Macron lui-même.