Le 3 avril 2024, un militant du Parti Communiste Révolutionnaire (PCR) – qu’ici nous nommerons X – a été accusé de « violences sexuelles » par des dirigeants de la Fédération Syndicale Etudiante (FSE) de la faculté d’Aix-Marseille. Une dirigeante nationale de la FSE a soutenu cette très grave accusation. Notre camarade X la rejetait catégoriquement (et maintient ce rejet), mais n’a pas eu la possibilité de s’en défendre : il a été exclu sur-le-champ de la FSE, dont il était un adhérent actif depuis la rentrée de septembre 2023.
Le même jour (3 avril 2024), la direction nationale du PCR – qui à l’époque s’appelait Révolution – a reçu l’email suivant de la part de la FSE d’Aix :
« Bonjour,
Nous vous informons que nous avons purger un de nos militant pour violences sexuelles, X, dont nous savons qu’il milite chez vous à Aix-Marseille.
Suite à une semaine d’enquête nous avons pu recueillir le témoignage direct de la victime et des différent.e.s témoins.
Les accusations sont accablantes : un “rapport sexuel forcé” (sous pression) et des tentatives répétées d’agressions sexuelles.
Nous l’avons exclus de notre cadre syndical et nos militants se sont engagé.e.s à ne plus avoir de contact avec lui.
Nous estimons qu’il est dangereux pour le milieu militant donc nous vous invitons à le tenir à l’écart de votre activité.
Bonne continuation dans la lutte,
Camaradement,
La FSE Aix »
Le 10 avril, la direction nationale du PCR (Révolution) a répondu à la FSE d’Aix par le mail suivant :
« Bonjour,
Nous avons bien reçu votre courrier. De telles accusations sont évidemment très graves et nous les prenons très au sérieux. Si elles sont fondées, X sera immédiatement exclu de nos rangs.
Précisément pour cette raison, nous avons besoin de connaître les éléments concrets, factuels, qui appuient ces accusations. Peut-on connaître l’identité de la personne que X aurait sexuellement agressée, de façon à ce que nous puissions, si possible, recueillir son témoignage ? Par ailleurs, de quoi les “différent.e.s témoins” que vous évoquez témoignent-ils, précisément ?
Fraternellement,
Révolution. »
La FSE d’Aix n’a jamais répondu à nos questions[1], pas même à celle concernant l’identité de la « victime » présumée. Cependant, notre camarade X savait de qui il s’agissait : une jeune femme avec laquelle il avait passé la nuit du 25 au 26 janvier 2024. Nous avons donc sollicité le témoignage de cette femme.
Non seulement elle a accepté de témoigner, mais elle a écrit ceci à X : « Salut, j’espère que tu vas bien, même avec la situation. Je veux que tu saches que je n’ai jamais prononcé les mots viols ou agression aux personnes qui m’ont contactée. (…) J’ai dit que nous avions tous deux consenti cette nuit-là. J’ai reçu un appel [d’une amie] le lendemain me disant que des gens disaient que tu avais agressé/violé quelqu’un. J’étais choquée car je ne porterai jamais ces accusations contre toi. (…) Je te jure que je n’ai pas dit ces choses horribles, c’est pour ça que je vais t’écrire le message que tu me demandes. »
Dans le message en question, elle écrit à propos de la nuit du 25 au 26 janvier 2024 : « Nous avons tous les deux dit oui. Nous avons tous deux consenti. C’est arrivé et nous ne nous sommes plus revus après ça. X n’a rien fait de mal et nous avons tous deux consenti à ce qui s’est passé cette nuit-là. »
Voilà où en étaient les choses à la fin du mois d’avril 2024. D’une part, la FSE d’Aix n’avait pas daigné répondre à nos questions élémentaires. D’autre part, les accusations portées par la FSE d’Aix étaient catégoriquement rejetées non seulement par notre camarade, mais aussi et surtout par la « victime » elle-même, qui se disait « choquée » par ces accusations. D’après ce même témoignage, qui révélait qu’elle avait été « contactée » – en fait, instrumentalisée – par des membres de la FSE d’Aix, l’identité de la « victime » était confirmée. L’affaire nous semblait très claire : les dirigeants de la FSE d’Aix, appuyés par une dirigeante nationale de cette organisation, avaient exclu notre camarade sur la base d’accusations calomnieuses. Ce qu’ils lui reprochaient vraiment, ce n’était pas de s’être livrés à des « violences sexuelles », mais d’avoir adhéré à Révolution.
Nous aurions pu insister auprès de la FSE d’Aix pour qu’elle retire ses accusations. Au lieu de cela, nous avons supposé que, face aux protestations de la « victime », les dirigeants de la FSE d’Aix renonceraient d’eux-mêmes à leurs accusations.
La suite a montré que, sur ce dernier point, nous nous trompions. Sans répondre à nos questions, sans apporter le moindre élément concret pour appuyer leurs accusations, et en dépit de ce qu’en disait la « victime » elle-même, les dirigeants de la FSE d’Aix ont mené une campagne de plus en plus bruyante, au fil des mois, contre notre camarade et contre le PCR en général. Ils ont communiqué leurs accusations à toutes les organisations de la gauche étudiante de la fac d’Aix-Marseille. En novembre dernier, lors d’un rassemblement contre les violences sexuelles et sexistes à Marseille, ils ont publiquement dénoncé la présence du PCR et ont exigé que nos camarades quittent les lieux sur-le-champ. Sur la faculté d’Aix-Marseille, ils racontent à qui veut l’entendre que X est un « violeur » protégé par le PCR.
Le 3 février dernier, lors d’une diffusion de notre journal sur la fac d’Aix-Marseille, une militante a interrompu une discussion entre X et une étudiante – pour demander à celle-ci : « est-ce que tu sais que tu parles à un violeur ? ». Le même jour, des individus se présentant comme des militants de la FSE d’Aix ont interpellé nos camarades pour les menacer d’une campagne publique et systématique si le PCR ne renonçait pas à toute activité sur la fac d’Aix-Marseille. Au passage, ces militants de la FSE d’Aix nous ont reproché d’avoir mené notre propre « enquête », c’est-à-dire d’avoir recueilli le témoignage de la « victime » (cité ci-dessus). Selon eux, nous aurions dû nous contenter de leurs accusations, sans rien connaître de leur « enquête » – et, sur cette seule base, exclure notre camarade du PCR !
Suite à ces menaces, nous avons de nouveau demandé à la FSE d’Aix, par écrit, qu’elle nous fournisse des éléments factuels à l’appui de leurs très graves accusations. Sans surprise, nous n’avons reçu aucune réponse. C’est conforme à la logique de la FSE d’Aix : nous aurions seulement le droit de nous taire et d’exclure notre camarade.
Le PCR prend très au sérieux la question des violences sexuelles. Il est hors de question de tolérer dans nos rangs des individus coupables de telles violences. Comme nous l’avons écrit dans notre premier mail à la FSE d’Aix, le 10 avril 2024 : « De telles accusations sont évidemment très graves et nous les prenons très au sérieux. Si elles sont fondées, X sera immédiatement exclu de nos rangs. » Mais les « méthodes » de la FSE d’Aix – qui, hélas, ont cours dans une partie de la gauche française et internationale – sont absolument inacceptables. Ces méthodes ouvrent la voie à tous les règlements de compte politiques sur la base d’accusations mensongères. Chaque organisation pourrait accuser de violences sexuelles un militant d’une autre organisation, moyennant quoi celle-ci n’aurait d’autre choix que de procéder à l’exclusion du militant en question, sans avoir le droit de réclamer des preuves ou de chercher à établir les faits. Si la gauche et le mouvement ouvrier acceptaient et généralisaient ces « méthodes » de la FSE d’Aix, cela aboutirait à la situation suivante : la confrontation des idées entre organisations de gauche serait remplacée par une multiplication d’accusations mensongères. Au passage, ce serait très dommageable à la lutte contre les violences sexuelles, car les accusations fondées seraient noyées dans une masse d’accusations infondées et mensongères. Plus personne ne croirait plus personne – au détriment de la parole des authentiques victimes.
Le PCR n’est pas naïf. Nous savons très bien que des dirigeants de la FSE sont politiquement hostiles à nos idées marxistes. Lorsque le camarade X a adhéré à notre organisation, en octobre 2023, cela n’a pas du tout plu à un certain nombre de dirigeants de la FSE, y compris la dirigeante nationale qui « suivait » la FSE d’Aix. Elle l’a clairement fait savoir à notre camarade. Ce dernier n’ayant pas l’intention de renoncer à son engagement dans notre parti, la FSE d’Aix a décidé de s’en débarrasser au moyen d’accusations calomnieuses, puis d’attaquer notre parti sur la même base. C’est totalement inacceptable, et le PCR n’a pas la moindre intention de céder face à la campagne et aux menaces de la FSE d’Aix.
Encore une fois, si les dirigeants de la FSE d’Aix ont des éléments concrets à faire valoir à l’appui de leurs très graves accusations (que rejette catégoriquement la « victime » elle-même), nous exigeons qu’ils nous les communiquent. Nous les confronterons sérieusement – dans l’intérêt de la lutte contre les violences sexuelles et du PCR lui-même – aux éléments de notre « enquête », que cela plaise ou non à la FSE d’Aix. En attendant, nous exigeons que cesse immédiatement cette campagne calomnieuse de la FSE d’Aix contre le PCR et l’un de ses camarades. Nous demandons aussi à la direction nationale de la FSE d’intervenir auprès de ses camarades d’Aix pour qu’ils cessent leur campagne calomnieuse. C’est indigne des meilleures traditions de la gauche et du mouvement ouvrier, dont la FSE affirme se réclamer. Enfin, nous communiquons le présent article à toutes les organisations de gauche de la fac d’Aix-Marseille, y compris les syndicats ouvriers.
Pour conclure, nous tenons à répéter la chose suivante : si la gauche et le mouvement ouvrier toléraient les « méthodes » de la FSE d’Aix, cela nuirait beaucoup à la lutte contre les violences sexuelles. Cela nuirait aussi beaucoup au débat démocratique et fraternel entre les différentes organisations de gauche. Ce débat doit se développer sur le plan des idées. Le PCR n’impose ses idées à personne. Des dirigeants de la FSE ont parfaitement le droit d’être hostiles, politiquement, à nos idées et à notre programme marxistes. Mais dans ce cas, au lieu de se lancer dans une campagne irresponsable et calomnieuse, ils doivent expliquer publiquement en quoi nos idées sont nuisibles à la lutte des jeunes et des travailleurs contre le système capitaliste et ses fléaux sans nombre. Nous nous ferons un devoir de leur répondre publiquement et politiquement.
Le Parti Communiste Révolutionnaire
[1] Nous avons la preuve matérielle que ce mail a été reçu et ouvert par la FSE d’Aix, qui a donc délibérément choisi de ne pas y répondre.