Le 25 avril, Aboubakar Cissé, un jeune malien de 22 ans, a été sauvagement assassiné de 40 à 50 coups de couteau par un islamophobe, alors qu’il priait dans sa mosquée, à La Grand-Combe (Gard).

Après la diffusion de la vidéo du meurtre, filmée par l’assassin lui-même et révélant son caractère islamophobe, le gouvernement y est allé de toute son hypocrisie. François Bayrou a dénoncé une « ignominie islamophobe ». Bruno Retailleau, dont toute la politique consiste essentiellement en une croisade contre les musulmans et les immigrés, a exprimé sa « solidarité à la communauté musulmane ». Gérald Darmanin, rival de Retailleau dans cette même croisade, a déclaré que cet assassinat « blesse le cœur de tous les croyants, de tous les musulmans de France ». Enfin, Emmanuel Macron a porté l’hypocrisie à son comble : « Le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France. »

Ces larmes de crocodile doivent être fermement dénoncées par l’ensemble du mouvement ouvrier. Le « racisme et la haine en raison de la religion » – musulmane, en l’occurrence – sont délibérément attisés par la classe dirigeante française, afin de détourner l’attention des vrais responsables de la crise économique, du chômage et de la régression sociale. Chaque jour, sur les plateaux de télévision et dans les colonnes des journaux, politiciens et éditorialistes réactionnaires crachent leur venin contre les musulmans et les immigrés – qu’ils s’efforcent d’amalgamer à la délinquance et au crime organisé.

Le racisme et l’islamophobie constituent aujourd’hui l’un des derniers piliers sur lesquels repose le capitalisme français. Plus les institutions sont discréditées, plus la crise de régime s’aggrave, plus les représentants de la bourgeoisie redoublent d’efforts pour faire des immigrés et des musulmans des boucs émissaires. Le meurtre d’Aboubakar Cissé en est l’une des conséquences les plus barbares.

Cette campagne réactionnaire passe par des polémiques absurdes sur le port du voile dans le sport ou les tenues vestimentaires des jeunes filles musulmanes à l’école, par des accusations grotesques allant jusqu’à imputer la pénurie d’œufs aux musulmans ou la prolifération de punaises de lit aux immigrés, ainsi que par l’adoption de lois racistes, comme la loi immigration de 2023 – surnommée « loi Darmanin-Le Pen ».

Cette campagne consiste aussi dans l’instrumentalisation des guerres impérialistes et la criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine. Ceux qui refusent de rester les bras croisés face au génocide des Gazaouis sont traités de « terroristes », « d’islamistes » ou « d’antisémites », avant d’être réprimés et poursuivis par la justice.

C’est un concert de propagande auquel participe l’ensemble de la société officielle – et pas seulement la droite ou l’extrême droite. Même à « gauche », certains s’adaptent à leur manière à cette campagne raciste, à l’image d’un François Ruffin qui, en 2019, avait préféré aller « jouer au foot » plutôt que de participer à la grande marche contre l’islamophobie, ou d’un Fabien Roussel, favorable à l’interdiction des abayas à l’école et du voile dans le sport.

Le dimanche 27 avril, des milliers de personnes se sont rassemblées place de la République, à Paris, pour participer à une « marche contre l’islamophobie ». L’horreur et l’indignation suscitées par ce meurtre islamophobe dépassent largement les rangs de ce rassemblement : elles touchent des millions de jeunes et de travailleurs dans tout le pays.

Face à la propagande islamophobe et raciste orchestrée par la bourgeoisie, le mouvement ouvrier doit réagir avec fermeté. Les directions politiques et syndicales – à commencer par celles de la France insoumise et la CGT – doivent dénoncer cette propagande en l’exposant pour ce qu’elle est : une tentative de division et de diversion. Elles doivent leur opposer l’unité inconditionnelle de notre classe, au-delà des confessions, des origines ou des nationalités.

Dans le même temps, il faut mobiliser l’ensemble du mouvement ouvrier contre les agressions racistes dont sont quotidiennement victimes les musulmans. Aucune illusion ne doit être entretenue à l’égard de la police et de la justice bourgeoises, qui participent elles-mêmes à cette oppression.

Enfin, elles doivent mobiliser massivement les jeunes et les travailleurs contre le système capitaliste. Pour lutter contre les préjugés racistes qui traversent une partie de la classe ouvrière, les discours « humanistes » abstraits sont totalement impuissants. Il faut défendre un programme radical qui montre concrètement la voie d’une lutte commune permettant d’en finir avec les licenciements, les politiques d’austérité et la précarité.

La base matérielle sur laquelle la bourgeoisie construit sa propagande raciste et islamophobe, c’est la pénurie réelle de logements décents, d’emplois dignes et de services publics de qualité. La lutte contre le racisme et l’islamophobie est inséparable de la lutte pour la nationalisation des grands leviers de l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs. Elle est inséparable de la lutte pour le socialisme.